«Quand je défends les droits de l'homme, je prends les couleurs de l'arc en ciel» affirme Me Ali Yahia Abdenour dans l'une de ses conférences de presse, au lendemain de l'arrêt du processus électoral en 1991. C'était là, une réponse, on ne peut plus claire, à ceux qui lui reprochaient de défendre les militants de l'ex-Fis. Du haut de ses 85 années, cet infatigable défenseur des droits de l'homme ne fait pas de distinction entre les individus, qu'ils soient islamistes, communistes...ou laïcs. Celui qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas, a toujours défendu ses thèses même au péril de sa vie. De la guerre de libération, à la lutte pour le respect des droits de l'homme, en passant par la crise dite «berbériste» de 1949, qui a défriché le terrain à la création du FFS, dont il est l'un des membres fondateurs, Ali Yahia continue d'afficher publiquement ses convictions politiques. L'ancien locataire de Lambèse, où il fut incarcéré au milieu des années 80, a un palmarès politique des plus riches. Après avoir été mobilisé lors de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il fut d'ailleurs décoré de la Croix de guerre, après sa blessure à la trouée de Belfort, un passage naturel entre les Vosges et le Jura, Ali Yahia rentre au pays en plein événement du 8 mai 1945, où il adhère au PPA. Instituteur de formation, le fils de Aïn El Hammam (ex-Michelet) fut l'un des membres fondateurs de l'UGTA de Aïssat Idir et Rabah Djermane. Secrétaire en relation avec la Zone autonome d'Alger, Ali Yahia a été le directeur de la rédaction de L'Ouvrier algérien. A l'indépendance, il participera à la première assemblée nationale, sous Ben Bella avant de démissionner, en raison du conflit avec l'armée des frontières. «Après le coup d'Etat du 19 juin 1965, j'ai été nommé, sous Boumediène, au poste de ministre des Travaux publics, et ensuite de l'Agriculture.» Là aussi c'est le siège éjectable, puisqu'il démissionnera, en raison de divergences autour du dossier de la réforme agraire. Me Ali Yahia, qui a passé la plus grande partie de sa vie au barreau d'Alger, ce qui ne lui a pas permis de voir ses enfants grandir, avoue-t-il, a été de tous les combats démocratiques. Dans son paisible appartement du boulevard Bouguerra qu'il occupe depuis plusieurs années, Ali Yahia se consacre à ses petits-enfants et à son éternel métier de défenseur des droits de l'homme. Il continue à apporter sa contribution au débat politique avec son initiative de réunir tous les partis et organisations de la mouvance démocratique, pour faire contrepoids aux islamo-conservateurs.