Le livre est une suite de reportages réalisés par l'auteur entre mars 2004 et janvier 2005. Il est des deuils qui s'avèrent impossibles à effectuer, celui de Maurice Tarek Maschino est de ceux-là. Son travail de deuil à lui, il ne tente pas de le faire par rapport à la perte d'un être cher, mais au souvenir d'un pays qui refuse de quitter sa mémoire. L'amnésie on ne peut l'attraper délibérément. De ce fait, l'oubli s'avère délicat. Dans son dernier ouvrage Algérie : un deuil impossible, paru récemment aux éditions Acom, le journaliste franco-algérien Maurice T.Maschino parle justement de cette opération psychologique qu'il n'a jamais réussie à effectuer. «Je suis arrivé en Algérie au lendemain de l'indépendance, en 1962. Les plaies étaient toujours béantes. Et moi j'arrive, je m'installe et je travaille en tant que journaliste au journal El Moudjahid; en parallèle j'animais des émissions à la radio et j'étais professeur de philosophie» a indiqué l'auteur hier lors de la conférence de presse qu'il a animée au siège du quotidien El Watan. Ce travail, il l'a effectué pendant trois ans, soit de 1962 à 1965. Ensuite c'est la rupture. Pendant cette période, «on jouissait d'une liberté d'expression extraordinaire. On n'avait pas de problème. Vient ensuite l'après 1965. Je me souviens avoir fait ma dernière enquête pour le compte du journal El Moudjahid en 1965 et puis il n'y avait eu aucune suite. On s'est retrouvé soudain bâillonné ne pouvant plus travailler, selon notre bon gré.» En outre, l'auteur dit avoir écrit le livre pour trois raisons. Primo, parce que «l'Algérie m'a permis de vivre une histoire exaltante. D'autant plus que ce pays a accepté de m'adopter dès les premiers jours suivant la visite que j'y ai effectuée». Secundo, «j'ai une famille ici en Algérie». En effet, au lendemain de son arrivé en Algérie, M.T.Maschino s'est marié à Laghouat avec une Algérienne. «Ma belle famille m'a tout de suite adopté. Je ne me suis jamais senti étranger dans ce pays. Au contraire, je me sens un citoyen comme tous les Algériens. Ici, c'est pas comme en France. La-bas dès qu'on aperçoit un nom qui ne sonne pas français, on vous demande votre identité, vos racines, bref vos origines. En Algérie le problème ne se pose pas». La troisième raison qui a incité l'auteur a écrire son livre de 86 pages, en est les racines qu'il a de la Russie, de par sa mère. «Je suis né d'un père français et d'une mère russe. Je trouve que la culture de ma mère est d'une ressemblance frappante avec celle de ma femme. Je remarque chez les deux la même spontanéité, la même générosité et... la même révolte» a souligné l'auteur. Concernant le choix du titre, L'Algérie, le deuil impossible, Maurice T.Maschino a indiqué qu'il se rapporte à tous «ces deuils successifs qui n'ont en fin de compte abouti à rien». En effet , l'auteur avait déjà écrit deux livres sur l'Algérie. Donc avec ce dernier, il en est à son troisième. Le premier, L'Algérie des illusions, il l'a écrit en 1974 ; L'Algérie retrouvée est, quant à lui, sorti en 2004 chez les éditions Fayard. Par ailleurs, Algérie, le deuil impossible est une suite de reportages réalisés par l'auteur. Cette série de reportages réalisés en Algérie s'étend de mars 2004 à janvier 2005. Maurice T.Maschino rapporte tout ce que son oeil avisé a pu glaner. «Il en est parfois d'un pays comme de ces êtres qu'aucune grâce ne distingue et dont on se demande par quel miracle ils ont pu séduire leur partenaire» écrit-il. «Ainsi arrive-t-il que des amis français s'étonnent qu'après l'avoir quittée, il y a plus de trente ans, je sois toujours très attaché à l'Algérie». Attaché certes, mais il se dit frustré de ne se rendre en Algérie que pour y passer ses vacances.