L'ouvrage «Mémoires Touristiques Algériennes..., de 1962 à 2018», consacré au Tourisme algérien et signé de son auteur Saïd Boukhelifa, a jeté toute la lumière sur un secteur jusque-là plongé dans une profonde inertie, depuis que de grands ministres l'ont quitté, et que la politique d'alors a cessé de lui accorder l'intérêt et la place qui lui sont dus... Et pourtant, le tourisme n'est-il pas, dans tous les pays du monde, une véritable industrie et un outil de développement durable et de création de richesse, pouvant se substituer à terme aux ressources tarissables ? Et chez nous, particulièrement, ne devait-il pas avoir son importance par ses impacts sur la création d'emplois, sur l'apport en devises, l'expansion régionale et le progrès social? Un ouvrage qui se veut un bel échange avec le lecteur Cet ouvrage qui, à peine sorti des presses et amplement distribué, parce que très demandé, est le premier du genre, par sa configuration aux exigences de l'heure et par ses révélations sur l'état dans lequel stagne douloureusement un secteur – prioritaire chez ceux qui évaluent son marché potentiel – qui n'est pas près de refaire sa refondation, à moins que...? L'auteur, Saïd Boukhelifa n'a pas pris de gants pour étaler, sur la place publique, des événements et des péripéties plus ou moins complexes qu'ont vécus impuissamment les responsables, dans le périmètre immédiat de ce secteur qui n'a pas évolué d'un iota. Ainsi, on peut être formel, dans ce cadre-là, après la lecture de cet excellent ouvrage, notablement pourvu d'explications à travers son contenu, ses titres, ses résumés de chapitres, sa préface, ses nombreuses exergues, sa postface, de même que ses notes de bas de page, que c'est un premier échange entre l'auteur et le lecteur qui se fait au moyen du paratexte. Saïd Boukhelifa l'a voulu ainsi. On ne cesse de l'affirmer. Il s'est aventuré dans une belle échappée, comme dans une grande course cycliste, en s'attaquant sérieusement aux pentes abruptes de cet important massif qu'est le tourisme, qu'il aime écrire en majuscule pour l'accompagner de la considération qu'il lui accorde. Il a osé, il s'est franchement impliqué, en se jetant avec lucidité et détermination, dans la perspective d'informer au mieux, d'expliquer et de convaincre ses lecteurs – et les responsables aussi – sur l'état de son secteur, depuis l'indépendance jusqu'à maintenant. En fait, il nous offre un substantiel travail de recherche qui nous gratifie d'une masse d'informations, et qu'il nous livre en termes de faits et d'événements, de bilans et de perspectives sur l'avenir touristique de notre pays, en se projetant – en bon enfant du cru – dans un futur qu'il désire meilleur. Cet ouvrage, auquel l'auteur donne un titre plus que révélateur : «Mémoires Touristiques Algériennes..., de 1962 à 2018» – et le répéter n'est pas superflu –, est considéré chez nous, dans le gotha des écrivains, comme le premier du genre par sa tonalité et par ses révélations depuis l'indépendance. Ainsi, selon Saïd Boukhelifa, son auteur, cet «ouvrage de témoignage, sans complaisance aucune, pamphlétaire à souhait, qui fâchera certains et déplaira à d'autres [...] espère combler un vide et contribuer à provoquer un débat de fond de nature à susciter l'implication motivée de tous les Algériens dont une grande partie reste à convaincre car, longtemps, trop longtemps lovés dans les limbes de l'irréel et du virtuel». Et il va loin dans sa logique pour terminer son idée, en affirmant : «Depuis 1982, quelle constance dans les discours politiques creux – le tourisme créateur de richesses, d'emplois juvéniles, et générateur de rentrées de devises –, mais quelle déconvenue dans les résultats, à chaque fois ! ». Saïd Boukhelifa..., un auteur sans complexe Franchement, Saïd Boukhelifa n'est pas allé de main morte !... Il écrit en clair, il bouscule, mais il dit la vérité sur ce que bon nombre d'anciens dirigeants et responsables du secteur touristique n'ont pu ou n'ont su exprimer, c'est selon. Est-ce un auteur fougueux ? Non ! C'est, tout simplement le fervent passionné du secteur dans lequel il a fait ses premiers pas et auquel il a consacré des années d'études et de perfectionnement en entamant une carrière probante dans un monde qui l'attirait, plus qu'un autre... C'est justement cette passion qui a fait de lui un cadre circonspect, attentif et agissant, et qui l'a poussé à écrire un ouvrage de cette propension, tant sur le plan de la forme que celui de la qualité afin, assurait-il, «d'aider à la refondation de ce gisement touristique exceptionnel et diversifié, mais délaissé, voire dégradé, par l'inertie et l'ineptie de l'homme». Est-ce un auteur impertinent ? Non ! Surtout pas ça, car il dit, dans les normes du respect ce que dissimulent d'autres cadres, qui préfèrent ne pas s'aventurer, en mettant le pied dans la fourmilière et en dévoilant les tares et avatars d'un domaine aussi complexe que celui du tourisme. Ceux-là, au risque de se voir voués aux foudres de la critique, persistent à vivre dans la complaisance, car ils se sont toujours «souciés et limités à percevoir uniquement leur salaire dans le secteur touristique sans savoir qu'elle était la portée de leur métier et de leurs actes... Leur indifférence, leur passivité et leur laxisme ont contribué à construire cette mauvaise image que l'Algérie touristique a supportée et traînée en elle, pendant plus de trente-sept années, de 1981 à 2018», pour paraphraser l'auteur dans son avant-propos. Est-ce un auteur provocateur ? Egalement... non ! D'abord, parce que ce n'est pas du tout dans son éducation, et ensuite, parce que ce penchant n'apparait nullement, à travers son style d'écriture..., un style qui marque, tout en l'exprimant, ce propos clair, limpide. Est-ce peut-être parce qu'il va plutôt, dans le direct et le tangible, l'évident et le vrai ? Ce que d'aucuns n'aiment pas entendre et lire aujourd'hui, même si la réalité du secteur les a rattrapés, il y a longtemps déjà, et depuis elle ne les quitte plus. Non, Saïd Boukhelifa, l'auteur de «Mémoires Touristiques Algériennes... de 1962 à 2018», ne peut être affublé de ces épithètes, dissonantes en ce qui le concerne, car sa présente livraison n'est pas, comme à l'accoutumée, dans l'approche littéraire laconique de ces pleutres plumitifs, qui l'ont toujours adoptée pour ne pas choquer les maîtres du moment. En effet, ces derniers, complaisants à l'envi, se voulaient en phase avec les potentats du système qui étaient «dans l'air de leur temps», autrement dit, qui accordaient toute leur attention à la littérature d'écrivaillons de papelards de leur espèce et de leur époque, heureusement révolue, depuis que le «soulèvement populaire» a su mettre fin pour la reléguer à jamais à la poubelle de l'Histoire où elle devait finir. C'est alors que Saïd Boukhelifa a tenu à voir son approche littéraire bien placée dans sa tonalité, franche et saisissante, parfois caustique, avec beaucoup d'autodérision, à l'image de certains grands films italiens... Il en cite d'ailleurs quelques uns, dont «Pain et Chocolat» de Franco Bussati, et «Affreux, sales et méchants» d'Ettore Scola. Oui, il l'a voulue ainsi son approche qui a fait de lui, selon les premières critiques littéraires, l'auteur qui a balayé d'un revers de la main et ce, bien avant ce 22 février 2019 – j'y reviens pour confirmer la tendance audacieuse de l'auteur –, tous les tabous qui encombraient le secteur touristique, depuis assez longtemps. C'est dire qu'il n'a pas attendu que vienne cette «Révolution du sourire» pour engager la sienne au milieu d'une hostilité qui n'a d'égale que cette mauvaise image de marque, avachie, revêche et rebutante que ses contradicteurs ont laissée sur le terrain de la réalité. Il ne pouvait l'attendre, effectivement, car même s'il est à son premier ouvrage qui a peiné pour connaître sa parution, il n'est pas du tout un néophyte dans le domaine de l'écriture. Cela veut dire qu'il ne vient pas, avec ses «gros sabots» – loin s'en faut – se tailler une place d'auteur-écrivain en s'insinuant dans ce monde ô combien fabuleux, un monde de création, didactique, passionnant, et on ne peut plus complexe. Car, Saïd Boukhelifa, pour ceux qui ne le connaissent pas, appartient déjà, au monde de la plume, depuis assez longtemps. Ses nombreux écrits, sous forme de contributions, par la publication d'importants articles et de sérieux dossiers concernant le tourisme, principalement, ont laissé chez ses lecteurs l'impression de l'homme à la constante vivacité, l'homme qui cohabite proprement avec le sens du présent et du réel, bref, l'homme de principe (s) et de valeur (s) par lesquels il se définit. Un premier ouvrage-bilan qui sort des entrailles de l'auteur De toute façon, après avoir édité ce premier ouvrage-bilan, dans lequel il n'a pas omis d'exprimer sa déception, en déclarant le secteur «englué dans ses contradictions et enfoncé inexorablement dans une désastreuse impasse», non sans faire, heureusement, de sérieuses propositions d'avenir, l'auteur ne prêtera pas son attention aux sarcasmes de gens en mal d'inspiration. Il y en aura, assurément, et il en est quasiment certain, mais, le connaissant fort bien, solide comme un roc, il n'en fera même pas cas, car il en a connu d'autres à l'occasion de la publication de ses articles aiguisés et mordants où il défendait constamment des principes comme ne les ont jamais défendus ceux qui se terraient, et qui se terrent toujours, pour ne pas que l'on exhume leurs pratiques et leurs comportements qui, aujourd'hui, à l'ère de la liberté d'expression – pour ne pas dire de la démocratie, car nous n'y sommes pas encore –, ne peuvent que les desservir. Nonobstant toutes ces appréhensions, posons-nous encore des questions après la parution de cet ouvrage qui lui sort de ses entrailles. L'auteur, franchement, n'a-t-il pas le droit et le courage pour dire en clair ce qui est évident et que d'aucuns, dans ce secteur, ou dans ce ministère, n'osent dénoncer ? Devrait-il se taire quand les problèmes arrivent à un stade où ils ne peuvent être occultés si facilement ? Devrait-il faire comme l'autruche, se cacher la tête au moment où les responsables, ceux qui sont censés nous garantir les conditions objectives d'une vie meilleure, feignent d'ignorer, le grand fossé qui existe entre les orientations qu'ils prodiguent et leur application sur le terrain ? Devrait-il, enfin, se dérober quand il connait désormais les déboires de ce secteur où il a longtemps travaillé, pour ne pas dire «longtemps bataillé» pour sa promotion, son développement et sa réussite ? Non ! Fortement non ! Parce qu'il a appris que «l'amour, la grossesse et un homme à dos de chameau sont des choses impossibles à cacher», comme le lui a enseigné la sagesse de nos ancêtres ! Ainsi, Saïd Boukhelifa a écrit son ouvrage dans cet esprit et dans cette ampleur, en le bardant de précisions qui démontrent le courage avec lequel il s'est lancé dans cette aventure littéraire. De là, on ne peut passer sur certaines de ses convictions, lourdes de sens, écrites il y a bien longtemps pour récriminer la situation déliquescente du tourisme, aux mains d'«hurluberlus» qui se croyaient sortis de la cuisse de Jupiter. Ses convictions sur ce secteur qui est une partie de lui-même, sont reprises éloquemment dans son ouvrage. C'est dire son assiduité dans le combat au quotidien où, il nous affirme que l'Algérie qui était une destination désirée dans les années soixante-dix, a perdu sa notoriété, depuis la fin des années quatre-vingt. Alors, elle a tellement vécu de déceptions, que «souvent on a l'impression que notre tourisme voyageait en ‘'absurdie'' algérienne – le monde de l'absurde – et que le mot tourisme n'existait pas dans le dictionnaire des décideurs algériens». Cet ouvrage, comme il le dit si bien, a néanmoins restitué «la boîte noire» du crash du tourisme algérien. Bravo Saïd Boukhelifa, à d'autres livraisons dans la même teneur et avec le même engagement...