Tony Blair, en tournée dans le sous-continent indien, s'est investi de la mission de prodiguer la bonne parole aux musulmans, les engageant à lutter contre les «extrémistes islamistes» A la bonne-heure, pourrait-on dire! Mais, il y a comme un défaut. Ce conseil aux masses musulmanes, outre qu'il soit intéressé, ne vient-il pas un peu à contretemps de l'évolution de la situation sécuritaire dans le monde? C'est un fait: M.Blair parle d'or! Comment cela pouvait-il en être autrement quand le chef de gouvernement de Sa Gracieuse Majesté britannique assène ses certitudes, lorsque le doute ne l'effleure à aucun moment? Et surtout, M. Blair ne fait aucun lien entre la bienveillance et le laxisme de l'Occident, et le développement de ceux qu'il désigne comme des «fondamentalistes». Ainsi, un des maîtres du monde, qui conseille aux musulmans de résister aux «extrémistes islamistes» oublie, ou, c'est plus vraisemblable, feint d'oublier, que l'extrémisme islamiste s'est nourri au sein même de cet Occident qui l'accueillit, l'hébergea et aussi l'aida à s'implanter tolérant son prosélytisme islamiste, notamment au coeur de la capitale britannique. Cela est un fait avéré! Se faisant docte, Tony Blair, appelant le monde musulman à reprendre «les vraies valeurs et de l'esprit» de l'islam affirme «une raison (du développement du réseau Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden) qu'on ne peut ignorer est le fondamentalisme». Le fondamentalisme! C'est pourtant à Londres que les fondamentalistes, notamment algériens, recherchés ou condamnés dans leur pays, avaient trouvé aide, refuge et compréhension. Un monde! Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais! Un principe cardinal qui permit à l'Occident de régner en maître. Ses erreurs, son laxisme, ses encouragements à la bête immonde - tant que celle-ci ne l'attaque pas de front - sont passés par perte et profit ! L'Occident n'est jamais coupable, ce sont des impondérables qui font qu'il lui arrive de perdre le contrôle de créatures qu'il mit tout son génie à créer, à manipuler à utiliser pour la défense de ses intérêts. Il arrive qu'il y ait des clashs comme celui de Ben Laden, agent notoire de la CIA. Cela a été aussi le cas d'un sanguinaire Idi Amin Dada, ou du cannibale «empereur» Jean Bédel Bokassa. Ce n'est pourtant ni les Ougandais ni les Centrafricains qui ont donné vie à ces êtres infâmes, dictateurs chouchoutés par Londres et Paris! Ne dit-on pas que le conseilleur n'est pas le payeur? Aux musulmans, Tony Blair anticipe: «Il faut affronter le fanatisme résolument (...)» Ah, mais ! Au jour d'aujourd'hui, les fanatiques pullulent à Londres et vaquent à leurs occupations, avec sans doute plus de restriction, vu la conjoncture antiterroriste, sans autre inquiétude que celle de ne pas faire de vagues. Ah, les bonnes paroles de M.Blair, qui, encore une fois, faites ce que je dis.... Dans son plaidoyer contre le fondamentalisme, le chef du gouvernement britannique n'a, à aucun moment, fait montre de repentance ou de mea culpa, en reconnaissant quelque part la responsabilité de l'Occident dans la montée en puissance de l'extrémisme islamiste. Loin de reconnaître ces faits, aujourd'hui incontestables, Tony Blair trouve encore le moyen de mettre les musulmans sur la défensive et même de leur prodiguer des leçons. De fait, c'est vrai, le gourou Tony Blair n'a rien fait d'autre qu'user de la raison du plus fort, la même qui permet aux Etats-Unis d'imposer l'embargo contre l'Irak et d'user du veto pour protéger Israël qui mène une guerre d'extermination contre le peuple palestinien!