L'institution de Bretton Woods n'a pas la réputation de distribuer des bons points à l'emporte-pièce. C'est une de ses caractéristiques. Elle aurait plutôt tendance à tirer la sonnette d'alarme au point de donner l'impression de noircir le tableau en forçant sur le marqueur. Une situation qu'a vécue l'Algérie surtout en période de crise caractérisée par la dégringolade des prix du pétrole. C'est dans ce genre de situation que les scénarios les plus pessimistes sont tissés. Annonciateurs de l'effondrement de l'économie nationale, d'un taux d'inflation qui exploserait, d'un déficit budgétaire abyssal qui entraînerait dans son sillage la mort inéluctable des réserves de change avec des conséquences insoupçonnées sur le plan social. Ce fut le cas en 2016 lorsque les pouvoirs publics de l'époque ont eu recours à la planche à billets. Quatre ans plus tard, les résultats sont là. L'inflation a été maîtrisée de façon exceptionnelle (moins de 3%) le déficit budgétaire demeure gérable même s'il s'est creusé quelque peu, le pays tient toujours droit dans ses bottes en renonçant à l'endettement extérieur alors que la mort annoncée des réserves de change n'a pas eu lieu. Elles se situaient autour des 44 milliards de dollars à la fin de l'année 2020. Une prouesse par les temps qui courent. Le caractère de justice sociale de l'Etat a été préservé. Le Smig a été augmenté, tous les salaires de moins de 30000 DA ont été exonérés dans le but d'augmenter le pouvoir d'achat, les produits de base continuent d'être soutenus... dans le même temps l'Etat a décidé de réduire son train de vie de manière drastique. Son budget a été réduit de 50% alors que le cap a été mis sur la réduction de la facture des importations qui saignaient les caisses du Trésor public. Autant de décisions qui doivent permettre au pays de repartir du bon pied une fois les contraintes imposées par le Sars-cov-2 levées. Les chiffres de la Banque mondiale qui a passé à la loupe l'économie nationale l'attestent. Le tableau n'est pas idyllique, mais il est loin d'être noirci tout en donnant de sérieux signes d'une probable sortie de crise. La BM est pratiquement sur la même longueur d'onde que le gouvernement, concernant notamment la croissance qui doit tourner autour des 4% en 2021. Elle prévoit, dans sa dernière note de conjoncture sur l'Algérie, intitulée «Traverser la pandémie de Covid-19, engager les réformes structurelles-automne 2020», une croissance économique de 3,8% en 2021 contre une décroissance en 2020 induite par le coronavirus et ses conséquences sur l'économie et l'emploi. La croissance hors hydrocarbures devrait croître de 3,6% en 2021 (contre une prévision de -6% en 2020), avec un PIB de 19.400 milliards de DA, ou l'équivalent 149,6 milliards de dollars contre 143 milliards de dollars en 2020. Des estimations qui ne peuvent se concrétiser sans une amélioration des exportations pétrolières et une hausse du prix du baril de brut. «Une reprise économique partielle en 2021 et 2022 est conditionnée par une réduction marquée des déséquilibres macroéconomiques et par une relance franche de la demande intérieure globale, de la production et des exportations d'hydrocarbures», souligne l'institution financière internationale. Les choses devraient, en principe, aller beaucoup mieux sur ce plan-là avec une nette amélioration des cours de l'or noir et surtout la mise en oeuvre d'un nouveau modèle de croissance appelé à réduire la dépendance aux hydrocarbures, qui avait par le passé suscité l'admiration de l'institution de Bretton Woods. «Nous regardons la mise en oeuvre de cet ambitieux programme avec beaucoup d'attention car beaucoup de pays, que nous représentons, peuvent tirer profit de cette expérience. Je pense, qu'avec les compétences disponibles, ce programme pourra être mis en oeuvre en dépit des défis existants», a affirmé Merza Hassan, porte-parole d'une délégation de la BM qui avait séjourné en Algérie en 2017.Un projet qui est resté en gestation avec la crise politique qu'a traversée le pays. Les jalons d'un nouveau modèle de croissance économique ont été jetés à travers la création d'un ministère de l'Economie de la connaissance et des Start-up, qui constitue un des engagements phares du nouveau président de la République. Un défi que le pays doit relever s'il ne veut pas dépendre des humeurs du baril de pétrole et s'attirer les «foudres» des instances financières internationales.