La jeune réalisatrice aspire à une meilleure réciprocité en matière d'informations sur nos deux cinémas voisins. On est loin des films de comédie sirupeux et un rien mélodramatique. Le cinéma égyptien connaît aujourd'hui, une certaine évolution. Pour preuve, la jeune réalisatrice qui bouillonne d'idées, Sandra, est, actuellement, à Alger pour présenter ce soir, à 18h30, à la salle El Mougar, son avant-dernier film, Malaki Iskandaria. Un film qui lui coûté entre 2 et 3 millions de dollars et produit, notamment par Ouael Abdel Ellah, de la société Oscar. Sandra, qui a déjà à son actif plusieurs courts métrages, des réalisations de clips musicaux et quelques films, regrettera d'emblée le manque d'informations entourant le cinéma égyptien en Algérie. «Il faut que nous ayons une meilleure connaissance de nos acteurs. C'est un travail à faire des deux côtés. C'est un défaut qui incombe à tous les deux. C'est aussi honteux qu'on ne sache de nos comédiens que Adel Imam et Yahia El Fakharani; le cinéma égyptien regorge de nouveaux talents». La jeune réalisatrice reconnaît aussi ne pas connaître grand-chose de nos comédiens qu'elle espère rencontrer et pourquoi pas, établir des contacts pour des coproductions. Elle évoque, aujourd'hui, la diversité des genres cinématographiques en Egypte dont celui du suspense et de l'action, le style de Malaki Iskandaria. Se disant n'appartenir à aucun courant cinématographique, notamment américain, Sandra dit utiliser juste le langage du cinéma, qui n'a pas de nationalité, en faisant remarquer que le film d'action n'est pas l'apanage des Américains. Parlant de ses débuts, elle dira avoir été têtue car elle voulait toujours imposer ses idées pour marquer son territoire. Cependant, dira-t-elle: «Si on m'avait dit que c'était mauvais je me serais arrêtée sur le champ, de tourner, car à l'époque, je ne savais pas ce que je valais.» Et de renchérir: Faire participer des stars dans mes films m'importait peu. Mais c'est vrai que Yahia El Fakharani a été un bon tremplin. Une sorte de garantie pour ma crédibilité auprès des gens du cinéma qui ne savaient guère d'où je sortais...A propos de sa condition de femme dans un milieu réputé dur, la réalisatrice soulignera n'avoir jamais eu à se confronter à ce genre de problème. «Tout le mode doutait de moi non pas parce que je suis femme mais parce que je débutais dans le métier. J'avais un certain complexe, je voulais imposer mes idées en tant que réalisatrice et pas en tant que femme.» S'agissant du film qui sera projeté ce soir, on trouvera dans la distribution des rôles, Ahmed Azr, Khaled Zaki et Ghada Adel. L'histoire est celle d'une femme qui complote pour l'assassinat de son vieux mari. Accusé, un avocat tombé sous le charme essaye de la disculper et finit par se marier avec elle. Deux ans plus tard, ils ont un enfant. Coup de théâtre, l'avocat finit par élucider toute l'affaire du meurtre...Le dernier film de Sandra intitulé El Rahina est, actuellement, à l'affiche en Egypte et a, lui aussi beaucoup de succès, selon elle. Que ce soit commercial ou non, son film, dit-elle, répond à un nouveau genre cinématographique très prisé par les jeunes. «Bon ou mauvais c'est le temps qui jugera», dit-elle. Enfin, parlant du film, l'Immeuble Yakoubian qui a fait sensation à sa sortie en Egypte et ailleurs, Sandra dira qu'elle a adoré et le film et le livre, mais constatera-t-elle: «C'est dommage je sors accablé de la salle après l'avoir vu» Ceci dénote ainsi la réalité égyptienne d'aujourd'hui qui connaît indéniablement des mutations. C'est pourquoi, dit-elle, «il ne faut pas comparer le cinéma des années 60 avec celui d'aujourd'hui, car chaque cinéma est le miroir de sa société et de son époque...» Suspense, action, mystère et idylle, tous les ingrédients sont là, pour scotcher sur sa chaise le spectateur. Alors à ne pas rater, ce soir, à la salle El Mougar. Avec le charme et le talent gageons que cette réalisatrice ira loin!