Première grande leçon du Premier ministre britannique Tony Blair au lendemain des attentats meurtriers qui ont ensanglanté jeudi Londres : les mesures de sécurité ne suffisent pas à elles seules pour se prémunir de tout attentat terroriste et, à ses yeux, il est crucial de s'attaquer aux vraies racines du terrorisme. “Avec ce type de terrorisme, des mesures sécuritaires ne peuvent constituer la seule réponse”, a-t-il soutenu hier sur les ondes de la BBC. “Si des personnes veulent faire exploser des innocents dans le métro ou dans un bus, au hasard, et faire le maximum de morts et de destruction, (...) vous pouvez avoir toutes les mesures sécuritaires du monde, vous ne pourrez les empêcher”, a-t-il encore ajouté. Sans aller jusqu'à considérer que le durcissement des mesures sécuritaires serait vain, Tony Blair ne juge pas moins qu'il y a lieu surtout de “s'attaquer aux questions profondes soulevées par le terrorisme pour tenter de se débarrasser de cette terrible perversion de la vraie foi de l'islam”, a-t-il souligné. La deuxième leçon mais quelque peu tardive de Tony Blair est que le terrorisme est transfrontalier. “Ce que nous savons maintenant et que nous ne savions pas auparavant, c'est que quand il y a de l'extrémisme, du fanatisme, ou une pauvreté écœurante et extrême sur un continent, les conséquences ne restent pas confinées à ce continent”, affirme-t-il. Et d'enchaîner : “Elles se répandent à travers le monde.” Refusant de se déjuger, Blair a écarté d'un revers de la main tout lien entre les attentats de jeudi et l'engagement de son pays aux côtés des USA en Irak. “Les attentats du 11 septembre (2001 aux Etats-Unis) avaient eu lieu avant l'Irak, avant l'Afghanistan, avant tout cela, et c'était l'atrocité la plus terrible de toutes”, rappelle-t-il. “Ce type de terrorisme a des racines très profondes”, explique-t-il encore. À suivre le raisonnement de Tony Blair, le fanatisme et la pauvreté constituent les deux mamelles du terrorisme. Idée que les dirigeants des 8 pays les plus riches de la planète semblent partager puisqu'ils ont répondu au terrorisme par une aide au développement. À l'issue du Sommet de Gleneagles (Ecosse), ils se sont engagés à porter l'aide financière en faveur de l'Afrique à 50 milliards de dollars par an d'ici 2010. Mais ce qu'a omis de dire Tony Blair est que la permissivité, jusqu'aux attentats de septembre 2001 du moins, de son pays à l'égard de la subversion islamiste est pour beaucoup dans les explosions de jeudi qui ont fait plus de 50 morts et plus de 700 blessés. D'avoir été terre d'asile pour les extrémistes de touts poils, Londres a, d'ailleurs, été gratifiée du peu enviable sobriquet de “Londonistan”. Et de sanctuaire, la capitale anglaise est subitement devenue la cible des extrémistes religieux qui ne rechignent pas à mordre la main qui les a engraissés. Leçon fondamentale que Tony Blair ne semble pas avoir tirée. ARAB CHIH