La justice tunisienne a décidé de libérer le candidat à la présidentielle Nabil Karoui, qui devait sortir de prison dès hier soir, à quatre jours du second tour du scrutin qui doit l'opposer au juriste indépendant Kaïs Saïed. Selon l'un de ses avocats, Me Kamel Ben Messoud, le candidat à la présidentielle Nabil Karoui, incarcéré depuis fin août et soupçonné de blanchiment d'argent, devait sortir de prison dès hier soir, suite à la décision prise par la Cour de cassation. Auparavant, l'équipe de campagne de Nabil Karoui, candidat du parti «Qalb Tounes» au deuxième tour de l'élection, a réclamé à maintes reprises sa libération en vue de participer à la campagne électorale dans le cadre de sa course à la présidentielle. Nabil Karoui s'était déclaré déterminé à poursuivre la course au Palais de Carthage «par respect pour la volonté du peuple et envers son électorat». Kaïs Saïed (18,4%) et Nabil Karoui (15,58%) sont arrivés premier et deuxième de la course à la présidentielle. Ils disputeront le 13 octobre prochain, le deuxième tour. L'équipe de campagne a souligné, dans ce contexte, que Nabil Karoui, placé en détention, avait refusé d'accorder des interviews ou des déclarations tant qu'il était en prison. Ce refus intervient en protestation contre la détention «à connotation politique» du candidat, d'après l'équipe de campagne, et pour «dénoncer le non-respect de l'égalité des chances» entre Nabil Karoui et le deuxième candidat à la présidentielle, Kaïs Saied, qui bénéficie de «tous ses droits constitutionnels et électoraux». Toutes les demandes de remise en liberté avaient jusque-là été rejetées, la dernière en date le 1er octobre. Son parti avait organisé une «caravane de protestation», avec quelques dizaines de personnes, ayant quitté hier matin le sud de la Tunisie pour se diriger en voiture vers Tunis, afin de réclamer sa libération. Cette caravane devrait arriver demain après-midi dans le centre de Tunis. Les avocats de Nabil Karoui avaient par ailleurs déposé avant-hier, un recours devant le tribunal administratif afin de réclamer un report du second tour de la présidentielle, jusqu'à ce qu'il puisse sortir de prison pour faire campagne. M. Karoui avait réclamé à l'instance chargée des élections (Isie) de «pouvoir se déplacer dans tous les gouvernorats pendant la campagne, et être en contact direct avec les médias», avait indiqué mardi son parti Qalb Tounes, dans un communiqué. «En l'absence de réponse de la part de l'Isie, nous avons demandé le report du second tour jusqu'à l'expiration des motifs de l'inégalité des chances», selon le texte. Le parti fondé, il y a six mois par M. Karoui, Qalb Tounes, est arrivé second aux législatives de dimanche selon plusieurs sondages -les résultats préliminaires étaient attendus hier.