L'Exclusion. Plus personne ne s'y attarde. Plus personne ne la défend. Longtemps désirée après l'indépendance et concédée en 1989, la démocratie n'aura pas eu le temps de prendre corps dans la culture politique. Aujourd'hui et trente ans plus tard, la démocratie ne semble plus être la préoccupation première dans la vie politique. Pire, l'intolérance et le terrorisme politique semblent renaître dans tous les courants et les «sensibilités» qui ont cours dans l'espace politique. La rue ne lâche pas son «dégagisme». Sans alternative. Ni souci du vide fatal. Les partis ont si peur de la rue qu'ils surveillent leur vocabulaire. La société civile dévoile ses ambitions politiques longtemps contenues. Sans succès. Pourtant tous ces intervenants doivent leur existence à la démocratie née au début des années 90. Comme si cette démocratie décrétée ne pouvait que servir à sa propre perte. D'ailleurs, rappelons-nous et dès le début, le FIS (parti islamiste dissous) avait clairement affiché ses intentions. Il acceptait les règles de la démocratie juste pour conquérir le pouvoir et ensuite instaurer la Chariaâ. C'est-à-dire qu'après, tout le monde se remettra dans les rangs et aucune contestation ne sera plus admise. Ce parti n'ayant pas réussi à atteindre ses objectifs, sa pratique a cependant fait des émules. Elle fait partie des arrière-pensées de certains acteurs politiques. D'une extrême à l'autre. De la gauche aux religieux. Aujourd'hui et trois décennies plus tard, la démocratie est toujours là. Dans les médias, dans les formations politiques, dans la société civile et bien évidemment dans les manifestations de rue. Tout le monde s'en revendique, mais très peu respectent ses codes. Y compris à l'intérieur de nos institutions il faut le dire. Ce qui a donné lieu à une justice aux ordres, à des fraudes électorales et à des détournements de deniers publics. Dans la crise qui secoue le pays depuis plusieurs semaines, une vraie démocratie, avec de vrais démocrates, aurait déjà permis de trouver une solution. Car quand des personnalités politiques proposent, comme solution, de confier la transition à «des personnalités respectées par le peuple» ou à «des figures qui jouissent de l'adhésion populaire», ils font de l'enfumage. Où sont ces «personnalités» et ces «figures»? Pourquoi ne pas les nommer? En vérité, c'est un «front du refus» qui veut donner le change. Avec des subterfuges. Pour un but connu!