La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), dirigée par Ali Yahia Abdenour, tiendra, aujourd'hui et demain, son deuxième congrès national. Les travaux se dérouleront à Boumerdès. L'objectif visé est d'arriver à asseoir la ligue sur tout le territoire national. Il est prévu l'élaboration d'une charte pour la refondation des droits de l'homme. Lors d'une conférence de presse animée, hier, par les membres du bureau de la LADDH, à leur tête Ali Yahia Abdenour, celui-ci a lancé un appel aux défenseurs des droits de l'homme de prendre part à l'élaboration de la charte. Pourquoi donc la refondation des droits de l'homme ? L'orateur explique cette démarche par le fait que lors de la conception de la charte universelle des droits de l'homme, les pays du tiers monde n'ont pas été associés. « Nous avons accepté la charte universelle des droits de l'homme telle qu'énoncée par les Occidentaux. Aujourd'hui, la plupart des pays du tiers monde ont recouvré leur indépendance. A cet effet, nous voulons participer pour donner notre vision de la notion des droits de l'homme », dira le conférencier qui a indiqué que lors du congrès il y aura la constitution d'un conseil national exécutif et un nouveau président. Ali Yahia Abdenour ne compte pas présenter sa candidature. « Je ne suis plus en mesure d'assumer cette responsabilité. J'estime que la relève existe et d'autres personnes peuvent parfaitement gérer la ligue. Moi je reste au sein de la ligue qui est ma deuxième famille pour aider les militants », a expliqué le président de la ligue. Une commission pour la préparation du congrès a été installée, il y a une année. Elle est présidée par maître Zehouane. Ce dernier a dans son intervention indiqué que les membres de la commission ont eu d'énorme difficultés pour la préparation du congrès. « Vu la situation sécuritaire, l'instauration de l'état d'urgence, le manque de moyens puisque nous n'avons aucune subvention, il était difficile aux membres de la commission d'accomplir leurs missions », dira l'orateur. Pour sa part, Ali Yahia Abdenour a protesté contre les agissements du pouvoir en place. « Nous avons déposé, il y a des mois, une autorisation pour la tenue du congrès. Nous n'avons reçu ce document que mardi dernier. Certaines délégations étrangères invitées pour prendre part au congrès ont un problème de visas. A notre avis, ce problème est la conséquence de l'instauration de l'état d'urgence », a soutenu le conférencier en ajoutant que « l'état d'urgence a permis au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales de faire ce qu'il veut sans être inquiété. Nous protestons énergiquement contre ces mesures et nous considérons anormal le fait qu'aucune réunion ni manifestation ne peut se tenir sans autorisation ». Le représentant de la LADDH au niveau de la wilaya de Laghouat, présent à cette réunion, a souligné que les régions du Sud sont délaissées sur le plan des droits de l'homme et elles doivent être prises sérieusement en charge. Pour un autre militant de la ligue, depuis 1985, le congrès sera un moment de vérité. « Nous voulons enraciner la culture des droits de l'homme en Algérie. Pour cela, il faut non seulement la défendre, mais l'enseigner à nos enfants », a-t-il expliqué. Ali Yahia Abdenour est revenu sur la définition des droits de l'homme. « Chez nous, c'est la personne humaine qui compte. C'est sa dignité qui doit être respectée. Nous avons défendu les communistes et nous avons défendu les islamistes. Nous défendons des individus et non des partis », dira-t-il tout en qualifiant la LADDH d'un contre-pouvoir. De son avis, Rezzag Barra et Farouk Ksentini ne sont pas des militants des droits de l'homme. « L'Etat algérien n'est pas démocratique. L'Etat ne respecte pas les lois. Le comble est que la justice n'est pas juste puisqu'elle exécute les décisions émanant du pouvoir », a affirmé le conférencier en indiquant que la ligue défend tout le monde sur trois principes : contre la torture, devant le juge d'instruction et une justice indépendante qui applique la loi et non ce qu'on lui dicte. Par ailleurs, abordant le projet de la charte pour la réconciliation nationale et la paix, le président de la LADDH s'est dit outré par le fait que l'on procède à l'arrestation des individus qui ont exprimé leur opposition à la charte. « Le Président se contredit. D'un côté, il demande au peuple de s'exprimer sur la charte par le oui ou le non. D'autre part, il réprime et condamne ceux qui rejettent le projet en question. C'est une humiliation pour le peuple puisqu'on lui demande d'écouter uniquement un seul son de cloche. L'arrestation des militants du MDS est un scandale, car ces individus veulent exprimer une opinion hostile à un projet. Cela n'arrive qu'en Algérie », a lancé Me Ali Yahia en indiquant que les personnes qui comptent boycotter le référendum ne sont nullement contre la paix, mais elles sont contre le projet tel que conçu par le pouvoir, car il n'ouvre pas la voie pour la paix.