Devant l'impératif de réduire la facture d'importation des composants et kits, on risque d'augmenter celle des produits finis. La levée de l'interdiction d'importer des véhicules d'occasion, réduction de la facture annuelle d'importation des kits CKD/SKD destinés au montage des voitures touristiques, et des kits destinés à la fabrication des produits électroménagers, électroniques et téléphones mobiles sont les deux grandes lignes de l'ordre du jour du Conseil du gouvernement, présidé par Noureddine Bedoui, mercredi dernier. Pour ce faire, les ministres des Finances et du Commerce, ont été chargés de trouver, et de proposer les mécanismes qui permettraient le retour à l'importation des véhicules de moins de trois ans. A ce titre, il faut savoir que la facture d'importation des kits destinés aux montages automobiles a explosé en 2018, pour atteindre les 2,38 milliards de dollars sur les dix premiers mois de 2018 contre 1,27 milliard de dollars sur la même période en 2017, avait révélé le Centre national des transmissions et du système d'information des douanes (Cntsid). Réclamée, depuis des années, par les consommateurs, et les experts, cette solution s'apparente comme une réponse immédiate aux besoins des consommateurs, et un moyen rapide de renflouer les caisses de l'Etat, à travers les différentes taxes qui seront engendrées par cette solution. Et ce en plus du fait, que l'importation sera aux frais du particulier, qui supportera seul, les coûts et le financement. Pour les plus pessimistes, cette solution, serait la plus judicieuse pour l'économie nationale, et pour le secteur de l'industrie automobile, du fait qu'ils considèrent, que le volume de production actuel, est encore loin d'atteindre et de satisfaire les attentes des sous-traitants et des monteurs. Ils considèrent, que c'est un marché qui a connu ses limites, et ne peut apporter de plus-value pour le secteur. En somme, à travers cette option, le gouvernement revient à la valorisation d'arguments financiers, dont l'efficacité ne peut avoir court que dans une conjoncture d'urgence, comme cela est le cas actuellement. Car, au moment où d'énormes efforts sont consentis pour atteindre un degré d'intégration correcte, et que l'ensemble des concessionnaires a été sommé par les pouvoirs publics de se convertir à la production, le gouvernement, d'un revers de la main, balaye cette stratégie qu'il a farouchement défendue et imposée, et prône le retour à la satisfaction des bourses moyennes, au détriment d'une vision économique à moyen et long terme, basée sur la création d'emploi et de richesses. Dans ce sens, il est indéniable, que d'une part, effectivement, cette solution stopperait l'hémorragie de l'importation, à laquelle le pays ne peut plus faire face. Mais d'autre part, l'impact de cette décision, sur les capacités de production des usines de montage, de véhicules ou de fabrication des produits électroménagers, électroniques et téléphones mobiles, ne peut être que néfaste. En l'absence de composants, les productions des usines de montage baisseront de plus de la moitié, et pas conséquent, un autre besoin se fera sentir, celui de satisfaire la demande. Autrement dit, devant l'impératif de réduire la facture d'importation des composants et kits, on risque d'augmenter celle des produits finis. Un autre marché juteux, que les loups de l'import/export, et les lobbys du conteneur ne manqueront certainement pas de saisir.