Cela va faire des lustres que nous n'avons pas assisté à un procureur qui s'aperçoit de la bévue de la police judiciaire ou d'un collègue du parquet, demander la relaxe ! Ah, que ce temps est loin ! Nous nous rappelons en 1983, par exemple, Belgacem Zeghmati, alors jeune procureur- adjoint de Blida, intervenir durant l'audience, corrigeant poliment le juge du siège, pourtant plus âgé ou remettant une partie au procès à la place qui était la sienne. Mais c'était la période des grands magistrats lauréats de l'ENA et de la qualité des magistrats ; malheureusement aujourd'hui, nous en sommes à la quantité, et quelle qualité ! A propos, est-ce que Belgacem Zeghmati, le ministre de la Justice, garde des Sceaux présidera la prochaine sortie de la promo ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il faudra d'abord attendre sa reconduction par le frais président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a prêté serment sous l'œil connaisseur d'Abderrachid Tabi, premier président de la Cour suprême, ensuite place aux pronostics. Pour ceux des citoyens pas au fait des entrailles de l'Ecole nationale de la magistrature et des dédales des couloirs de l'établissement proprement dit, il n'y a rien à dire. Mais pour les profs, les employés de tous bords, il y a des «os» au sein même de la formation. Dans les disciplines qu'on appellera plus tard sur le terrain même des «opérations», les sections, puis les cham- bres, les élèves qui ont normalement suivi, à un rythme infernal, comment procéder au référé, au statut personnel, au foncier, au maritime, au civil et au pénal, seront lâchés sur les salles d'audience et on leur demandera froidement de rendre justice. C'est alors le jeu de massacre auquel s'adonneront «innocemment» les jeunes recrues dont les plus malchanceuses se verront être punies de leurs ratés. Croisons les doigts pour qu'il y ait un minimum de casse et de punitions au jardin !