Le dernier film Ard El Khowf (La terre de la peur), du réalisateur égyptien Daoud Abd Essayed, a été projeté, avant hier, à la salle El Mougar. Sorti dans les salles en 1999, le film, d'une durée de 150 minutes, est un thriller policier. Interprété par le défunt Ahmed Zaki, Farah, Ahmed Ghayt, le film relate l'histoire d'un commissaire de police, Yehia El Mankabady, qui tente de s'engouffrer dans les rouages de la mafia cairote. Chose qui n'est pas du tout aisée pour ce policier dont la vie privée est en constant ballottage. Et c'est ce ballottage même qui le conduira dans une aventure dont l'issue est incertaine. Ainsi, sa mission le conduit à enquêter sur les «grandes pointures» du trafic de drogue au Caire. Pour cela, il doit pénétrer les murs d'une prison et se mêler à eux, incognito. Néanmoins, en dépit des efforts consentis, sa mission ne le conduit que vers le désastre et la ruine. En effet, son double jeu, celui du policier et du trafiquant de drogue, s'effiloche doucement. A travers ce film, le réalisateur tente de porter une critique sur la société égyptienne. Une société rongée par la corruption et la pauvreté. Daoud Abd Essayed, actuellement en Algérie, dans le cadre de la semaine culturelle égyptienne, a indiqué que ce film, comme toutes ses oeuvres, s'inscrit dans «le réalisme car elles expriment les préoccupations et les aspirations de la société». Il a indiqué en outre avoir «choisi les thèmes qui consacrent ses idées et ses points de vue». Le réalisateur a affirmé soutenir le cinéma d'auteur qui permet au réalisateur de «présenter des films véhiculant une pensée et un message capables de provoquer des réactions du public et dont l'effet se prolonge, contrairement au cinéma commercial à courte consommation». Abordant l'avenir du cinéma dans le monde, le réalisateur a précisé que l'avenir de tout cinéma dans le monde est tributaire des conditions socio-économiques et culturelles du pays et que la situation influe sur l'essor ou le déclin de cette industrie. Il a affirmé que la stabilité est un facteur essentiel pour l'épanouissement du cinéma. Abordant les critères du film à succès, le réalisateur a estimé qu'il s'agit «du film qui pousse le spectateur à le regarder à plusieurs reprises sans éprouver de l'ennui et à retrouver à chaque fois le même sentiment de nouveauté». Tel est, selon lui, le secret des films éternels. Concernant la coproduction, M.Abd Essayed a indiqué qu'il «ne croit pas en ce genre de production qui limite, selon lui, la liberté du créateur en imposant des conditions sur le thème choisi .» En dépit de son attachement à son style propre, le réalisateur ne nie pas son admiration pour nombre de réalisateurs mondiaux à l'exemple des pôles du réalisme italien, ainsi que pour certaines figures du cinéma arabe notamment Wafik Saleh, Salah Abou Seif et Youcef Chahine. Il convient de souligner que le réalisateur Daoud Abd Essayed participe aux activités de la semaine culturelle égyptienne à Alger avec deux films dont Ard El Khowf (La terre de la peur) et Mowatine Mokhbir wa harami(Le citoyen, l'espion et le voleur).