La situation économique de l'Algérie, en ce mois d'octobre 2019, n'incite guère à l'optimisme, une dégradation accélérée par le passé par le manque de vision stratégique et la mauvaise gouvernance et récemment par crise politique qui risque d'avoir des incidences très graves sur le plan social et sécuritaires. 1.-Les tendances de la balance commerciale pour les 8 premiers mois de 2019 Les exportations algériennes ont atteint près de 24,30 milliards de dollars (toujours durant les huit premiers mois de 2019, contre 27,53 mds usd à la même période de l'année 2018 ce qui nous donnerait en tendance 41,29 milliards de dollars. Les hydrocarbures non compris les dérivées inclus dans la rubrique exportation hors hydrocarbures, (1,74 md usd, près de 7,2% du volume global des exportations, contre 1,93 md usd à la même période en 2018, en baisse de -9,8%), ont représenté 22,55 mds usd, contre près de 25,60 mds usd à la même période 2018, en baisse de (-11,91%), soit en tendance annuelle 33,82 milliards de dollars ( 92,82% du volume global des exportations). Les importations ont atteint 28,97 mds usd, contre 30,58 mds usd, en 2018 ce qui noud donnerait en tendance 45 milliards de dollars uniquement pour les biens plus 8/9 milliards de dollars de services soit un total de sorties de devises variant entre 53/54 milliards de dollars. De janvier à août derniers, les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 83,85%, contre 90,03% à la même période de l'année 2018. La facture d'importation du groupe énergie et lubrifiants (carburants) a baissé de près de 42%, en s'établissant à 467,72 millions usd, contre 804,56 millions usd, ce qui donnerait en tendance annuelle fin 2019 702 millions de dollars. Concernant les partenaires commerciaux de l'Algérie, durant les huit premiers mois de l'année en cours, la France, maintient sa place de principal client du pays avec près de 3,41 mds usd, (14,02% des exportations algériennes globales), en hausse de 11,93%, suivie de l'Italie avec 3,25 mds usd (13,39%), l'Espagne avec 2,76 mds usd (11,37%), les Etats-Unis avec 1,89 md usd (7,81%) et la Turquie avec 1,56 md usd (6,42%). En ce qui concerne les principaux fournisseurs de l'Algérie, les cinq premiers ayant représenté plus de 50 % , sont: la Chine qui maintient toujours sa première place avec 5,45 mds usd (18,80% des importations globales algériennes), en hausse de 11,11%, suivie de la France avec 2,86 mds usd (9,86%), de l'Italie avec 2,12 md usd (7,33%), de l' Espagne avec 2,11 md usd (7,27%) et de l'Allemagne avec 2,08 md usd (7,17%).
2.- Tensions au niveau de la balance des paiements, baisse des réserves de change La balance commerciale de l'Algérie a connu un déficit de 4,68 milliards de dollars durant les huit premiers mois de 2019, contre 3,05 milliards de dollars à la même période en 2018, selon la Direction générale des Douanes (DGD). Au même rythme fin 2019 nous aurons 7,02 milliards de dollars. Cependant la balance commerciale n'est pas significative. Il faudra ajouter entre 8/9 milliards de dollars de sortie de devises des services ce qui nous donnerait entre 15/16 milliards de dollars du déficit global. Cela a un impact sur les réserves de change fonction à 98% des recettes d'hydrocarbures et de ses dérivées qui ont clôturé selon la banque d'Algérie à 72,6 milliards de dollars fin avril 2019 contre 79,88 milliards de dollars au 31/12/ 2019 soit une baisse 7,28 milliards de dollars en quatre mois ce qui donnerait en tendance fin 2019 21,84 milliards de dollars 58,04 milliards de dollars et à ce rythme il ya risque d'aller vers la cessation de paiement fin 2021, début 2022 avec environ selon nos estimations entre 16/20 milliards de dollars fin 2021. Alors qu'en 2018, les réserves de change s'étaient contractées de 17,45 mds de DA par rapport à la fin 2017 (97,33 mds usd). Et que la loi de finances 2019 prévoyait , pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards usd en 2019, puis à 47,8 milliards usd en 2020 pour atteindre 33.8 milliards usd en 2021.Les multitudes actions du gouvernement pour faire face à l'érosion continue des réserves de change ,sur la rationalisation des importations des biens, à travers leur limitation aux besoins réels du marché national, en attendant la généralisation de cette approche aux services, n'ont pas eu les effets escomptés, la crise politique actuelle ayant accentué la crise économique , un taux de chômage qui risque d'augmenter, le taux de croissance prévu entre 2019/2022 étant trop faible par rapport à une croissance démographique galopante . Certes le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse sa prévision de croissance économique pour l'Algérie en 2019, la portant à 2,6% contre une croissance de 2,3% anticipée en avril dernier. L'institution monétaire internationale a, par contre, abaissé son estimation de la croissance pour 2018, la situant à 1,4% contre 2,1% attendue dans l'édition d'avril. En 2024, la croissance du PIB réel algérien devrait chuter à 0,8%, selon le FMI. Pour ce qui est du déficit de la balance du compte courant, il augmentera en 2019, selon les mêmes prévisions, à -12,6% du PIB (contre une prévision de -12,5%. Ce déficit, qui a été de -9,6% en 2018, devrait représenter -11,9% du PIB en 2020 (contre -9,3% du PIB prévu en avril dernier) avant de descendre à -6,9% en 2024. L'estimation du taux de chômage a, quant à elle, été maintenue à 11,7% en 2018 mais devrait augmenter à 12,5% en 2019 (contre une prévision de 12,6% faite en avril) et à 13,3% en 2020 (contre une prévision de 13,7% en avril). L'estimation du taux de chômage a, quant à elle, été maintenue à 11,7% en 2018 mais devrait augmenter à 12,5% en 2019 (contre une prévision de 12,6% faite en avril) et à 13,3% en 2020 (contre une prévision de 13,7% en avril).
Que faire sans recours au financement non conventionnel ? La loi de finances 2020 s'interdit le financement non conventionnel sans l'écarter totalement en 2021/2022. Sur les 6.556,2 milliards de DA (mds DA), mobilisés par le Trésor auprès de la Banque d'Algérie (BA) au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019, 3.114,4 mds de DA ont été injectés dans l'économie, soit près de la moitié, selon une note de la Banque, un solde de 945,1 mds de DA étant abrité au compte de Trésor auprès de la BA et donc non encore injecté dans l'économie. Ainsi s'offrent huit solutions pour ne pas recourir au financement non conventionnel Premièrement, accroitre la production et la productivité interne et attirer l'investissement étranger mais cela demandera plusieurs années, si l'on met en place une autre politique économique et si on résout la crise politique. Deuxièmement, un cours supérieur à 90 dollars le baril et accroire les exportations d'hydrocarbures. Mais, outre le respect du quota de l'OPEP par l'Algérie les prévisions internationales pour 2020 donnent un cours entre 60/65 dollars, moins, en cas de la résolution des tensions commerciales entre les USA et la Chine, ne devant plus se faire d'illusion d'un cours de 90/100 dollars le baril et d'une augmentation du volume exportable. La modification de la loi des hydrocarbures de 2013 , contrairement à une certaines propagande , certes nécessaire, puisque n'ayant attiré que peu d'investisseurs , même modifiée n'aura d'impacts, si on améliore le climat des affaires qui est la contrainte principale, pas avant deux à trois ans en tenant de l'entrée de nouveaux producteurs que du nouveau modèle de consommation énergétique qui se met en place au niveau mondial entre 2020/2030/2040. Troisièmement, une plus grande rigueur budgétaire dans l'allocation ciblée du financement, impliquant une planification stratégique qui fait défaut. Quatrièmement, un endettement extérieur ciblé pour des projets créateur de valeur ajoutée. Cinquièmement, lutter contre la corruption et les surfacturations et dans ce cadre, il faut se demander pourquoi le faible impact de la dépense publique entre 2000/2018, plus de 1100 milliards de dollars (part dinars et devises) sur la sphère économique et donc sur la sphère sociale. Les études internationales montrent que l'Algérie avec ces dépenses en référence aux pays de la région MENA qui ont des résultats supérieurs avec trois fois moins de dépenses : corruption, surfacturation ou mauvaise gestion des projets. Sixièmement, déraper le dinar pour ne pas dire dévaluation (inflation importée) pour augmenter à la fois la taxe hydrocarbures ( reconversion du dollar en dinar dévalué passant par exemple de 118 dinars un dollar à 125 ) et la fiscalité ordinaire ( reconversion de l'euro en dinars par exemple 138 dinars un euro à 150, la taxe s'appliquant au dinar au port), ce qui constitue un impôt indirect supporté par le consommateur final ou l'entreprise pour les entrants importés, réduisant son profit net ou le répercutant sur le consommateur. Septièmement, augmenter la fiscalité ordinaire mais qui ne touchera que les activités visibles sachant que plus de 50% de l'activité économique est dans la sphère informelle risquant sans vision stratégique de l'accroitre , ainsi que l'augmentation des taxes sur les produits, solution de facilité, l'impôt indirect étant injuste par définition, l'import direct étant le signe d'une plus grande citoyenneté, dont l'impôt sur la fortune, au-delà d'un certain seuil raisonnable, pour ne pas pénaliser les couches moyennes et l'investissement. Huitièmement recours ultime, continuer à puiser dans les réserves de change, faute d'une vision stratégique s'adaptant au nouveau monde (nouvelle gouvernance centrale et locale, intelligence artificielle, primat de l'économie de la connaissance, nouvelle politique énergétique fondée sur une réelle transition énergétique) afin de réaliser une économie concurrentielle dans le cadre des valeurs internationales. En résumé, il faut éviter de vendre des rêves de certains experts organiques : l'objectif essentiel pour l'Algérie est la résolution de la crise politique sans laquelle aucun investisseur sérieux ne viendra, la stabilité politique étant un des critères principal de l'attrait de l'investissement à valeur ajoutée qu'il soit national ou international. Et avec l'épuisement des réserves de change et le retour au FMI, ce qu'aucun patriote ne souhaite, les impacts seront désastreux pour l'Algérie, tant sur le plan économique, social, politique, sécuritaire que les relations diplomatiques.