Selon Bloomberg, l'Algérie, pour remonter son déficit budgétaire au titre de l'exercice 2019, «aurait besoin d'un baril de pétrole à 116,40 dollars, contre 95/100 dollars en 2017/2018». Malgré toutes les restrictions et les taxes annoncées, il faudrait un baril à 95/100 dollars pour éviter les tensions budgétaires en 2020. En ce mois de septembre 2019 Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays avec les dérivées, les exportations hors hydrocarbures moins les dérivées d'hydrocarbures n'ayant pas dépassé 700 millions de dollars en 2018. Le PLF-2020 prévoit, un taux de croissance de 1,8%, inférieur donc au taux de croissance démographique, des budgets de fonctionnement et équipement de 7773 milliards DA (65,87 milliards de dollars ), avec un budget de fonctionnement de l'ordre de 4893 mds DA(41,46 milliards de dollars) et de 2 880 mds DA pour l'équipement (20,40 milliards de dollars) au cours de 118 dinars un dollar. Loi de finances PLF 2020 Le déficit budgétaire s'établira à 7,2% du PIB, avec un montant de 1533,4 mds DA (12,99 milliards de dollars), tandis que le solde global du Trésor est prévu à 2435,6 mds DA (20,64 milliards de dollars), soit 11,4% du PIB. Ce dernier est estimé à 2130 milliards de dinars, évitant l'euphorie, seulement 180 milliards de dollars pour une population au 1er janvier 2019 d'environ 43 millions d'habitants, dominé directement et indirectement par la rente hydrocarbures via la dépense publique, toujours au même cours dinar/dollar. Alors que le PIB mondial étant estimé à 84740 milliards de dollars américains au 1er janvier 2019, par le Fonds monétaire international, pour une population, d'environ 7,637 milliards d'habitants avec une concentration de la richesse mondiale d'environ 46,31%%,pour environ 11% de la population mondiale, entre l'Europe des 28 et les Etats-Unis d'Amérique, contre 12240 milliards de dollars , la Chine, pour 1,14 milliard d'habitants, montrant la marginalisation de l'Algérie au sein de l'économie mondiale. Nous aurons une baisse de 9,2% des dépenses, avec une baisse des dépenses d'équipement (-20,1%), une légère baisse des dépenses de fonctionnement (1,2%) et une baisse de 8,3% des recettes fiscales globales. Ces dernières, malgré une hausse prévue de 5,3% de la fiscalité ordinaire, seront impactées par un recul de la fiscalité pétrolière qui atteindra 2200,3 milliards de dinars en 2020, Le PLF 2020 prévoit d'alléger la règle dite des 51/49% sur l'investissement étranger avec une levée des restrictions qui concernent les «secteurs non stratégiques, mais l'Exécutif ne fournit pas de précisions sur les secteurs considérés comme étant «stratégiques» qui resteront soumis à cette règle. Par ailleurs, le PLF2020 n'écarte pas la possibilité de recours à l'endettement extérieur pour financer les projets économiques structurants. Comme pour les lois antérieures, les subventions généralisées sont contenues dans le projet de la loi de finances 2020 concernant les principaux produits de première nécessité, encore que cela est injuste, celui qui perçoit 30000 dinars mois bénéficiant des mêmes subventions que celui dont le revenu dépasse 300000 dinars. Pour 2019, une enveloppe budgétaire de 1 763 milliards de DA a été allouée aux transferts sociaux (contre 1760 milliards de DA en 2018), soit près de 21% de la totalité du budget de l'Etat de l'année 2019. Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 mds DA destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 mds DA seront attribués aux retraites, et auxquels s'ajoutera une dotation d'appui de 500 mds DA à la Caisse nationale des retraites (CNR). Ces transferts sociaux comportent également près de 336 mds DA pour la politique publique de santé et plus de 350 mds DA pour la politique publique de l'habitat auxquels s'ajouteront près de 300 mds DA mobilisés pour ce secteur par le Fonds national d'investissement (FNI).En revanche, moins de 40% de la population algérienne ont un véhicule et le relèvement du prix du gasoil et de l'essence est relativement faible comparé au prix international. Baisse des réserves de changes Bien que la dette extérieure soit d'environ 1/2% du PIB, nous assistons à la baisse drastique des réserves de changes, Rappelons que la loi de finances 2019, prévoyait, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de changes à 62 milliards usd en 2019, puis à 47,8 milliards usd en 2020 pour atteindre 33.8 milliards usd en 2021. Or, avec la crise politique qui non résolue paralyse l'économie, ces prévisions risquent de ne pas être concrétisées, sauf un acte suicidaire du gouvernement de bloquer sans analyser les impacts, d'une grande fraction des importations. En effet, nous avons eu une baisse d'environ 7 milliards de dollars entre janvier et avril 2019 et à ce rythme la baisse fin 2019 serait de 21 milliards de dollars. Les investissements directs étrangers fléchissant à cause de la crise politique et au rythme de la dépense publique qui tire à plus de 80% la croissance, les réserves de changes risquent de fondre au début de l'année 2022. Cette baisse des réserves de changes a un impact sur la cotation du dinar où contrairement à certaines déclarations hasardeuses récentes comparant le non comparable (pays développés) le cours du dinar officiel 1990-2019, est corrélé aux réserves de changes, via les recettes d'hydrocarbures à plus de 70%, et sur le marché parallèle, l'écart avec le cours officiel est d'environ 50% dépendant de l'équilibre offre/demande. En cas de baisse drastique des réserves de changes à 10/12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d'Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d'inflation, entre 300/400 dinars un euro, ce qui accélérera le processus inflationniste. Malgré ces prévisions pessimistes, le projet de loi de finances 2020 serait élaboré sur la base d'un financement conventionnel en s'appuyant essentiellement sur les recettes budgétaires ordinaires par le renforcement des impôts et taxes sur la fortune et les biens en fonction des signes de richesse mobilière et immobilière Comme je l'ai souligné dès sa mise en œuvre, après des discours euphoriques sur le bienfait du financement non conventionnel de certains experts organiques. Le recours à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire aura un impact négatif à terme tout en favorisant, contrairement à certains discours, la baisse des réserves de changes puisque en mettant à la disposition de certaines entreprises des dinars, 70% des matières premières et des équipements des entreprises publiques et privées étant importées, le taux d'intégration ne dépassant pas 15/20%, ces dernières se porteront importatrices en devises. Le gouvernement vient de décider en ce mois de fin septembre 2019 d'abandonner le financement non conventionnel, où, sur les 6 556,2 milliards de dinars (environ 56 milliards de dollars au cours de 118 dinars un dollar) mobilisés par le Trésor public auprès de la Banque d'Algérie (BA), au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019, environ 3114,4 mds de DA( 26,38 milliards de dollars au cours de 118 dinars un dollar) ont été injectés dans l'économie, soit 47,50%. Le non-recours au financement non conventionnel pour éviter les tensions budgétaires pourrait s'articuler autour de huit axes. Premièrement, accroître la production et la productivité interne et attirer l'investissement étranger, mais cela demandera plusieurs années, si l'on met en place une autre politique économique. Deuxièmement, un cours supérieur à 90 dollars le baril et accroître les exportations d'hydrocarbures. Mais, outre le respect du quota de l'Opep par l'Algérie, les prévisions internationales pour 2020 donnent un cours entre 60/65 dollars, moins, en cas de la résolution des tensions commerciales entre les USA et la Chine. Troisièmement, une plus grande rigueur budgétaire dans l'allocation ciblée du financement, impliquant une planification stratégique qui fait défaut. Quatrièmement, un endettement extérieur ciblé pour des projets créateurs de valeur ajoutée. Pallier la planche à billets Cinquièmement, lutter contre la corruption et les surfacturations et dans ce cadre, il faut se demander pourquoi le faible impact de la dépense publique entre 2000/2018, plus de 1100 milliards de dollars (part dinars et devises) sur la sphère économique et donc sur la sphère sociale. Les études internationales montrent que l'Algérie avec ces dépenses en référence aux pays de la région Mena qui ont des résultats supérieurs avec trois fois moins de dépenses : corruption, surfacturation ou mauvaise gestion des projets. Sixièmement, déraper le dinar pour ne pas dire dévaluation (inflation importée) pour augmenter à la fois la taxe hydrocarbures ( reconversion du dollar en dinar dévalué passant par exemple de 118 dinars un dollar à 125 ) et la fiscalité ordinaire ( par exemple 138 dinars un euro à 150, la taxe s'appliquant au dinar au port), ce qui constitue un impôt indirect supporté par le consommateur ou l'entreprise pour les entrants importés, réduisant son profit net ou le répercutant sur le consommateur. Septièmement, augmenter la TVA sur les produits, solution de facilité, l'impôt indirect étant injuste par définition, l'impôt direct étant le signe d'une plus grande citoyenneté. Enfin, huitièmement recours ultime, puiser dans les réserves de changes.