Au rythme où vont les choses, on risque d'y arriver. La CAN 2006 tire à sa fin. A défaut d'y suivre son équipe nationale, le sportif algérien se contente de voir celles des autres pays qui avaient réussi à se qualifier à cette phase finale. L'absence de l'équipe d'Algérie a été commentée en long et en large. Les causes ont été décelées et analysées avec, bien sûr, la dose de regret d'être restée sur le carreau au moment où d'autres pays moins nantis que le nôtre paradent sur les terrains d'Egypte. Mais cette histoire de nations manquant de moyens doit être perçue sous l'angle de la modération. Ce n'est pas parce qu'on a plus de stades, plus de salles, plus de piscines, bref qu'on dispose de plus de moyens que d'autres que, forcément, on doit être les meilleurs partout. L'Erythrée et l'Ethiopie qui sont classés parmi les pays les plus pauvres de la planète ont des champions olympiques et du monde en athlétisme. Nous avons, nous, Algériens, tendance à nous comparer à ces deux pays et à nous dire qu'il est honteux qu'eux aient des champions et pas nous. Si l'on raisonne ainsi, que peuvent dire les Américains qui n'arrivent jamais à produire des champions sur les courses de fond et surtout le Canada qui n'a eu aucune médaille aux derniers jeux Olympiques d'Athènes? Ces deux pays sont classés parmi les pays les plus riches de la planète, c'est-à-dire à un niveau nettement plus élevé en matière de moyens que l'Algérie. En fait, si les Ethiopiens, les Erythréens, les Kenyans et tous ces sportifs des Hauts-Plateaux africains réussissent, c'est parce qu'ils ont des prédispositions anatomiques et physiologiques que nombre de sportifs des autres pays n'ont pas et en particulier ceux de l'Algérie. Maintenant pour revenir au football, il se trouve que 80% des joueurs qui participent à la CAN évoluent dans des clubs européens. Les pays de l'Afrique subsaharienne ont compris, depuis longtemps, que leur meilleure équipe nationale, ils ne peuvent la monter qu'avec des joueurs qui évoluent en Europe. C'est pour cela qu'ils ne font aucune objection lorsque des clubs de ce continent viennent recruter chez eux leurs meilleurs jeunes joueurs. Ils savent qu'au bout du compte ils récupéreront des joueurs aguerris et expérimentés pour les échéances internationales. Pour ce qui est du cas de l'Algérie elle est obligée de faire appel à des joueurs mais dont la génération actuelle est, hélas, pas très performante. Ajoutés aux jeunes locaux amoindris par une carence en matière de formation, ils forment une équipe nationale de faible niveau qui nous a valu les piètres résultats que tout le monde connaît. La référence aux joueurs locaux diminués n'a rien d'exagéré. Georges Leekens, l'ex-entraîneur national auquel on ne peut dénier des compétences en la matière, avait bien dit un jour que le joueur qui lui avait plu lors d'un match RCK-USMA, auquel venaient de participer des tas d'internationaux algériens, c'était le Burkinabais du RCK Lyade. Si on ne veut pas accorder d'importance aux propos de Leekens, demandons-nous alors pourquoi les recruteurs des clubs européens, dès qu'ils viennent en Algérie, le font pour superviser un joueur étranger? Les derniers départs vers l'Europe enregistrés au niveau du football algérien ont tous concerné des joueurs étrangers avec Diallo à Nantes, Diakité à Nice et Yountcha au Club Africain. Pas un joueur algérien du cru n'a réussi à décrocher un contrat à l'étranger, pas même Achiou que l'on a présenté comme superstar et que Sedan, pourtant un club de 2e division française n'a pas voulu retenir. Achiou, indique que ce sont les mauvais résultats de l'EN d'Algérie qui ont pesé dans la balance. Cela est faux, car Diallo et Diakité sont Maliens et leur équipe nationale n'est qualifiée, ni à la CAN, ni à la coupe du Monde. Au rythme où va le football algérien, incapable qu'il est de nous donner des joueurs performants, on arrive à se demander s'il ne faut pas «algérianiser», c'est-à-dire, donner la nationalité à quelques-uns de ces joueurs étrangers qui jouent chez nous, puisqu'ils sont meilleurs que les nôtres. Les Tunisiens ont bien chez eux deux ex-Brésiliens et eux, ont un championnat au niveau plus élevé que le nôtre. Aujourd'hui, le sport s'internationalise au point où un pays comme le Danemark a un champion du monde d'origine kenyane et le Qatar vient d'en faire de même. L´handicap de la nationalité est devenu largement surmontable dès lors que l'on montre qu'on a des aptitudes en matière de sport. Si nous, Algériens, restons aussi peu productifs en champions, on risque bien d'en arriver là.