On peut en trouver pratiquement à tous les prix. La nouvelle année qui pointe à l'horizon ne passe pas inaperçue en Kabylie, où tout semble dire qu'elle est attendue de pied ferme par les uns et les autres. Ansi, si pour beaucoup, c'est l'espoir de renouer avec le meilleur et la satisfaction de trouver un emploi afin de sortir du marasme, d'autres, les plus nantis, se retrouveront ensemble pour fêter, comme il se doit, l'an nouveau. A Tizi Ouzou, certes un peu moins que les années précédentes, les pâtisseries et autres lieux commerciaux ont décoré les uns, leurs vitrines, les autres se contentant d'ajouter quelques guirlandes scintillantes dans leur magasin. Les plus heureux restent les marchands de bûches glacées ou non qui offrent à des prix divers leurs gâteaux. Dans certaines pâtisseries, la bûche est cédée à 700 DA, même s'il est vrai que l'on peut trouver pratiquement à tous les prix. La nouvelle année est généralement l'occasion de faire bombance et dans les familles, c'est généralement le moment où les enfants sont gavés de pâtisseries, les adultes se donnant bonne conscience pour la circonstance, s'en donnent aussi à coeur joie. D'autres familles, les plus fortunées du moins, sortent et se permettent certains hôtels des environs comme le Lalla Khadidja, le Jardin Secret ou encore l'hôtel Amraoua, pour ne pas trop s'éloigner de la maison où l'on doit rentrer, même si c'est au petit matin. Cette nuit-là, le téléphone va fonctionner à plein régime, on appelle les émigrés et les membres de la famille qui se trouvent ailleurs pour leur dire que l'on pense à eux et qu'on les aime. Il y a encore ces familles certes, à compter sur les doigts de la main, qui se réunissent en groupe et fêtent dans des appartements, l'arrivée de l'an nouveau. Mais les plus fêtards restent, sans conteste, les jeunes adultes qui profitent au maximum de cette nuit de réveillon pour s'offrir une virée. Généralement, la plupart des gais lurons sont dans les multiples bars ou encore dans ces guinguettes à écluser des litres d'alcool, les uns pour oublier leur mauvaise passe, les autres pour fêter l'an nouveau ! Les choses vont quelque peu se télescoper cette année avec l'Aïd El Adha et le Nouvel An amazigh qui tombent dans la même quinzaine mais cela est en quelque sorte une bonne chose, les occasions de faire la fête se multipliant. M'hamed, un jeune montagnard des environs de Tizi Ouzou, se présentant comme chômeur professionnel, dira que «le Nouvel An amazigh ou autre sera une occasion d'oublier les temps maussades que nous vivons». Et d'expliquer que «ce qui nous intéresse, nous les jeunes, c'est d'abord trouver un travail, ensuite, si c'est possible, avoir un logement mais je pense que c'est là un rêve qui ne se réalisera jamais. Alors, comme disait Abou Nouwas: buvons notre vin car pour aujourd'hui ce sera l'ivresse et demain...!».