Le président apportera des éléments de réponse à la liste très longue de questions ayant ressurgi à la suite de sa maladie. Le président de la République M.Abdelaziz Bouteflika prononcera un discours, le 24 février prochain, à l'occasion du double anniversaire célébrant la nationalisation des hydrocarbures et la création de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). C'est ce que nous avons appris de sources proches de l'Alliance présidentielle stratégique. Ce ne sera certainement pas la première fois que le chef de l'Etat aura choisi cette date pour s'adresser au peuple. L'on se rappelle du discours rétrospectif prononcé l'année dernière, à partir de la Maison du peuple, siège de l'Ugta, dans lequel il avait abordé les questions phares de la vie politique et sociale du pays. Mais faut-il mettre en exergue que l'allocution de cette année intervient dans une conjoncture assez spécifique, pour ne pas dire très sensible. Ce discours sera le premier du genre depuis le retour de M.Abdelaziz Bouteflika au pays, le 31décembre, après trois semaines d'hospitalisation en France. Certes, le président a eu l'occasion de s'adresser aux Algériens à travers un message de remerciements. Il a eu le premier contact direct avec les citoyens le jour de son retour, à l'occasion du bain de foule qui a eu lieu dans la capitale. Le président a confirmé son choix pour la réconciliation nationale à l'occasion du dernier conseil des ministres. Mais force est de constater que, jusqu'à aujourd'hui, le chef de l'Etat s'est abstenu de réagir sur les questions qui animent la classe politique et le front social, deux scènes en totale ébullition. Le vide a été ressenti et par les observateurs avertis et par les citoyens, sachant que le président de la République, depuis son investiture à la plus haute magistrature du pays, en 1999, a brillé par sa présence très forte sur la scène nationale et sur tous les fronts, économique, politique, social ou même culturel. «Ce recul conjoncturel» semble profiter à plusieurs parties qui n'ont pas manqué d'envahir le vide, chacune à sa manière. «Le président va remettre de l'ordre, notamment au sein de l'Alliance»,précise notre source. En effet, l'on assiste depuis près d'un mois à une véritable crise au sein de ce pôle politique censé défendre le programme du président Bouteflika. Rien ne va plus entre les alliés stratégiques qui ne font rien pour prouver le contraire. Ils affichent même publiquement leurs divergences de taille par presse interposée ou à l'occasion de rencontres partisanes. «Le malaise est si sérieux que l'arbitrage du chef de l'Etat sera plus qu'exigé. La situation ne peut plus durer au risque de nuire directement au projet du président» , affirme notre interlocuteur. Une autre source affirme que les partis de l'Alliance «avaient le devoir de se comporter avec plus de responsabilité en cette conjoncture difficile pour le pays». Plus incisif, il appelle les concernés à plus de retenue. «J'estime que le comportement de l'Alliance, ces derniers mois a été politiquement turbulent.» Le président aura l'occasion de revenir le 24 février prochain sur cette question «à travers des messages adressés aux partis concernés». Autrement dit, M.Bouteflika révélera ses propres positions sur les questions qui divisent l'Alliance, notamment la question de l'augmentation des salaires, une revendication récupérée par la classe politique au lendemain de la sortie de M.Ahmed Ouyahia, lequel a qualifié le 27 janvier, cette revendication d«'illégitime». Cette déclaration a soulevé l'ire des partis politiques comme le FLN, le MSP, El Islah, et le PT. Jeudi, la presse été à pied d'oeuvre à l'hôtel El Riadh à Sidi Fredj. L'événement valait bien le déplacement. Le Rassemblement national démocratique, qui était sur la défensive, ces derniers temps, y organise «des assises nationales de la jeunesse » auxquelles assistent les cadres et responsables du parti ainsi que les jeunes militants du parti. Dans le communiqué transmis à la presse nationale, l'on annonce même la présence de M.Ahmed Ouyahia, en sa qualité de secrétaire général du RND. A la grande surprise de tout le monde, ce dernier a brillé par son absence. Pour quelle raison? Selon certains observateurs, l'éclipse d'Ouyahia à ce rendez-vous est plutôt stratégique. Ce que nous confirme, en des termes à peine voilés, un cadre du parti, rencontré en marge de cette rencontre, en précisant que «le RND refuse d'être entraîné dans cette guéguerre avec ses partenaires dans une conjoncture de crise». Le message d'Ouyahia, lu par le membre du bureau national chargé de la jeunesse, est l'autre indice qui confirme cette lecture. En effet, aucune allusion n'a été faite aux divergences avec le FLN ni le MSP. Ouyahia a préféré «confirmer son soutien inéluctable» au programme du président de la République. «Nous réitérons notre plein engagement pour la concrétisation sur le terrain du programme du président Bouteflika». Ouyahia a ajouté que son parti, de par ses actions, a participé et continuera de le faire, «à la sécurité et à la stabilité du pays». «Les enjeux collectifs exigent, de nous, ajoute-t-il, une vision pragmatique, loin de toute démagogie». Le message politique d'Ouyahia s'arrête là. En rompant le silence, Bouteflika apportera des éléments de réponse à la liste très longue de questions qui ont resurgi depuis ces derniers mois, notamment au sujet de la réconciliation nationale.