En l'absence de recours formulé par son rival malheureux au 2ème tour de la présidentielle, dimanche dernier, le nouveau président élu de la Tunisie, Kaïs Saïed, va prêter serment mercredi prochain, 23 octobre 2019, devant les membres de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) un Parlement lui-même issu des élections législatives du 3 octobre et réuni en assemblée plénière consacrée à cette cérémonie. La nouvelle a été diffusée par l'agence officielle Tunis Afrique Presse qui rappelle, à cet égard, que l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a proclamé les résultats définitifs de la présidentielle anticipée, confirmant par la même occasion la victoire de l'universitaire Kaïes Saïed. «Les résultats préliminaires annoncés sont désormais définitifs», a en effet annoncé le président de l'ISIE, Nabil Baffoun, précisant qu'aucun recours contre les résultats préliminaires n'a été intenté par les deux candidats, dans les délais impartis. Rappelons que Kaïs Saïed a remporté le second tour avec 72,71% des suffrages face à Nabil Karoui qui a obtenu 27,29%, selon les chiffres de l'ISIE, communiqués au lendemain du scrutin du 13 octobre. Selon les dispositions constitutionnelles, en vigueur depuis 2014, l'Assemblée des représentants du peuple devait convoquer une séance parlementaire dédiée au serment présidentiel avant la date limite pour l'investiture fixée au 25 octobre. Le président de la République est élu, en Tunisie, pour un mandat de 5 ans. Par ailleurs, les tractations vont bon train en vue de la formation du prochain gouvernement alors que le parti de Rached Ghannouchi a déjà formulé des conditions sur la question, estimant que le poste de chef du gouvernement doit « nécessairement » revenir au parti islamiste qui n'a pas dévoilé pour autant le nom de son candidat. Apôtre du droit et droit dans ses bottes, le nouveau président Kaïs Saïed aura-t-il voix au chapitre dans ce domaine où se joue la future gestion socio-économique du pays ? Rien n'est moins sûr, du moins pour l'instant, Ennahdha donnant l'impression qu'elle est prête à faire cavalier seul alors que le nombre de sièges remporté ne lui permet guère d'afficher un tel appétit. Au cas où sa démarche ne pourrait pas aboutir, il reviendra au président élu Kaïs Saïed de proposer un chef de gouvernement qui sera chargé de former une équipe dont la validation par l'ARP sera impérative. Autant dire que les choses sérieuses commencent pour toutes les parties en embuscade. Une bonne nouvelle est néanmoins tombée, hier, pour la Tunisie qui sort officiellement de la liste noire du Groupe d'action financière (GAFI), ayant honoré ses engagements en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le GAFI réuni en plénière du 16 au 18 octobre à Paris, a rendu publique sa décision hier matin, en estimant que le gouvernement conduit par Youssef Chahed a rempli sa part du marché. Une délégation de cette instance était par ailleurs en visite à Tunis, à la mi-septembre, en vue d'évaluer les progrès accomplis dans son rapport final soumis à l'Assemblée plénière. Dans un communiqué paru hier, la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), a estimé, pour sa part que «ce rapport a relevé le progrès considérable accompli par la Tunisie en ce qui concerne la correction des défaillances relatives à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme».