Quatre candidats se disputent demain l'élection présidentielle au Mozambique, dont le chef de l'Etat sortant Filipe Nyusi qui fait figure de grand favori. Filipe Jacito Nyusi, 60 ans, a succédé à son mentor Armando Guebuza à la tête du Mozambique en 2014. Jusque-là peu connu du grand public, il est alors devenu le premier chef de l'Etat à ne pas être issu du sud du pays - il est né dans la province de Cabo Delgado (nord) - et le premier à n'avoir pas participé à la lutte d'indépendance. Fils de vétérans de cette guerre de libération, Filipe Nyusi a adhéré très jeune au Front de libération du Mozambique (Frelimo). Il a fait des études à Brno, en République tchèque, et à Manchester, au Royaume-Uni, avant de faire carrière à la compagnie nationale ferroviaire et portuaire (CFM). Poussé par le président Guebuza, il entre au gouvernement en 2008 au portefeuille de la Défense, puis est investi candidat du Frelimo pour la présidentielle de 2014. Vainqueur avec 57% des voix, M. Nyusi se présente alors comme «l'abeille qui va faire du miel pour tous», en référence à son patronyme qui signifie «abeille» dans sa langue natale. Mais, sous son mandat, l'économie du pays qui affichait une croissance de 7% par an ralentit brutalement, victime d'un scandale provoqué par une affaire de prêts secrets qui a nourri une vaste opération de corruption au plus haut sommet de l'Etat mozambicain. Filipe Nyusi aborde l'élection en position de faiblesse, déstabilisé en outre par une insurrection islamiste qui ensanglante depuis deux ans sa province natale. A 58 ans, Ossufo Momade assume difficilement depuis un an la succession du chef historique de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), Afonso Dhlakama, décédé brutalement dans son fief des montagnes de Gorongosa (centre). Entré très jeune dans les rangs de l'armée, il rejoint la Renamo peu après le début de la guerre civile (1975) jusqu'à en devenir un des principaux chefs militaires lors de la signature des accords de paix de 1992. Son mouvement rejoint alors officiellement l'opposition au régime et M. Momade se fait élire député en 1999, un mandat qu'il a conservé jusqu'à ce jour. Secrétaire général du parti de 2007 à 2012, il en dirige ensuite le département militaire, notamment pendant la reprise des hostilités armées avec le régime (2013-2016), jusqu'à la mort brutale d'Afonso Dhlakama en mai 2018. Bombardé alors à la tête de l'ex-rébellion, il y suit les pas de son prédécesseur en signant en août avec le gouvernement un accord de paix censé mettre un point final au conflit. Mais cet accord, qui prévoit le désarmement de l'aile armée de la Renamo, n'est pas du goût de l'ensemble du parti. Une faction le dénonce et refuse l'autorité de M. Momade, toutefois intronisé candidat de son parti face à Filipe Nyusi. David Simango, 55 ans, est le troisième homme du scrutin. Fils d'un dirigeant du Frelimo victime d'une purge au sein du parti au pouvoir, Daviz Simango s'est lancé en politique dans les rangs de la Renamo avant de faire sécession en 2009 pour créer le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM). Ingénieur de formation, il est maire depuis 2003 de la deuxième ville du pays Beira, ravagée il y a six mois par le cyclone Idai. Candidat une première fois à la présidentielle en 2009, il y recueille près de 9% des suffrages. Mais il ne parvient pas à pousser son influence au-delà et doit se contenter de 6% seulement cinq ans plus tard. Son parti a aussi reculé lors des élections locales de l'an dernier en ne recueillant que 8,5% des suffrages au niveau national. Daviz Simango avait alors réussi à conserver son fief de Beira. Mario Albino est l'invité surprise du scrutin présidentiel, et il se présente au nom d'un Mouvement uni pour le salut intégral (AMUSI), créé par d'anciens membres du MDM entrés en dissidence.