le Hirak donne l'impression qu'il n'est pas prêt à dialoguer Le Hirak est un mouvement pluriel, idéologiquement diversifié, mais favorable au dialogue. Une étape nouvelle qui s'ouvre, la scène politique nationale rompra avec le «statu quo» fait d'une espèce de linéarité imposée par la force des choses, à cause d'un inattendu bouleversement politique qui a chamboulé tout l'ordre établi et ses succédanés. Le changement est devenu le maître-mot de la quasi-majorité du peuple après le soulèvement populaire historique du 22 février. Le processus électoral tel qu'il a été conçu dans l'objectif de consacrer une démarche présidentielle est bel bien rejeté, c'est une mise en garde d'abord populaire depuis que le mouvement populaire a élevé le seuil de ses revendications en exigeant le départ du régime et de ses symboles. L'élection présidentielle du 4 juillet n'aura pas lieu selon toute vraisemblance, ce qui laisse libre court à des spéculations et des supputations quant à la nouvelle étape qui consiste à asseoir les jalons d'une véritable initiative, à savoir le dialogue politique pour une période de transition avec des perspectives et objectifs très clairs et nets. Dans ce sens, l'élite politique et les experts qui suivent de près l'évolution de la situation politique du pays depuis l'émergence du mouvement du 22 février et ses retombées d'une manière globale, ne cessent d'alerter et de rappeler de l'utilité et de l'importance d'une démarche qui sort de l'approche telle qu'imposée par les tenants du système depuis des décennies. De ce point de vue, le constat s'exprime avec netteté chez nos sociologues et anthropologues qui arrivent à déterminer les enjeux et les urgences à la fois quant aux priorités et le mode opératoire à entreprendre pour répondre à une situation des plus critiques et cruciales que traverse le pays. Le professeur Wadi Bouzar juge qu'«il faut toujours dialoguer et que le mouvement doit choisir des représentants, ce qui certes n'est pas facile... il faut à tout prix éviter la violence. un mouvement de masse Le peuple dans sa très grande majorité a été très bien jusqu'ici», il insiste sur la nécessité de faire dégager une structure qui donnera au mouvement populiare tout son sens et sa crédibilité au sens politique du terme. La transition est appréhendée par le professeur Wadi Bouzar comme une nécessité, mais qu'elle soit gérée avec sérénité et douceur loin des attitudes intempestives qui pourraient mener vers une situation de violence. Le professeur Wadi Bouzar croit fort bien à l'issue qui stipule la mise en place d'une Assemblée nationale constituante comme étape décisive dans la consécration de l'Algérie démocratique et souveraine. Quant au professeur de l'histoire et de la sociologie politique, Ahmed Rouadjia, sa démarche et sa lecture au changement et l'étape prochaine, ne souffrent d'aucune ambiguïté. Dans ce sens, Le professeur Rouadjia abonde par rapport au dialogue politique et les opportunités qui ont trait à la période de transition, souligne que «voulez-vous dire ce que je pense de ceux qui prônent le dialogue entre le Hirak et l'armée, et vice versa? Si? Option ou opportunité, la transition? Ni l'une ni l'autre de ces deux termes. La transition s'impose d'elle-même comme une nécessité historique inévitable. Inévitable elle est votre question, je vous répondrai que les deux parties préfèrent la dialogue à l'affrontement, même si le Hirak donne l'impression qu'il n'est pas prêt à dialoguer tant ses exigences, sans cesse répétées, se résument dans son désir de voir l'ancien système tomber complètement... Comme l'armée qui tient à l'ordre, à la stabilité et à la sécurité, le peuple du Hirak exprime in petto les mêmes aspirations... Par ailleurs, Le Hirak qui est un mouvement de masse divers, pluriel, idéologiquement diversifié, est dans son ensemble favorable au dialogue, même s'il ne sait pas formuler encore nettement la manière dont ce dialogue devra être mené», la transition doit être conçue en intime relation avec les mutations que connaît le pays à travers son mouvement populaire qui doit lui aussi se mettre au diapason et dégager son élite qui le représente. Dans ce registre, le professeur Rouadjia précise que «la transition sera-t-elle une option, voire une opportunité qui pourrait se proposer comme sortie de crise salutaire, car aucun peuple ne peut tolérer sur le long terme l'oppression nationale, l'autoritarisme, la corruption, l'arbitraire et la promotion de l'incurie et de la gabegie. Saturé par ces pratiques imposées depuis plus d'un demi siècle, opprimé, indigné, et scandalisé par des moeurs d'un autre âge, le peuple du Hirak ravisé et ressaisi a décidé de prendre désormais son destin entre ses mains en optant pour une forme de gouvernement où seraient abolies à jamais les pratiques anachroniques qui ont été celles du régime politique combattu, rejeté et stigmatisé comme contraire aux libertés fondamentales de l'homme algérien. l'autoritarisme L'opportunité ou la transition vers un régime plus juste, plus humain, et plus patriotique que ne l'est le régime anti- national de Bouteflika et de ses prédécesseurs, ne vient pas d'elle-même au peuple, c'est le peuple qui va la chercher, qui crée autrement les conditions propices à une transition pacifique, sans violence ni sang... Ce dont nous assistons aujourd'hui, c'est justement à une quête faite par le peuple d'un régime démocratique aux antipodes de celui, décadent, que le Hirak s'efforce de lui donner un coup de grâce définitif», a-t-il souligné. La transition est inéluctable si on veut que les institutions de l'Etat se consolident et qu'elles ne seront pas l'objet d'une sérieuse menace de dislocation.