Autres époques, autres mœurs. L'Algérie est en phase d'un profond renouvellement de son personnel politique et de son mode de gouvernance. Tel un volcan en pleine éruption, le pays attend des solutions urgentes qui doivent être contenues dans ces deux lancinantes questions : quelle sera la suite maintenant que Abdelmadjid Tebboune a été élu président et officiellement investi dans ses fonctions ? Surtout : quel gouvernement pour la IIe République ? Aux effets d'annonce et à la communication politique, le président de la République doit donner corps à ses promesses sur le terrain pour accréditer sa réelle volonté politique. Au plus tard, jeudi prochain, les Algériens connaîtront le nom de leur Premier ministre. Quelle pourrait être, cette perle rare qui ravira la confiance du président Tebboune et à qui il confiera les rênes de son Exécutif? A moins d'une grosse surprise, le nouveau Premier ministre doit nécessairement cumuler un ensemble de critères requis pour la fonction et cette période précise que traverse le pays. En plus d'avoir une forte personnalité, jouir d'une irréprochable intégrité morale, le patron de l'Exécutif doit brandir une connaissance approfondie des dossiers économiques et des questions sociales, ainsi que financières. Ce bagage ne lui suffira pas sans une grande capacité à mobiliser les énergies assoupies et les ressources humaines et un total détachement des idéologies politiques. Il s'agit là de digues sur lesquelles il va s'adosser pour engager de sérieuses réformes. Ce sont autant de qualités et de compétences requises pour celui qui aura l'honneur de se saisir du flambeau de la IIe République. Celui à qui l'on confiera la prestigieuse clé de voûte qui ouvrira à deux battants la porte de la nouvelle Algérie. Une fois nommé, le nouveau Premier ministre s'attellera, à son tour, à former son Exécutif. Là encore, une série de questions se posent sur la composante de cet Exécutif qui conduira l'Algérie nouvelle. Le président Tebboune va-t-il puiser dans le vivier des walis pour nommer ses ministres ? Faire appel exclusivement aux technocrates ? Recruter au sein de la société civile dont il se revendique ? S'en remettra-t-il à la classe politique ? Optera-t-il pour une formule mixte ; un gouvernement techno-politique avec lequel il pourra contenter à la fois, toutes les familles politiques, les hommes d'affaires et surtout le Mouvement populaire ? Mais un spectre d'indications et de déclarations, nous permet les contours du gouvernement qui s'installera au palais du quartier docteur Saâdane. Lors de sa première conférence de presse, après l'annonce de sa victoire au scrutin du 12 décembre dernier, le président Tebboune a esquissé la prochaine composante de son Exécutif. D'abord le gouvernement sera sans accointances politiques puisque le président s'est présenté aux électeurs en tant que candidat indépendant et a été élu en tant que tel . Ensuite, il a promis «plusieurs surprises», à commencer, par «nommer des jeunes dans son gouvernement». Catégorique, Tebboune a affirmé que ce sera la première fois que cela arrive en Algérie depuis 1962. « Vous verrez des jeunes hommes et femmes plus jeunes, des jeunes dans la vingtaine qui deviennent ministres ». Le tempo est donc donné, la partie sera à la jeunesse. Mais être jeune ne suffit pas pour diriger un département ministériel. Encore faut-il avoir d'abord de la compétence et une maîtrise des dossiers. Dans le même sillage, reste à savoir quelle sera la place qu'il accordera aux femmes dans le nouveau gouvernement même s'il a également promis des surprises.? Qu'en sera-t-il de l'émigration ? Aurons-nous des ministres puisés au sein de la communauté nationale à l'étranger ? Cette question nous amène à un autre chapitre concernant le nouveau gouvernement. Au-delà de la composante, on s'interroge en effet, sur la structure de ce futur gouvernement. Tebboune réduira-t-il le nombre de portefeuilles ministériels, une dizaine, qui seront secondés par une quinzaine de secrétaires d'Etat ? C'est une forte probabilité pour deux raisons essentielles. La première consiste à réduire les dépenses de l'Etat et la seconde permettra d'alléger la lourde machine bureaucratique. Aussi, est-il suggéré dans ce sens d'opter pour de superministères regroupant plusieurs portefeuilles comme le ministère de l'Economie qui regroupera un secrétariat à l'Industrie et l'Investissement et un autre dédié au Commerce. En réalité, l'idée n'est pas nouvelle. Elle a été évoquée avec insistance à l'époque de l'ancien régime, mais elle n'a jamais été appliquée pour des raisons que l'on ignore. Les semaines à venir apporteront des réponses à toutes ces interrogations, avant que le dur labeur ne commence. Le passif très lourd et le déficit est énorme sur tous les plans : politique, institutionnel, économique et social. Il va falloir reconstruire tout un pays et c'est sur les décombres de l'ancien régime que repousseront des fleurs belles et fragiles...avec des épines.