Jamais depuis l'indépendance du pays une rencontre n'a drainé autant de participants en nombre et en qualité. Toutes les tendances politiques ont pris part à la Conférence de Zéralda. Les leaders du Mouvement pour la société de la paix (MSP) et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont certainement raison de qualifier la conférence nationale de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) qui s'est tenue, hier, à l'hôtel Mazafran, à Zéralda (Alger) d'"historique". Jamais depuis l'indépendance du pays, une rencontre n'a drainé autant de participants en nombre et en qualité. Toutes les tendances politiques y sont représentées : démocrates (Mohcine Belabbas du RCD, Ahmed Bettatache du FFS, Djilali Soufiane de Jil Jadid, Karim Tabou, Saïd Sadi, etc), islamistes (Abderrezak Makri du MSP, Abdallah Djaballah du FJD, Ali Djeddi et Kamel Guemazi de l'ex-FIS, etc) et "nationalistes'' (Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, etc). Des hommes politiques, des politologues (Mohamed-Chafik Mesbah, Rachid Tlemçani, des universitaires de renom (Djabi, Remaoune, etc), des syndicalistes (Meziane Meriane...), de grandes figures de la société civile à l'image du patriarche des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdenour et l'avocat Me Mokrane Aït Larbi sont, eux aussi, de la partie. Les familles de disparus, portraits de leurs enfants à la main, n'ont pas laissé échapper cette belle occasion pour rappeler aux présents leur drame. Même la presse, nationale et étrangère, s'est déplacée en force pour couvrir cet événement qui, de l'avis de beaucoup, fera date. C'est vers 13 heures que les participants ont commencé à affluer vers le lieu qui allait abriter le "congrès de l'opposition" qui ne commencera que vers 14h30. Plein comme un œuf, le chapiteau où se tenaient les travaux, s'est mué en un véritable chaudron. Il n'empêche que l'assistance a suivi avec intérêt les interventions des uns et des autres. Un bureau présidé par l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, assisté de 3 personnes, est désigné pour gérer la conférence. D'emblée, M. Benbitour a assuré que l'objectif principal des animateurs de la CNLTD et de "sauver la nation". De son point de vue, "un danger imminent pèse sur l'avenir de la nation" et un changement du système est "une urgence". "Notre alliance propose une solution politique réaliste à la crise dans laquelle se débat le pays", a-t-il expliqué en précisant que l'initiative de la CNLTD reste ouverte à tous les acteurs. L'honneur d'ouvrir le bal des intervenants a échu à Ali Yahia Abdenour qui, du haut de ses 91 ans, a tenu à faire acte de présence. En vieux routier, Me Ali Yahia a conseillé les animateurs de la CNLTD d'aller dans toutes les wilayas du pays. Pour lui, la transition doit rétablir la souveraineté du peuple et consacrer la citoyenneté des Algériens et Algériennes. Mais auparavant, il y a lieu, selon le président d'honneur de la LADDH, de faire le bilan des régimes qui se sont succédé à la tête du pays depuis 1962 et qui est, selon lui, "désastreux et catastrophique". "Le système actuel a fait trop de mal à l'Algérie, il doit partir", s'est exclamé Me Ali Yahia. Lui succédant, le président du MSP, Abderrezak Makri, a qualifié la journée d'hier d'"historique". Pour lui une telle rencontre est de nature à améliorer la mauvaise image collée à l'opposition par le pouvoir. "Avec cette initiative, nous voulons ouvrir l'ère des libertés réelles en Algérie", a-t-il lancé. Le président du RCD, Mohcine Belabbas a qualifié, lui aussi, la rencontre d'hier d'"historique". "Nous nous sommes rencontrés aujourd'hui pour un but simple mais fondamental : sauver l'Algérie (...). Notre rencontre est importante car elle est le fruit d'une prise de conscience du citoyen et de la volonté solide des partis et personnalités de sensibilités diverses, conscients de leurs différences et parcours, mais aussi de leurs points communs", a-t-il soutenu. Le président du RCD a longuement loué le respect mutuel que se vouent les membres de la CNLTD mais aussi l'absence chez eux de toute tentative d'imposer un avis à autrui. "Nous refusons toute forme de monopole, d'alliances tribales sans haine ni volonté de régler des comptes", a-t-il ajouté. D'autres invités de marque, comme Mouloud Hamrouche et Ali Benflis, et animateurs de la CNLTD comme Soufiane Djillali et Abdallah Djaballah ont, eux aussi, fait des interventions. Longtemps sevré de parole, Ali Djeddi, cadre dirigeant de l'ex-FIS, a déploré le refus opposé à Ali Benhadj de prendre part à la rencontre d'hier tout en saluant l'initiative de la CNLTD. Après quoi, il remettra au bureau qui dirigeait les travaux un document où sont consignées les propositions de l'ancien parti dissous. A C Nom Adresse email