Les réserves de changes ont été maintenues contre vents et marées Le Trésor public pourrait renoncer au recours au financement non conventionnel à partir du mois de janvier de l'année prochaine ou d'y recourir modérément par rapport à 2018. Les clignotants virent au vert. Le directeur général du Trésor l'affirme. Le recours au financement non conventionnel tant décrié lorsque le gouvernement s'est décidé pour cette option, sous les recommandations du président de la République qui a écarté tout recours à l'endettement extérieur, sera vraisemblablement limité dans la durée. «Vu les nouvelles données économiques et l'amélioration de plusieurs indicateurs économiques, à savoir la hausse des recettes fiscales pétrolières, des cours du pétrole et des recettes fiscales ordinaires, il est possible de renoncer au recours au financement non conventionnel à partir de janvier 2019 ou d'y recourir dans une moindre mesure par rapport à 2018», a annoncé lundi Fayçal Tadinit devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2019. Est-ce le bout du tunnel? Il est peut-être prématuré d'être catégorique. Ce qui est cependant certain c'est que 2018 annoncée comme une année charnière, celle de tous les dangers, tend à se terminer plutôt sans encombres. Le déficit commercial s'amenuise sensiblement, l'inflation est maintenue à un niveau inattendu, malgré le recours à la planche à billets, les revenus pétroliers ont augmenté grâce au rebond des cours de l'or noir. Le baril de Brent qui s'était envolé au-dessus de la barre des 80 dollars a certes connu une déprime, mais il continue à évoluer autour des 76 dollars. Aucun spécialiste pratiquement ne l'attendait à un tel niveau. Les estimations le voyaient dans une fourchette comprise entre 60 et 65 dollars en 2018. Les réserves de changes ont été maintenues contre vents et marées à un peu plus de 80 milliards de dollars. L'endettement extérieur a été écarté, à un moment crucial, au profit du financement conventionnel sans préjudices notoires. Et ce n'est pas le fruit du hasard. «L'Algérie a réussi à absorber le choc pétrolier grâce aux volants de sécurité en place sous forme d'épargne budgétaire, de réserves internationales et d'un faible niveau d'endettement», avait souligné Jean-François Dauphin, chef de mission du Fonds monétaire international pour l'Algérie, dans un entretien accordé en octobre 2016, au blog du FMI. Un pari gagnant pour le gouvernement Ouyahia. Même le Fonds monétaire international qui avait vu d'un mauvais oeil le choix de cette option reconnaît que l'Algérie finira par surmonter la crise financière qui l'a malmenée suite à la dégringolade des prix du pétrole. L'Algérie dispose «d'une fenêtre d'opportunités» pour «atteindre le double objectif de stabilisation macroéconomique et de promotion d'une croissance durable» avait soutenu l'institution de Bretton Woods dans son rapport d'évaluation de l'économie nationale, rendu public en juin dernier. Dans son dernier rapport, le FMI qui a prévu une croissance de 2,5% pour l'Algérie en 2018, supérieure à celles de la France et de l'Italie, prédit aussi une baisse notoire du déficit du compte courant. Est-ce la fin du recours au financement non conventionnel? Le patron du Trésor public ne l'écarte pas, mais préfère en différer l'annonce. «Le Trésor public attend pour l'instant les chiffres et les indicateurs économiques pour les mois de novembre et de décembre 2018 avant de prendre, début 2019, les décisions concernant le financement non conventionnel» a indiqué Yacine Tadinit. On y est presque. Doucement mais sûrement.