Le parti ne regrette pas d'avoir pris part à cette entité politique, mais reconnaît que «toute chose a une fin». «L'Algérie n'a pas besoin d'alliance politique. Il y a un parti majoritaire qui peut exercer pleinement ses responsabilités, laissant ainsi l'opposition assumer les siennes». C'est à cette conviction qu'on est arrivé aujourd'hui au Mouvement de la société pour la paix (MSP). L'idée exprimée, hier, par M.Abderrezak Mokri, le vice-président du parti, traduit, comme il l'a si bien argumenté, l'opinion générale qui règne au sein de sa formation. Pis, notre interlocuteur estime que les idéaux sur lesquels s'est fondée l'alliance stratégique n'ont plus aucune trace, deux années après. Le constat est clair: «L'alliance vit une période d'essoufflement». Tout porte à croire que l'état comateux dans lequel elle est, sciemment, entrée depuis quelques mois est le prélude d'une mort presque certaine, sauf miracle. C'est le pire scénario qui puisse arriver à cette alliance. Paradoxalement, cela ne semble pas pour autant choquer les parties prenantes. Du moins le MSP, qui offre une lecture, qui se veut pragmatique de la situation. «Si l'alliance n'arrive pas à travailler en coordination pour le bien de l'Algérie, je pense qu'elle n'a plus aucune raison d'être», déclare notre interlocuteur. Qu'est-ce qui empêche le MSP de claquer la porte de l'alliance s'il juge que son bilan est négatif? sachant aussi que, de l'avis même de Mokri, il n'y a pas assez de volonté politique chez les partenaires, en l'occurrence le FLN et le RND, pour redresser cette situation de crise? Nous n'aurons pas de réponse claire de la part de Mokri, qui tout en prenant ouvertement ses distances avec ses alliés, affirme néanmoins son souhait de voir les choses s'améliorer dans l'intérêt du pays et, bien sûr, de l'alliance. Comment expliquer cette brutale montée au créneau du MSP? Ce parti, connu pour son entrisme politique, ne rate aucune occasion pour tirer sur ses partenaires, sans pour autant provoquer des répliques dans leur terrain. En effet, le FLN et le RND s'entêtent à dire que «tout va bien au sein de l'alliance». Même si la réalité du terrain prouve le contraire. Le MSP veut-il monter les enchères à la veille des rendez-vous politiques importants? Mokri donne le ton, «nous sommes prêt à rester dans l'alliance mais pas à n'importe quel prix». Quel est donc le prix pour maintenir le MSP au sein de l'alliance? Des portefeuilles ministériels? Une meilleure place dans les centres de décision? L'on rappelle que le MSP n'a jamais caché ses ambitions politiques dans ce sens. Quelques mois seulement après la naissance de l'alliance, le chef du parti avait déjà revendiqué ouvertement sa part du gâteau. En prenant part à l'alliance, le MSP était conscient qu'il intervenait dans un terrain, fertile très fertile même. L'expérience de deux ans semble lui confirmer que ce terrain reste insensible aux grains semés par ce parti islamiste. Le MSP se rend compte aujourd'hui que «l'alliance politique ne constitue pas une nécessité pour le MSP. Le parti a sa place sur l'échiquier politique et continuera d'occuper cette place même après la disparition de cette entité» . Mieux, il se sent comme un «otage de cette alliance». «Je ne vous cache pas que cette situation nous met très mal à l'aise parce que cela nous empêche d'exercer notre rôle en temps que parti d'opposition.» La gêne viendrait aussi des positions prises dans le cadre de l'alliance ayant trait à des dossiers politiques importants, comme le code de la famille, la réforme de l'école, etc. Dans ce sens, Mokri reconnaît que son parti a fait beaucoup de concessions et consenti beaucoup de sacrifices. Chose qu'il n'est plus en mesure de continuer de faire aujourd'hui. Aucune rencontre au sommet n'est prévue par les chefs des trois formations politiques pour dégeler la situation, apprend-on de notre interlocuteur, qui s'en remet à l'arbitrage du président de la République. Mokri reconnaît que l'absence du président Bouteflika a influencé d'une manière négative les équilibres au sein de l'alliance. Son appui sera très positif pour la relance du processus de concertation entre les trois formations. Le MSP regrette-t-il d'avoir pris part à l'alliance? «Aucunement», mais avoue que «toute chose à une fin» et qu'il ne serait pas prêt à renouveler cette expérience si l'occasion se présentait dans les mêmes conditions actuelles.