Double front. Au 15ème vendredi de la mobilisation populaire, aucune avancée notable vers une quelconque solution n'a été perceptible. Peu de réactions, non plus, aux appels au dialogue que ne cesse de lancer le général de corps d'armée, Gaïd Salah. Il a eu raison de parler de procrastination. Les partis politiques, les élites et personnalités politiques manquent de confiance en eux-mêmes. Ce qui ne donne pas assez de courage pour affronter le contexte particulier que vit le pays. Les quelques voix entendues en guise de réponse favorable au dialogue, ont été si timides qu'elles confirment, sans risque de se tromper, le diagnostic. Il faut le dire, les partis ont peur de ne pas plaire au Hirak. La plupart attendent en scrutant obsessionnellement le ciel et la direction des vents. Que peut signifier d'autre cette attitude qui consiste à être d'accord pour le dialogue sans toutefois exprimer clairement qu'aucune partie ne doit en être exclue y compris l'actuel chef de l'Etat ainsi que le gouvernement. Le dernier groupe à s'être manifesté est composé de 16 théologiens, dont l'ancien ministre Saïd Chibane. Leur position ne tranche pas de tout ce qui a été entendu jusque-là. «Le peuple doit rester uni», «jeter les jalons d'une nouvelle politique», «éviter le pourrissement politique», etc, etc. Que des généralités mille fois entendues. Que des paroles comme tous ceux qui les ont précédés. L'Algérie a besoin aujourd'hui d'élites qui agissent. Qui proposent des solutions courageuses et viables pour sortir du pétrin. Les USA et la Corée du Nord dialoguent. Le Qatar a fini par se joindre aux pays du Golfe pour dialoguer. On a beau se détester, s'affronter, se faire la guerre même, mais la finalité se passe toujours autour d'une table. Il en a toujours été ainsi dans toute l'histoire de l'humanité. «Il n'y a aucune raison de continuer à perdre du temps, car le temps est précieux et il n'y a pas moyen de le gâcher dans des discussions stériles, loin du véritable dialogue sincère et constructif» avait insisté, à juste titre, mardi dernier, le général Gaïd Salah. Hier quelques banderoles refusant le dialogue avec la «Issâba» ont été aperçues. Dialoguer avec qui alors? Aucune banderole n'y répond. Une situation de blocage qui met le pays devant de graves dangers. C'est pourquoi et en plein Ramadhan, le général Gaïd Salah poursuit ses inspections dans les régions militaires avec le même rythme. Vigilance extrême de mise!