Il s'agit de quatre sièges à pourvoir pour les circonscriptions de Béjaia et de Tizi-Ouzou. Mais ils revêtent une importance capitale pour les partis politiques de la région qui veulent avoir une vue de l'intérieur du conseil de la nation et le cas échéant exprimer leurs doléances par le biais de leurs sénateurs. Ce fut le cas pour le FFS qui avait raflé la mise lors des élections locales de 1997 et gagné les quatre sièges. Les quatre sénateurs du FFS vivaient en vase clos dans les couloirs du Sénat. Mais ils exprimaient les revendications tranchées de leur parti sans avoir vraiment une quelconque influence sur les débats parce que la nature même de la chambre haute du Parlement ne permettait pas les rejaillissements des revendications partisanes. Il fut rappeler aussi que le RND avait la majorité absolue sur le Sénat. Il l'avait gardée jusqu'à l ‘avènement de Bouteflika qui avait essayé de rétablir les équilibres par le tiers désigné. Mais le FLN n'a pas pu prendre le contrôle du Sénat qui reste alibi de la première mouture. Le dernier renouvellement partiel du Sénat qui remonte à 2003 a donné plus d'espace au FLN et un ancrage certain à l'insu du RND qui aura encore perdu de son espace vital lors du prochain renouvellement partiel en 2007. Les militants de ces deux partis affûtent déjà leurs armes, en guise de campagne précoce. Dans l'immédiat, il n'y a que quatre postes à pourvoir. Mais il y a trois partis à se les disputer tout en tenant compte des voix éparses des indépendants et des autres partis. La course sera donc serrée entre le FLN, le FFS et le RCD. Les alliances qui ont été tissées lors de l'installation des APC et des APW, issues du dernier vote, donnent un avant-goût sur celles qui seront établies lors des négociations sur les sièges du Sénat. Rappelons que le RCD avait présenté ses doléances au FFS qui les avait rejetées. Ce dernier avait préféré traiter avec le FLN. L'alliance faite autour de l'APW de Tizi-Ouzou révèle la teneur des conciliabules qui se font loin des yeux des médias. Le FLN refuse lui aussi de traiter avec le RCD. Pourtant ce parti constitue un obstacle parce qu'il pèsera lors du vote des grands électeurs. Il est un peu à l'image du Front national en France qui représente 15% des suffrages et dont personne ne cherche à connaître la destinée de ses voix pendant lors du deuxième tour. Si l'alliance se fait entre le FLN et le FFS, ces deux partis se partageront les quatre sièges. Si les négociations n'aboutissent pas on assistera à des scénarios inédits. Mais rien ne se fera sans l'aval de ces deux partis. En cédant l'APW de Tizi-Ouzou au FFS, le FLN a déjà balisé la voie aux sénatoriales de Kabylie. Car le FFS reste incontournable dans la région. Le FLN cherche surtout à étaler son burnous sur la région. S'il y parvient il aura réussi le pari de reconquête d'une région qui lui était viscéralement hostile avant les partielles. Ce pari permettra au FLN de reprendre sa place d'antan pour mieux agir et exercer son influence sur les grandes décisions. La présence du FLN en Kabylie est importante même s'il n'est pas appelé à jouer les premiers rôles. Il peut céder quelques sièges du Sénat au FFS pour récupérer la mise lors des échéances électorales à venir. Il aura le mérite d'avoir gagné la confiance du FFS et poussé le RCD dans ses derniers retranchements.