Le casse-tête des alliances peut faire renaître le spectre du RCD. Le FFS avait raflé la mise lors des élections partielles de novembre dernier grâce au concours du FLN. Les deux partis ont scellé une alliance pour prendre le contrôle des APC de Kabylie. Cette alliance a laminé le RCD qui a occupé la seconde place après le FFS, lors du décompte des voix, sans parvenir pour autant à s'imposer dans ses fiefs traditionnels. Le FLN a préféré traiter avec le FFS pour différentes raisons. En premier lieu, le parti de Hocine Aït Ahmed reste incontournable dans la région et dispose encore d'une crédibilité satisfaisante qui lui permet de jouer les premiers rôles. En second lieu, le FLN a effectué une percée historique en revenant en Kabylie après une longue absence. Il veut investir cette réussite dans le long terme. Il sait qu'il ne peut aller au-delà sans l'appui du FFS qui, en restant dans l'opposition, confirme son ancrage dans la société. Enfin, en dernier lieu, le FLN regarde vers l'horizon 2007 et compte rééditer l'exploit du 24 novembre en rassurant les électeurs de Kabylie. Le scénario des partielles devait se reproduire pendant les sénatoriales du 23 février prochain. Si les données restent inchangées à Béjaïa, elles le sont moins à Tizi Ouzou. Les dernières frictions avec le FLN dans l'APC du chef-lieu de wilaya ont laissé un goût amer dans les rapports entre les deux partis. Ces malentendus profitent en premier lieu au RCD, le parti rival du FFS et hostile aux deux à la fois. Il y a quelques semaines, le FLN était prêt à donner le coup de pouce au FFS pour lui permettre de rafler les quatre sièges du Sénat en Kabylie. Il l'est moins aujourd'hui. Interrogé par l'Expression, à ce moment-là, le chargé de communication du FFS, Karim Tabou, avait indiqué qu'il n'y avait aucune négociation avec le FLN sur le sujet. La situation se présente mal pour le FFS. Il aura à affronter le RCD, son concurrent immédiat, qui risque de nouer des alliances avec les indépendants. Parce que la situation est dans une incertitude telle que celui qui arrive à tisser des alliances aura la mainmise sur la majorité des sièges. Rappelons que le corps électoral des grands électeurs est constitué de l'ensemble des élus de l'APW et des APC de la wilaya. Or, la spécificité de la Kabylie ne permet pas l'ingérence des commis de l'Etat dans le vote. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres wilayas où certains walis usent de leur influence pour faire passer les candidats qui leur sont acquis. Cela suppose que l'élection des sénateurs se fera d'une manière plus démocratique à Tizi Ouzou et Béjaïa. Par conséquent, les alliances auront un rôle déterminant sur le choix des sénateurs. Le FFS part handicapé, cette fois-ci, par ses démêlés avec le FLN. Il pourra certainement les surpasser s'il fait l'effort. S'il ne le fait pas, il aura offert les sièges du Sénat sur un plateau d'argent à son «frère ennemi». Le FLN, non plus, ne pourra aller plus loin sans le FFS. Puisque personne ne dispose de la majorité écrasante, aucun parti ne pourra décider seul du sort des postes en jeu. D'où la nécessité de sceller des alliances même avec ses pires adversaires au prix de sacrifices destinés à couper la voie à ses éternels ennemis.