Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont réagi à l'offre de dialogue du nouveau chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Rejeté par les uns, favorablement accueilli par les autres, l'appel ne fait pas l'unanimité. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Tous posent cependant certaines conditions et préalables, qui sont des revendications du mouvement populaire depuis plusieurs mois, pour établir un climat favorable au dialogue. La libération des détenus d'opinion et du mouvement figure en tête de ces revendications et revient en force chaque mardi et chaque vendredi. La libération des champs politique et médiatique, verrouillés depuis des mois et interdits à tout débat contradictoire, revient également comme des refrains dans les réactions des partis. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) a, en effet, accueilli favorablement «la disponibilité du Président élu à engager le dialogue avec le Hirak afin de tourner la page du passé et sortir du blocage actuel». Estimant que «ce dialogue doit s'étendre à l'ensemble des forces politiques et sociales actives», le parti de Mohamed Saïd a soutenu que l'instauration d'un climat favorable à la réussite de ce dialogue implique la prise immédiate de mesures d'apaisement portant notamment sur la libération des détenus d'opinion, l'ouverture de l'espace médiatique et la levée des entraves à l'exercice des libertés. Contestant la légitimité de Tebboune et rejetant les élections du 12 décembre, le FFS a plaidé pour un dialogue national transparent et sérieux avec tous les acteurs politiques représentatifs et ceux de la société civile mobilisés dans le mouvement populaire et associatif. «Mais pas n'importe quel dialogue», a averti le parti, mettant en garde «le pouvoir contre la tentation d'organiser un pseudo-dialogue sous son égide dans une conférence non souveraine visant à valider une feuille de route préétablie avec un ordre du jour déjà fixé et des participants de son choix». Pour le FFS, tout dialogue doit être précédé par la création d'un climat d'apaisement favorable aux discussions notamment la libération des détenus politiques et d'opinion, le respect des libertés d'expression, de manifestation et de réunion. Il a plaidé également pour l'adoption commune de l'ordre du jour et du choix des participants, le caractère souverain et transparent du dialogue, l'adoption par consensus de la plateforme de sortie de crise et l'engagement par les parties prenantes de son exécution dans les délais prescrits. Le RCD a lui aussi rejeté les élections et remet en cause la légitimité du nouveau chef de l'Etat. Le parti a appelé à l'instauration d'un climat apaisé et un environnement institutionnel débarrassé des pratiques et des symboles d'un système politique qui a mené le pays à l'impasse pour assurer la transition démocratique. Du côté de la société civile, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Zehouane, a pris acte de l'appel de Tebboune sans prendre aucune position. Elle a, toutefois, réclamé des signaux forts du système, des garanties sérieuses pour une solution politique à la hauteur des aspirations du peuple, tout en affirmant que la revendication du changement du système à travers une transition démocratique, pacifique et négociée est plus que d'actualité. Avant toute négociation, l'organisation appelle le système à montrer sa bonne volonté, à travers notamment la libération des détenus d'opinion, du champ politique et médiatique et l'arrêt de la répression et de toutes les contraintes contre le Hirak. K. A.