L'Algérie ouvre une nouvelle page dans son histoire depuis le 13 décembre. Après un vide institutionnel au sommet caractérisé par la vacance de la fonction de magistrature suprême et un gouvernement intérimaire, notre pays a un nouveau président élu. Ainsi, au lendemain de la proclamation des résultats de l'élection présidentielle, Abdelmadjid Tebboune s'est attelé au dossier «prioritaire de cette étape délicate», à savoir rétablir la stabilité du pays «afin d'éviter des lendemains incertains». Il a tendu sa main aux Algériens et s'est dit prêt à discuter avec les acteurs politiques et surtout avec le Mouvement populaire Hirak. Il a mis l'accent, sur la nécessité de conjuguer les efforts pour une sortie réelle de la crise et pour « l'édification d'une nouvelle République forte, stable et prospère » loin de toute exclusion. Il a appelé à « tourner la page des différends, de la discorde et de la division, qui sont des facteurs de destruction et de désintégration». Le fait marquant, est que cette proposition réitérée jeudi, jour de la prise officielle de ses fonctions, intervient très rapidement et émane d'un président indépendant n'ayant pas cherché un quelconque consensus avant de s'adresser aux Algériens. Dans ce contexte, les réactions favorables à cette proposition ne se sont pas fait attendre. A commencer par les partis qui formaient, la désormais ex-alliance présidentielle, notamment le duo FLN et RND connus pour leur allégeance au pouvoir quel qu'il soit. Ayant complètement raté le coche, ils cherchent à se repositionner en soutenant la démarche de Abdelmadjid Tebboune. Le PLJ de Mohamed Saïd, a salué, lui aussi, l'offre de dialogue lancée par Tebboune. «Nous saluons l'appel au dialogue du nouveau président de la République à l'adresse du Hirak afin de tourner la page et dépasser la situation d'impasse dans laquelle s'est retrouvé le pays». Ce parti a plaidé pour «l'implication de toutes les forces politiques et sociales présentes sur le terrain». Par ailleurs, la mouvance islamiste s'inscrit plus ou moins dans la même ligne. En effet, Abdelkader Bengrina, arrivé en deuxième place en termes de voix des électeurs, considère déjà son parti «comme une nouvelle force politique». Il est, non seulement, favorable au processus de dialogue, mais il propose en plus les services du Mouvement El Bina «à faire partie du prochain gouvernement». Le ténor, MSP, qui était resté prudent, qualifie le discours de Abdelmadjid Tebboune «de rassembleur et à même d'aider à atténuer les tensions et à ouvrir les perspectives du dialogue et du consensus». Le parti de Abderrazak Makri appelle à «un dialogue transparent, sérieux, responsable, sincère et crédible en vue de corriger les erreurs et réaliser le consensus inclusif qui resserre les rangs des Algériens, consacre la volonté populaire et préserve la souveraineté nationale». Pour sa part, le FJD de Abdallah Djaballah, ne s'est pas dressé contre cette proposition. Il a appelé les autorités à assurer un climat favorable et préalable au dialogue, « en cessant d'exercer des restrictions sur le Hirak et en mettant un terme aux arrestations et poursuites contre ses partisans». Le parti Jil Jadid, de Soufiane Djilali, se déclare «conscient de la complexité de la situation que traverse le pays, nous interagirons avec responsabilité avec le président de la République, qui l'est ainsi de fait». Ce responsable, soulève les mêmes conditions, à savoir, «la libération des détenus d'opinion, ainsi que le renforcement des libertés politiques d'expression». Il ressort de ce tour d'horizon que le nouveau président part déjà largement soutenu par une majorité de partis, y compris ceux qui étaient ses concurrents dans la course à la présidentielle, pour mettre en œuvre son projet de dialogue, Dans le même sillage, si le Hirak, invité par Abdelmadjid Tebboune à «désigner ses représentants», parviendra à s'organiser en une force démocratique et de propositions, l'on atteindra - avec les partis - une représentativité optimale de la société civile. Dans ce cas, en s'appuyant sur l'expérience récente qui avait donné lieu à la prise en charge des revendications, extra pouvoir, ayant permis à mettre en place une Autorité indépendante pour l'organisation de la dernière élection, le nouveau round du dialogue national jouira des atouts pour déboucher à des résultats positifs. En premier lieu, un climat de stabilité et de confiance à partir duquel tous projets et actions de développement seraient réalisables. Le seul préalable pour cela, c'est de faire primer l'intérêt de l'Etat.