Ceux qui prétendent que le jugement des corrupteurs ne constitue pas une priorité, cherchent à permettre aux têtes de la bande de s'échapper de l'emprise de la justice, selon le général. Depuis que l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été écarté, Ahmed Gaïd Salah a pris les rênes du pays et ce sont ses décisions qui sont, dans les faits, appliquées et ce sont ses discours qui donnent le «la» de la semaine politique. Cela malgré le fait qu'Abdelkader Bensalah soit le chef d'Etat intérimaire. Il semble bien que ce soit une situation imposée par la force des choses au général puisqu'il a laissé entendre, hier, qu'il n'avait aucune ambition politique. Ce qui veut dire: Ahmed Gaïd n'a jamais rêvé d'être le Sissi algérien. Il a cependant un tout autre rêve. Celui de mettre un terme aux vols et pillages des richesses du pays et de placer tous ceux qui ont trahi l'Algérie et son peuple derrière les barreaux, comme il le répète fréquemment ces dernières semaines dans ses discours. D'ailleurs, le chef d'état-major n'a nullement l'intention d'arrêter en si bon chemin sa lutte contre la bande de malfaiteurs et il va la continuer jusqu'à la fin comme il l'a laissé entendre dans son discours d'hier, prononcé au troisième jour de sa visite à Ouargla. Et cela, malgré les quelques voix qui se sont élevées ici et là, appelant à éviter les procès rapides au risque de tomber dans la vengeance. Ces voix sont d'ailleurs accusées par le général d'être complices de la bande. Gaïd Salah a commencé ainsi par affirmer que la «libération de la justice» des «contraintes, diktats et pressions», lui a permis d'exercer ses missions «en toute liberté et d'assainir le pays de la corruption», avant d'ajouter juste après «cependant, les porte-voix et les apôtres de la bande tentent de saborder cette noble démarche par la désinformation de l'opinion publique nationale et prétendent que le jugement des corrupteurs ne constitue pas une priorité», et qu'il y a lieu de «surseoir» à ces mesures, «jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République qui se chargera de juger ces prédateurs». «L'objectif réel derrière cela est d'essayer par tous les moyens d'entraver cette démarche nationale majeure, afin de permettre aux têtes de la bande et à leurs acolytes de se soustraire et d'échapper à l'emprise de la justice», a estimé le chef de corps d'armée. Encore une fois, le chef d'état-major a réitéré, «son engagement personnel auquel il ne renoncera jamais, à accompagner le peuple algérien, de manière rationnelle, sincère et franche, dans ses marches pacifiques et matures, ainsi que les efforts des institutions de l'Etat et de l'appareil de la justice». «A cet égard, je me suis engagé personnellement à maintes reprises, devant Allah et devant la patrie et l'Histoire, et c'est là un engagement solennel auquel je ne renoncerai jamais, par respect à la Constitution et aux lois républicaines», a-t-il déclaré. Le général de corps d'armée a enfin affirmé, qu' «assumer et accomplir la responsabilité quel que soit son niveau et par n'importe quel individu, et de manière honnête, doit être soumis en premier lieu au paramètre de la conscience claire et vive, et du sens du devoir envers la patrie et le peuple».