L'initiative lancée, hier, par Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyelles pour «une solution de compromis» constitue une ouverture intéressante dans la recherche d'une sortie de crise qui est devenue urgente et nécessaire, compte tenu des difficultés internes et externes auxquelles est confronté le pays. Dans cet appel, il y a d'abord un état des lieux succinct, un diagnostic des tenants et aboutissants de la crise, suivi d'une ordonnance pour une thérapie pondérée. Sans doute, y a-t-il bien plus de non-dits que de propositions explicites dans la déclaration des trois hommes, connus pour leurs idées comme pour leurs engagements. On ne sait pas, en effet, de quelle manière sera opérée «la transition de courte durée», ni avec qui exactement, tandis que le rôle supposé de l'armée invitée à dialoguer avec les forces politiques, sociales et civiles, recèle une certaine équivoque. Mais gageons qu'avec un peu de bonne volonté, la démarche peut, effectivement, s'avérer probante. Il suffirait, pour cela, que les forces dites du changement trouvent, auprès de celles du Hirak et de la société civile, l'opportunité d'un plan consensuel qui serait agréé aussi bien par le peuple que par l'armée, tributaire de sa volonté souveraine. L'heure est donc à la discussion entre les diverses parties prenantes de la crise, c'est-à- dire le Hirak, et ses «figures», en théorie représentatives, les partis d'opposition regroupés au sein des Forces du changement, ceux qui ont, jusqu'alors, navigué dans les eaux saumâtres du pouvoir, durant les deux décennies écoulées, les personnalités adoubées par la société civile et celles mandatées par les courants syndicaux. Il appartient à toutes ces strates politiques et autres de réaliser la convergence nécessaire et de présenter une feuille de route inclusive, à charge pour l'armée qui resterait, alors, dans son rôle de gardien vigilant de la souveraineté et de l'unité du pays, d'assumer le statut de facilitateur, en vue d'une solution apaisée que le peuple appelle de ses voeux. Sans doute, il s'agit d'une offre de dialogue qui demande à être bien orientée, mais dont il faut reconnaître qu'elle constitue une chance pour une sortie de crise rapide et consensuelle, à condition, faut-il le répéter, que soient bien précisée la démarche et identifiés les artisans du processus suggéré. Toute la difficulté de la tâche réside, en effet, dans la détermination des hommes et des femmes qui assumeront la lourde mission de la transition de courte durée, pour peu qu'ils et qu'elles soient agréés pleinement.