On retiendra l'urgence de doter la côte d'un schéma métropolitain de développement. Le ministre de l'Aménagement du territoire, M.Chérif Rahmani, a rendu public hier, le Programme d'aménagement côtier de l'Algérois, reconnu par les spécialistes «comme l'un des meilleurs plans au niveau mondial». Le programme qui touche 125 communes et couvre 212 km trace comme principal objectif de protéger cette zone d'une dégradation certaine. «Nous voulons agir par anticipation afin de contrecarrer la dégradation qui ne tardera pas à venir en l'absence d'une politique rigoureuse», a précisé M.Rahmani. Le tableau brossé par les spécialistes ayant pris part à l'élaboration de ce programme est alarmant. La côte souffre de la concentration de la population. En effet, les deux tiers de la population algérienne vivent actuellement en zone littorale qui ne représente que 4% du territoire national. La côte algérienne est considérée, aujourd'hui, comme l'une des plus peuplées du bassin méditerranéen ; plus de 100 agglomérations de différentes tailles y sont implantées. Uniquement dans l'Algérois, on dénombre 4,6 millions d'habitants. Ils seront 6 millions à l'horizon 2016. Le bilan de l'occupation des sols fait ressortir que 80% de l'espace côtier est urbanisé, (1000 à 3500 habitants au km²), ce taux avoisinera les 95% en 2025. Comme conséquence directe de cette urbanisation, souvent sauvage, les experts estiment que la côte algérienne perd 2,5 mètres par an. Le schéma présenté par le ministre prévoit des scénarios catastrophiques. La première difficulté rencontrée par les spécialistes a trait à la délimitation du littoral algérois avant de tracer toute la côte s'étalant de Chenoua-plage à Cap Djinet. Parmi les recommandations retenues dans le cadre du programme d'aménagement du littoral, l'on retiendra l'urgence de doter la côte d'un schéma métropolitain de développement, l'extension du tissu urbain à travers l'orientation de la population et la création de nouvelles villes. Mais la plus importante décision concerne le gel du développement et de la croissance au niveau de 48 communes de la Mitidja afin de préserver les terrains agricoles. En effet, du fait de la croissance urbaine, plusieurs dizaines d'hectares ont été perdus dans la plaine de la Mitidja, dans les collines du Sahel et au niveau des Hauts-plateaux. Le programme en question prévoit aussi une gestion intégrée des ressources en eau. L'industrie algérienne s'est également polarisée sur la frange littorale: plus de 51% des unités industrielles sont localisées sur la côte et plus particulièrement dans l'aire métropolitaine algéroise. Le tourisme balnéaire est surtout marqué par la concentration spatio-temporelle dont la conséquence sur le milieu côtier est déjà perceptible particulièrement au niveau des interfaces terre-mer qui sont parfois gravement perturbées. Dans le même volet, il est important de préciser que les spécialistes, notamment ceux du Craag, ont préconisé d'inclure le risque tsunami dans la perception des plans d'aménagement du littoral. Il faut savoir que l'idée d'installer un système d'alerte en Méditerranée et notamment sur les côtes algériennes a émergé suite au tsunami qui a touché la région indonésienne en 2005. Cette catastrophe a montré l'urgence d'avoir le système d'alerte au tsunami réparti un peu en zone océanique et dans la région méditerranéenne. Même s'il est vrai que le risque tsunami au niveau de la région méditerranéenne n'est pas du même ordre que celui des grands océans, que ce soit Pacifique ou Indien. Mais cela étant, quelques tsunamis se sont produits en région méditerranéenne mais de moindre importance. L'Algérie a connu pour sa part, des petits tsunamis, lors notamment du séisme de Boumerdès, qui s'est propagé jusqu'aux côtes espagnoles. Par le passé, il y a eu un petit tsunami en 1856 à Jijel. Pour les experts, il s'agit de prendre ce risque au sérieux et de continuer à le quantifier.