Le département d'Etat américain a ordonné hier à son personnel diplomatique non-essentiel de quitter l'ambassade de Baghdad et le consulat d'Erbil (nord), dans un contexte de tensions avec l'Iran voisin. Washington a fait monter la pression sur Téhéran ces derniers jours, accusant la République islamique de préparer des «attaques» contre les intérêts américains au Moyen-Orient, et renforçant la présence militaire américaine dans le Golfe. Selon une alerte de sécurité postée sur son site, le département d'Etat explique avoir donné l'ordre de partir au personnel américain gouvernemental non essentiel de l'ambassade à Bagdad ainsi que du consulat à Erbil. «Les services habituels de visa dans les deux postes sont temporairement suspendus», ajoute l'avis. Washington avait fermé fin septembre son consulat à Bassorah en invoquant des «menaces» émanant de l'Iran après des manifestations meurtrières dans cette ville du sud de l'Irak. La semaine dernière, Mike Pompeo a effectué une visite surprise à Baghdad, après avoir annulé en dernière minute une visite prévue à Berlin au motif de «questions urgentes à régler. «La raison pour laquelle nous allons» à Baghdad «, ce sont les informations qui indiquent une escalade des activités de l'Iran», a dit Mike Pompeo aux journalistes qui l'accompagnaient dans son voyage vers la capitale irakienne, où il a rencontré le Premier ministre Adel Abdel Mahdi et le président Barham Saleh. Au terme de sa visite, il a déclaré avoir reçu «l'assurance» des dirigeants irakiens qu'ils «comprenaient que c'était leur responsabilité» de «protéger de manière adéquate les Américains dans leur pays». La semaine dernière, le Pentagone a annoncé l'envoi dans la région d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement du porte-avions USS Abraham Lincoln et de bombardiers B-52. Il a justifié ce déploiement par des «signaux clairs montrant que les forces iraniennes et leurs affidés font des préparatifs à une attaque possible contre les forces américaines». Selon le New York Times, le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a présenté à des conseillers de M. Trump un plan selon lequel jusqu'à 120.000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines. Mardi, Pompeo a réfuté toute volonté de guerre avec l'Iran de la part des Etats-Unis. Lui faisant écho, le guide suprême de la République islamique d'Iran, Ali Khamenei, a affirmé qu'»il n'y aurait pas de guerre» avec les Etats-Unis, selon son site internet, expliquant l'épreuve de force actuelle par une manière de tester la détermination de chacun: «ni nous ni eux, ne cherchons la guerre, ils savent qu'elle ne serait pas dans leur intérêt». Moscou a réagi hier à la poursuite de «l'escalade des tensions» autour de l'Iran malgré les déclarations du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo assurant, en Russie même, ne pas vouloir de guerre avec Téhéran.»Pour l'instant, nous constatons que l'escalade des tensions sur ce thème se poursuit», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, accusant les Etats-Unis de «provoquer» l'Iran. Les relations déjà tendues entre Washington et Téhéran se sont envenimées il y a une semaine: l'Iran a suspendu certains de ses engagements pris en vertu de l'accord de 2015 encadrant son programme nucléaire, un an après le retrait américain de ce texte, après que le gouvernement Trump ait renforcé ses sanctions contre l'économie iranienne.