Que peut espérer de mieux Abdelmadjid Tebboune, le président fraîchement élu, qu'un soutien franc et direct de son homologue russe, le tout-puissant Vladimir Poutine. Et caviar sur le gâteau, il est officiellement invité à effectuer une visite en Russie. Selon l'agence russe, RIA Novosti, c'est lors de la cérémonie de remise des lettres de créance au président de la Russie, qui a eu lieu, hier, au Kremlin que Poutine a exprimé l'espoir de voir le président Abdelmadjid Tebboune se rendre à Moscou. La cérémonie a vu la participation de 23 ambassadeurs étrangers nouvellement accrédités. Selon la tradition, Poutine a eu de brefs échanges avec chacun des diplomates. Avec le nouvel ambassadeur d'Algérie en Russie, Mohamed Chérif Kurta, le président Poutine a eu plus qu'un simple échange protocolaire. Il a livré des messages clairs signifiant que la Russie veut resserrer davantage les liens avec son partenaire traditionnel. «Plus récemment à Berlin, j'ai eu une brève conversation avec le président, j'espère le voir en Russie», exprimant ainsi son invitation à son homologue algérien. Il note que l'élection présidentielle tenue à la fin de l'année dernière constituait un pas sérieux vers la transformation politique et socio-économique en Algérie avant d'afficher son soutien total et entier à la démarche de l'Algérie au plan international. «Nous soutenons la ligne équilibrée menée par l'Algérie dans les affaires internationales et régionales», a affirmé Vladimir Poutine. Des propos qui donnent de la consistance aux positions algériennes, notamment dans le règlement des conflits armés comme en Libye et en Syrie. L'Algérie est restée fidèle à son sacro-saint principe de la non-intervention étrangère dans les conflits internes et au règlement politique des crises. Une position que partage la Russie. Lors de cet échange avec l'ambassadeur algérien, le président russe a livré sa vision de ce que doivent être les relations entre les deux pays. «Nous voyons de bonnes perspectives pour le renforcement de la coopération économique et militaro-technique, la coordination pour renforcer la stabilité et la sécurité en Afrique du Nord et dans la zone sahraouie-sahélienne». Cette déclaration constitue à elle seule, une feuille de route pour les relations entre la nouvelle Algérie en phase de construction et la Fédération de Russie en quête d'un redéploiement sur le continent africain. Tout y est : les rapports politiques, les relations économiques, militaires et la coopération sécuritaire, notamment en Libye et au Sahel. C'est dans l'ordre des choses que, voulant se repositionner sur le continent africain, Moscou sollicite son allié traditionnel. L'Algérie figure dans le peloton de tête des pays auxquels la Russie donne la priorité dans le domaine de la coopération militaire. Une longue histoire lie ces deux pays. Elle remonte à la guerre de Libération quand le Pcus et le FLN entretenaient déjà de solides relations. Le Parti communiste s'était engagé à aider l'Algérie lors de la révolution, non seulement avec de l'armement, mais par la devise consacrée par les Nations unies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à savoir le droit des peuples à l'autodétermination. Pour promouvoir auprès des Africains le récit d'une «alternative russe», Moscou ne fait pas l'économie des moyens et ne néglige aucune piste. Et dans cette démarche, l'Algérie ne peut être que gagnante en s'appuyant sur un allié sûr. En effet, face à une féroce compétition occidentale sur le continent africain, et qui ne se résume plus à ses dimensions politiques et économiques, il faut aussi prendre en compte les nouveaux attributs de la puissance que sont la bataille du développement et la bataille de l'intelligence. Depuis la révolution populaire entamée par les Algériens, il y a une année et l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, l'Algérie entend réécrire ses relations internationales vitrifiées durant près d'une décennie. Avec cette caution russe, l'Algérie passe désormais d'une phase de redéploiement diplomatique à une diplomatie d'influence.