Avec les retenues collinaires et le système d'irrigation, la région deviendra ce qu'elle était autrefois. Hoceinia est l'exemple de commune représentant l'Algérie profonde qui, de par sa situation géographique se trouve dans un couloir stratégique avec un passage obligé entre l'Est et l'Ouest au passé glorieux et historique, de par son climat intermédiaire d'arrière-pays assez clément, surtout ses terres collinaires fertiles, mais qui peine à trouver ses marques de démarrage. De plus, elle a tous les atouts pour se transformer en une commune modèle pour le développement rural et même urbain. Elle est traversée également par des moyens modernes de communication que sont le chemin de fer, la route nationale et bientôt l'autoroute est-ouest qui, en principe, apportera un plus à la région. En remontant dans le temps, celle-ci recèle les traces d'une civilisation millénaire datant de l'ère romaine comme en atteste le vestige du Château-Romain. Les époques arabe et ottomane ont aussi laissé des traces pour se diriger vers Aïn Tourki, Aïn Soltane, Hammam Righa et Miliana. Militairement, c'était un passage important pour le contrôle de la région et la sécurité des personnes et des biens. Les colons français en avaient fait une renommée mondiale pour la culture de la vigne. Oued Zeboudj, Changarnier pour les colons, du nom du gouverneur d'Algérie (1848), était convoitée également pour ses terres et ses collines. Une école primaire était érigée au début du siècle passé. Des enfants natifs y avaient suivi des cours. Quelques-uns étaient devenus des références. Par le passé, Hoceinia était Vesoul-gare en servant surtout de station. Durant la Révolution, elle a été un haut lieu de résistance et de militantisme. Elle a notamment enfanté Medjadji, Chenoui, Bouzid et Koumas. La période de l'indépendance à aujourd'hui a bien connu des hauts et des bas sans atteindre toutefois les espérances. Hoceinia qui dépendait de Boumedfaâ, est devenue une commune où vivent 8 255 habitants, disposant de quatre écoles et de trois salles de soins. Elle nécessite selon son président, Benhadj Mohamed Tahar une polyclinique, un CEM, la construction de 500 logements entre rural, social et participatif et un réseau d'alimentation d'eau potable de 8 km pour acheminer l'eau d'un puits foré récemment. En vue d'encourager les activités agricoles, vocation principale de la commune, un programme de retour des paysans à leur terre et leur stabilisation par des stimulations dans le cadre de l'habitat, a été mis en place. Ainsi une quarantaine de familles ont profité des aides au logement rural. C'est encore loin des espérances. Les gens veulent plus pour retourner à leurs terres pour des raisons multiples. Beaucoup d'entre elles ont pris goût à la vie urbaine, notamment les jeunes qui posent des conditions plus contraignantes. Pour le président, cela nécessite une véritable prise en charge de la région et de sa particularité, à commencer par la construction d'une dizaine de petites retenues collinaires, d'un centre de formation à caractère agricole pour familiariser les paysans aux techniques modernes de culture et d'irrigation. A titre de modèle à suivre, il cite le cas d'un investisseur venu s'installer dans la région qui a mis en valeur une parcelle de terre et a réussi à la transformer en un petit paradis. On y trouve tous les fruits grâce à l'introduction de la technique du goutte-à-goutte. De même, des exemples d'apiculture sont encourageants en attirant l'intérêt des agriculteurs. La qualité du miel est exceptionnelle. Avec les retenues collinaires et le système d'irrigation, la région deviendra ce qu'elle était autrefois et davantage, nous dira Medjadji Ben Aïcha, mandataire natif de Oued Zeboudj, qui se rappellera de cette époque où la vigne locale avait sa réputation. Un colon, Laurence, avait construit un empire à Château-Romain grâce à la vigne et l'olivier de qualité dont les produits étaient exportés en Europe. C'est la preuve que la terre est très fertile et doit être revalorisée, souligne-t-il en notant qu'après l'arrachage des milliers d'hectares de vignes dans le cadre de l'opération lancée par feu Boumediène, rien n'a été fait pour compenser ce vide. Le paysage est nu et demande une couverture végétale à sa mesure. La main-d'oeuvre, notamment parmi les gens, existe, si on trouve les moyens de l'intéresser et de la motiver. Avec ses huit mille habitants, Hoceinia compte des dizaines de jeunes diplômés dont des ingénieurs et licenciés qui cherchent emploi et insertion. L'APC en emploie 14 dans ses différentes structures. Les autres vivent dans l'angoisse et l'attente d'une sortie. Par ailleurs, les autres activités embryonnaires dans les secteurs des ser-vices et de l'industrie peuvent être lancées pour résorber le chômage. La région recèle des gisements importants en argile pour la briqueterie et la poterie. Les produits de l'artisanat sont exposés tout au long de la route nationale en créant une animation particulière. Dans le but d'attirer les investisseurs et industriels potentiels, il est envisagé d'aménager une zone d'activité. En attendant ces projets et l'ouverture de l'autoroute qui avance à grands pas avec ses ouvrages d'art qui commencent à se dessiner en changant le paysage, Hoceinia continue d'espérer pour sortir de son isolement et pouvoir accéder au progrès et à la modernité.