La rue ne cède pas. Malgré la chaleur et le jeûne, qui n'incitaient pas vraiment à sortir, des dizaines de milliers de citoyens ont manifesté, hier, à Bouira, et ce, pour le 12e vendredi consécutif contre le pouvoir en place. Munis de pancartes et banderoles, les marcheurs, pour la plupart venus des communes rurales de la wilaya, ont réitéré les mêmes revendications initiales et scandé le même slogan principal «Tetenahw ga3». Les premiers carrés se sont ébranlé depuis la place publique de la ville. La foule des contestataires s'est renforcée avec l'arrivée de plusieurs centaines de manifestants des quartiers et des communes. «Le seul Gaïd, c'est le peuple», ont clamé les marcheurs. «M Gaid vous imposez au peuple sélectivement les articles de votre Constitution violée maintes fois, en commençant pas votre poste de vice-ministre», «Gaid Salah, l'Algérie n'est pas l'Egypte, donc dégage», «Nous voulons une transition sans les généraux», «Même vous, Gaid tetenha», «République pas une caserne. Système dégage», «La Constitution au service d'un régime maffieux», «Gaid Salah, attention, le peuple n'acceptera jamais la dictature militaire», autant de messages portés sur des pancartes à l'égard du premier militaire du pays. Les arrestations «sélectives» ont aussi fait réagir les manifestants qui ont appelé à une justice équitable et à un Etat de droit. «Ceux qui ont misé sur l'essoufflement de notre mouvement se trompent et n'ont pas vu juste. Les tenants du pouvoir ont épuisé toutes leurs cartes. Nous sortirons tous les jours pour bâtir une République et un Etat de droit», dit un manifestant, la soixantaine passée. En plus de ces slogans hostiles au régime, les manifestants ont, par ailleurs, rejeté massivement la feuille de route mise en place par les autorités centrales du pays, à savoir le maintien de l'organisation de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, défendue par le général-major Ahmed Gaid Salah. «Pas d'élections avec la issaba (la bande)», ont-ils scandé. A noter par ailleurs que la circulation routière a été fluide hier en direction de la capitale, ont témoigné des citoyens précisant au passage que le dispositif de gendarmerie mis en place chaque vendredi a été maintenu, notamment à l'arrivée des tunnels de Bouzegza.