Les cours de l'or noir sont sur une courbe ascendante. Le fardeau devrait s'alléger pour le pays qui traverse une crise financière particulièrement destructrice. Depuis le début de la dégringolade des prix du pétrole vers la mi-juin 2014, son Fonds de régulation des recettes de 70 milliards de dollars est parti en fumée, ses réserves de changes qui se situaient au-dessus des 193 milliards de dollars ont fondu de plus de 120 milliards de dollars. L'Algérie a dû recourir à la planche à billets pour assurer ses équilibres budgétaires et éviter une disette financière. Une situation avec laquelle doit composer le nouveau président de la République pour atteindre les objectifs fixés par la loi de finances 2020. Il y aura, entre autres, la délicate mission de maintenir le taux de croissance à hauteur de 1,8% et celui de l'inflation autour des 4%. Rappelons que les dernières statistiques ont montré qu'il avait atteint 2,2% en octobre malgré une planche à billets qui a tourné à plein régime. Le rebond qu'a connu le baril après que l'Opep et ses partenaires aient décidé de retirer 500 000 barils par jour ce qui porte la réduction totale de la baisse de leur production à 1,7 million de barils par jour et surtout l'accalmie qui se dessine sur le front de la guerre commerciale sino-américaine après que Washington et Pékin aient annoncé avoir conclu un accord préliminaire augure d'un répit inattendu pour l'économie nationale. La signature de cet accord dit de « phase 1 » devrait intervenir à Washington au cours de la première semaine de janvier, a assuré le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer. Les cours de l'or noir ont réagi positivement, à cette information. Hier vers 15h00 heure algérienne le baril de Brent, référence du pétrole algérien s'échangeait à 65,42 dollars soit 20 cents de plus que sa dernière séance de cotation, vendredi dernier. Un niveau pratiquement supérieur à celui qu'il a connu ces cinq dernières années à la même époque. Ce qui va vraisemblablement doper les revenus générés par les ventes de pétrole et de gaz qui constituent l'essentiel des rentrées en devises du pays. Les prévisions sont attendues à la hausse. 35,2 milliards de dollars contre 34,5 milliards de dollars en 2019, et ce en raison d'une hausse des exportations des hydrocarbures, et ce en plus du coup de pouce inattendu du baril. Si les prix du pétrole continuent sur leur cadence actuelle ces cibles seront assurément atteintes. L'Algérie pourra, indéniablement, respirer. Le nouveau président de la République pourra incontestablement entamer le début de son quinquennat avec moins de pression. Espérer que les réserves de changes soient moins impactées, moins recourir à la planche à billets pour éviter l'explosion du taux d'inflation, une épée de Damoclès toujours au-dessus de nos têtes et dont le bras ravageur a pu être maîtrisé de manière exceptionnelle. Certes, Abdelmadjid Tebboune ne bénéficiera pas d'un état de grâce à proprement dire, mais il faut reconnaître que le niveau actuel des prix du pétrole même s'ils ne représentent pas la panacée pour sortir l'économie nationale du bourbier dans lequel elle est empêtrée depuis la dégringolade des cours de l'or noir, représente une bouffée d'oxygène inattendue qui assure un moment de répit. Si la revendication populaire première à satisfaire consistera à démontrer que la rupture avec l'ancien système est définitivement consommée et que le pays a désormais mis les deux pieds à l'étrier pour le parachèvement d'une démocratie réelle qui garantirait le droit des libertés individuelles, il n'en demeure pas moins que dans cette Algérie qui reste à construire, il se posera l'éternelle question de la dépendance aux hydrocarbures. Une problématique autour de laquelle gravitent tous les indicateurs de l'économie nationale. Un baril d'un niveau satisfaisant aiderait à la résoudre. Ça en prend le chemin apparemment...