Le dernier mot reviendra au peuple, par le biais du suffrage universel Le 4 juillet est la date idéale, mais il n'est pas dit qu'une autre ne soit pas proposée par l'opposition dans le cadre d'un dialogue constructif, à l'abri d'un Etat, non dénué de ses institutions. Le 8e vendredi de mobilisation populaire a confirmé la pression qu'exerce la rue sur la classe politique nationale. On aura compris à travers les slogans, l'ampleur des manifestations et la détermination très évidente des Algériens, que le pays n'est pas au bout de ses peines. Le vide institutionnel provoqué par la démission de l'ex-président de la République n'est pas près d'être comblé au moyen du plan déroulé par le chef de l'Etat intérimaire. Abdelkader Bensalah n'a rien fait d'autre que d'appliquer scrupuleusement la réglementation en vigueur, allant jusqu'à compter, au jour près, le délai que lui accorde la Constitution pour mener à bien sa délicate mission. Le 4 juillet prochain est donc une date strictement constitutionnelle et n'obéît à aucune autre logique. Mais ce souci à coller scrupuleusement à la Loi fondamentale du pays, même s'il ne résout pas totalement l'équation algérienne de l'heure, n'en installe pas moins le pays dans une sorte de stabilité, dont il a grandement besoin en ces temps d'inquiétant vide institutionnel. Même décrié par des millions d'Algériens, dès lors que son nom a été évoqué comme l'intérimaire de Bouteflika, Abdelkader Bensalah assure l'essentiel, à savoir la représentation de l'Etat en attendant de trouver une issue rapide à la crise. Et dans la «panoplie» des gestes qu'il est appelé à accomplir, la convocation du corps électoral en est l'un des plus importants. C'est le sens même de l'article 102 de la Constitution qui, à défaut peut-être de constituer la réponse à la crise, passe pour être une assise à même d'éviter l'effritement de l'Etat, en l'absence d'une alternative sérieuse. A ce propos justement, l'instance collégiale d'organisation de la présidentielle, qu'il a proposée à l'ensemble des acteurs de la scène politique et de la société civile, peut faire office d'une «perche» qu'il tend à l'opposition. Bensalah qui a laissé sa proposition «ouverte» a enjoint les acteurs politiques et associatifs à faire montre d'«esprit innovant». Faut-il y voir un appel à imaginer «n'importe quel plan» de sortie de crise, même sans les 3 «B»? En tout cas, le président de l'Etat qui semblait tout aussi disposé à trouver une issue à l'impasse institutionnelle pourrait ne pas se formaliser avec l'article 102, si au final, les choses entreraient dans l'ordre dans un délai raisonnable. Le 4 juillet est en ce sens, la date idéale, mais il n'est pas dit qu'une autre ne soit pas proposée par l'opposition dans le cadre d'un dialogue constructif, à l'abri d'un Etat, non dénué de ses institutions. Le silence des partis de l'opposition et, notamment ceux signataires d'une feuille de route censée organiser la transition, appelle à s'interroger sur l'effet qu'aurait peut-être fait la proposition de Bensalah d'un côté et le discours ferme de Ahmed Gaïd Salah d'un autre côté. Les deux responsables de deux institutions centrales dans l'architecture de l'Etat ont dit à peu près la même chose, à savoir qu'un retour rapide à la légalité constitutionnelle est l'unique garantie contre un délitement de la situation et, partant le recours à des mesures exceptionnelles. Les partis de l'opposition qui ont été invités directement ou indirectement à «imaginer» quelques «libertés raisonnables» avec la Constitution, au bénéfice d'un consensus sérieux autour de la nécessité d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel, ont certainement pris conscience de la nécessité de prendre enfin les rennes de la situation et cessé d'écouter «bêtement» une opinion publique qui, de radicalisation en radicalisation peut mener le pays à un point de non-retour. A un moment de la mobilisation, il faut que les élites sociales, intellectuels et politiques reprennent l'initiative et proposent un véritable plan. Le président de l'Etat semble leur en offrir la possibilité et le chef d'état-major a tracé la ligne rouge qu'il ne faut pas franchir. Allons-nous, la semaine prochaine, entrer dans la phase véritablement politiques où la question à poser ne sera pas d'effacer un tel ou un autre, mais d'imaginer un parcours politique à même de mettre l'ensemble des acteurs d'accord sur une seule stratégie de sortie de crise. Le dernier mot reviendra au peuple, par le biais du suffrage universel.