Les supputations et la rumeur caractérisent une démarche qui s'opère à huis clos. Le conseil de gouvernement qui se déroulera demain, n'abordera pas la réconciliation nationale. M.Ouyahia et son exécutif se pencheront plutôt sur un avant-projet de loi pour l'amendement du code pénal et un autre texte sur la protection de l'enfance, a-t-on appris hier, de sources gouvernementales. Ainsi, les textes de loi pour l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale ne sont pas à l'ordre du jour de ce conseil. Adoptée à une majorité écrasante par référendum, le 29 septembre 2005, cette charte n'arrive pas encore à se concrétiser sur le terrain en l'absence de textes pour son application effective. En octobre 2005, soit quelques semaines après le référendum, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a déclaré dans une conférence de presse, tenue à 2 heures du matin au siège de son parti, que la promulgation des textes de loi pour l'application de la charte du président «ne dépassera pas le délai d'un mois». Par la même occasion, M.Ouyahia a indiqué ignorer le contenu de ces textes de loi. Le 6 octobre, il déclare à l'hebdomadaire français Le Point que les redditions vont être gérées par des mécanismes spécifiques. Deux mois après ces déclarations, les textes d'application n'ont pas encore pris forme et gardent toujours leur statut d'Arlésienne. Rien n'a filtré sur ce que sera l'après-29 septembre. Quelques jours avant le référendum, Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a déclaré que l'Etat procédera à la régularisation de l'état civil des enfants nés au maquis. Selon le patron du MSP, Boudjerra Soltani, le projet de réconciliation nationale va être traduit par «plus de 20 textes de loi». Ainsi, affirme-t-il, chaque catégorie de victimes de cette «tragédie nationale» aura un traitement juridique, ou un statut à part. Il ajoute qu'il y aurait aussi un décret qui portera sur la création de centres de prise en charge psychologique pour traiter les séquelles et les stigmates de la crise. En décembre dernier, le leader du mouvement El Islah Abdellah Djaballah, affirme n'avoir pas compris les raisons de ces retards. «Nous regrettons que les textes de loi tardent à prendre forme. Nous sentons aujourd'hui comme s'il y avait quelque chose qui freine le processus de la concrétisation du projet présidentiel», a déclaré Djaballah, lors de la session ordinaire du conseil consultatif de son parti. Le leader d'El Islah redoute un sentiment de désespoir chez les citoyens qui ont adopté le projet du président. Il a estimé que si les textes de loi ne voyaient pas le jour dans les plus brefs délais, cela risquerait de «lasser» les citoyens ayant voté pour ce projet et de les faire plonger dans le «désespoir». Quelques rares informations rapportent que le travail juridique pour la concrétisation de cette charte a commencé au lendemain de l'annonce des résultats du référendum. D'autres avancent que les textes de loi seront promulgués sous forme de décrets présidentiels. D'autres encore ajoutent que ces textes d'application sont au nombre de vingt. Les supputations et la rumeur caractérisent une démarche qui semble s'opérer à huis clos.