L'alliance créée à l'orée des présidentielles de 2004 est devenue caduque.Le MSP le reconnaît publiquement. Il appelle à sa réactivation. Le projet de l'Alliance présidentielle ressemble, à s'y méprendre, à l'UMA. Créée en grande pompe au Sommet d'Alger sous l'impulsion des retrouvailles algéro-marocaines, elle n'a pas fait long feu. Ses initiateurs mêmes ont dénoncé son gel. Idem pour l'Alliance. Le MSP annonce son gel et demande publiquement son dégel. Parce que ses pairs sont entrés dans une sorte de concurrence et l'ont négligée. Ce n'est pas l'avis du FLN. Son porte-parole, Saïd Bouhadja, estime que «l'Alliance connaît une grande activité». Il relève le lancement «du programme du Grand Sud» et celui des Hauts-Plateaux qui va bientôt démarrer. Par conséquent, le FLN considère que l'action dans la concrétisation du programme du président Bouteflika se poursuit. «Les ministres savent mieux que tout autre la mission qui leur est confiée dans ce cadre». S'agissant de la concurrence entre les deux partis, Bouhadja souligne que «les initiatives prises récemment au FLN entrent dans le travail partisan». Il ne voit donc pas la concurrence mais, en retour, il juge le MSP comme «élément très actif » dans l'Alliance présidentielle. Le porte-parole du RND répond aux abonnés absents. L'Alliance présidentielle a été créée la veille des dernières présidentielles. Les trois partis qui la constituent se sont partagé le gouvernement. Cela constitue l'unique dividende récolté, à l'insu des autres partis qui ont soutenu la candidature de Bouteflika sans bénéficier des prébendes. C'est le cas de Nahda, du Pnsd et d'une multitude de partis microscopiques. Mais les vrais dividendes sont donnés par le suffrage universel dont souffrent les partenaires de l'Alliance. Par conséquent, l'alliance présente un cadre idéal dans lequel se négocient les portefeuilles et se jouent les destins en attendant la sanction des urnes. Ce qui fait resserrer des dents à chaque renouvellement ministériel. Le FLN revendique la chefferie du gouvernement parce qu'il jouit de la majorité au parlement et aux assemblées locales. Il utilise les grands moyens pour recouvrer son dû. Le RND ne compte pas céder une infime parcelle de son acquis parce qu'il était aux côtés du régime quand il était menacé d'effondrement. Le MSP demande plus pour avoir le minimum parce qu'il sait qu'en quittant ce cadre il prend le risque de ne plus retourner au gouvernement. Mais Boudjerra Soltani le sait. Il dit: «Nous sommes au pouvoir parce que nous ne voulons pas l'effondrement de l'Etat. Quand nous serons assurés de sa pérennité, nous quitterons le gouvernement et deviendrons ses farouches opposants». C'est pourquoi il tire la sonnette d'alarme aujourd'hui. Le test des urnes aura lieu dans moins de deux ans. Mais, d'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. Il compte se maintenir au gouvernement. Il demande donc la réactivation de l'alliance en dénonçant la «concurrence» entre ses deux partenaires et l'absence de coordination. Mais cette concurrence est réelle. L e FLN et le MSP se souviennent du retrait des élus du RND des assemblées de Kabylie sans aucun préavis ni aucune consultation des autres membres de l'alliance. Les divergences entre le FLN et le RND sur la teneur du discours de sensibilisation sur la réconciliation nationale, la discorde au sujet de la réforme constitutionnelle et bien d'autres fausses notes, ont installé le MSP dans une position d'attente prudente. Le FLN, qui n'a pas fini d'en finir avec l'installation de ses structures de base, essaie de gérer le temps à son profit. Rappelons que l'opération de renouvellement vient d'être relancée par Belkhadem. Les élections des secrétariats de kasmas et de mouhafadhas débuteront avec le nouvel an. Le parti ne pourra afficher ses prétentions ouvertement qu'après la finalisation des structures. Mais ses partenaires le savent. Cela les dérange parce qu'il est souhaitable de négocier avec un FLN fragilisé plutôt qu'avec un FLN bien portant. Créée pour servir de cadre de réflexion autour du programme électoral de Bouteflika, l'alliance est devenue un cercle d'initiés ; un cercle déserté depuis que la présidence est assurée par le RND. Le MSP révèle son inquiétude. Il demande à ses pairs de faire l'effort de dégel parce que les bruits autour de nouveaux remaniements courent. Boudjerra relève la vacance au ministère de l'Information en faisant acte de présence. Sera-t-il entendu?