Autant on mise sur son essoufflement, autant la mobilisation est supérieure. Le mouvement populaire a pu franchir une autre épreuve ardue. Il a fait entendre sa voix durant ce vendredi, tout en donnant une véritable leçon à ses adversaires. Il est difficile de ne pas souscrire à cette constatation quand on voit la grande détermination infaillible des millions d'Algériens à faire aboutir leur principale revendication: l'ouverture d'une vraie transition démocratique. Quoi qu'ils fassent, la ferveur, la détermination et la mobilisation des manifestants restent intactes. Autant le pouvoir mise sur son essoufflement, autant la mobilisation des Algériens est supérieure. Dans ces conditions, c'est la feuille de route du pouvoir qui tombe à l'eau. Tous les observateurs s'accordent à dire qu'il est pratiquement impossible de maintenir le calendrier électoral à échéances fixées. L'élection présidentielle du 4 juillet prochain devrait être soit reportée, soit annulée car l'administration et la classe politique ne sont pas prêtes. Le vide constitutionnel et institutionnel qu'on ressort comme «alibi», ne constitue pas un obstacle, puisque la solution à l'impasse éminemment actuelle est tributaire d'une volonté politique, indiquent nombre d'observateurs. Les manifestants, qui ont bravé le jeûne et la chaleur ont clairement réitéré leur rejet de cette élection qui sera organisée par les symboles et les hommes-clés du régime. L'entêtement à maintenir le conformisme juridique à travers l'application stricte de l'article 102 de la Constitution est perçu par la révolution en marche comme une manoeuvre pour sauver le système. Cela est d'autant plus vrai qu'aucune condition exigible pour la tenue d'une présidentielle, ouverte, libre et transparente n'a été réunie. Le départ des «B» restants, en l'occurrence Noureddine Bedoui et Abdelkader Bensalah, très contestés par la population, est très attendue en cette phase cruciale du mouvement. Il est à noter que les Algériens se sont mobilisés en masse en ce douzième vendredi malgré les fortes chaleurs et le Ramadhan pour réclamer essentiellement le changement du régime. Des manifestations pacifiques ont eu lieu à travers plusieurs villes du pays (Alger, Oran, Constantine, Sétif, Annaba, Tlemcen, Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Bouira, Batna, Saïda, Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Chlef, Aïn Defla, Aïn Témouchent, Tiaret, Jijel, Mascara, Mila, Médéa, Khenchela, Tlemcen....). Dans le sud du pays, à l'image de la ville de Béchar, des manifestations ont été organisées après la rupture du jeûne, en raison des grandes chaleurs qui sévissent dans la journée. Remarquablement, les manifestants ont exprimé, ce vendredi, leur refus de voir s'installer en Algérie un pouvoir militaire.