Un accord mis à mal par Trump Téhéran menace également de renoncer à d'autres engagements si les états, parties prenantes de l'accord, n'apportent pas une solution, dans un délai de 60 jours, aux conséquences néfastes des sanctions américaines qui mettent en danger ses secteurs pétrolier et bancaire. L'Iran a annoncé hier sa décision de ne plus appliquer «certains» de «ses engagements» pris dans le cadre de l'accord international sur son programme nucléaire de 2015. Cette annonce intervenait en réponse à la dénonciation unilatérale, il y a un an jour pour jour, de ce pacte par Washington et elle traduit l'impatience conjuguée au dépit des dirigeants iraniens vis-à-vis des partenaires européens auxquels le MAE Mohammad Javad Zarif a reproché, non sans véhémence, de n'avoir «rempli aucune de leurs obligations». Exceptées la Chine et la Russie, «les membres restants de l'accord n'ont rempli aucune de leurs obligations» depuis le retrait américain, a-t-il dénoncé lors des entretiens, à Moscou, avec son homologue russe Sergueï Lavrov, visant ainsi l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Téhéran est d'autant plus dos au mur que le récent durcissement des sanctions américaines a été perçu comme une volonté de lui imposer une guerre larvée, afin de mettre le pays à genoux et ce, conformément aux attentes du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, très écouté à Washington par le clan Trump. Netanyahu a, hier encore, proclamé qu'Israël ne «permettra jamais à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire», anticipant la déclaration de Téhéran et adressant un nouveau message à Donald Trump, pour monter d'un cran dans la stratégie d'étranglement de l'économie iranienne. Pris dans l'étau des sanctions graduelles, l'Iran n'a eu d'autre choix que d'en appeler aux autres signataires de l'accord, notamment les puissances européennes, qui ont promis de trouver une échappatoire, mais n'ont pas paru pressées d'y parvenir. Dès lors, Téhéran menace également de renoncer à d'autres engagements si ces états, parties prenantes de l'accord, n'apportent pas une solution, dans un délai de 60 jours, aux conséquences néfastes des sanctions américaines qui mettent en danger, tout particulièrement, les secteurs pétrolier et bancaire. Il faut dire que les états-Unis ont mis la pression maximale sur un Iran considéré comme «leur» ennemi majeur dans la région du Proche Orient, du fait même qu'il constitue, selon Netanyahu, une «grave menace pour Israël». Le secrétaire d'état, Mike Pompeo, lors de sa visite surprise à la base américaine en Irak, où se trouvent toujours plus de 5000 GI's et officiers, a allumé le feu en déclarant que Téhéran s'apprête à des «attaques imminentes» contre les forces armées des Etats-Unis! Des propos et des mesures qui ne font qu'alourdir le climat de tensions dans la région, malgré les dénégations de la Maison-Blanche qui ne cesse d'affirmer qu'elle n'a d'autre objectif que de contraindre l'Iran, par le biais des sanctions et d'elles seules, afin de protéger ses alliés israélien et saoudien au Moyen-Orient. C'est dans ce contexte où les signaux d'alarme sont à la fois multiples et stridents que l'Iran, mis au pied du mur sur le plan économique, a décidé, hier, de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi, revenant ainsi sur l'engagement pris dans l'accord conclu à Vienne en juillet 2015. Un accord qui avait limité de manière drastique son programme nucléaire, sans parvenir à satisfaire l'état hébreu qui trouvera un an plus tard, avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison- Blanche, l'opportunité majeure pour prendre à la gorge son ennemi déclaré. Pour les dirigeants iraniens, dont le président Rohani, il s'agit d'une décision conforme à l'accord de Vienne qui stipule que les parties signataires sont en droit de suspendre leurs engagements pour tout manquement constaté. Téhéran a notifié sa décision, la veille, aux ambassadeurs des pays encore liés par l'accord, à savoir la Russie, la Chine, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Il y a lieu de rappeler que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier sur le terrain l'application par l'Iran de l'accord nucléaire de 2015, a toujours attesté que Téhéran respectait totalement ses engagements.