Les forces du régime syrien, aidées de l'allié russe, ont progressé dans une ville clé de la province d'Idleb à la faveur d'une offensive destructrice contre cette région du nord-ouest du pays en guerre, où 17 civils dont des enfants ont péri jeudi. Face au drame humanitaire provoqué par cet assaut qui a repris de plus belle en décembre contre la région d'Idleb et des secteurs limitrophes, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni, jeudi, en urgence à New York à la demande des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Les Occidentaux ont vivement condamné «un carnage» en cours dans cette province, plusieurs pays, notamment européens appelant à y «faire taire les armes». De son côté, l'Iran a proposé par la voix de son ambassadeur onusien son aide pour réduire les tensions entre Syrie et Turquie. Et «il y a un besoin urgent d'accès continu et immédiat sans entrave à la population civile», a affirmé Geir Pedersen, émissaire de l'ONU pour la Syrie. En deux mois, quelque 586.000 personnes ont été déplacées par les hostilités dans cette région dont la moitié est dominée par les terroristes et où sont présents des groupes rebelles, selon un nouveau bilan de l'ONU.La Turquie, qui a des troupes dans le nord-ouest syrien y compris à Idleb, où elle soutient des rebelles, a plusieurs fois sommé le régime de Bachar al-Assad et Moscou d'arrêter leur offensive. «Après une journée de combats et une contre-offensive des rebelles et des terroristes, les forces du régime ont pris le contrôle de vastes secteurs dans la ville de Saraqeb», dans la province d'Idleb, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'agence officielle Sana a confirmé l'entrée à Saraqeb des troupes syriennes qui ont commencé des opérations de «ratissage» et le «démantèlement des mines et des explosifs des terroristes». Comptant 110.000 habitants il y a encore quelques mois selon l'OSDH, Saraqeb est aujourd'hui quasiment déserte après des mois de bombardements. La ville se trouve à la jonction de deux importantes autoroutes reliant la grande métropole d'Alep à la province côtière de Lattaquié et à la capitale Damas. Plus de la moitié de la province d'Idleb et des secteurs attenants des régions voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié, sont dominés par les terroristes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda). D'autres groupuscules terroristes et des factions rebelles y sont présents. Selon l'OSDH, les terroristes et les rebelles «bénéficient d'un appui de l'artillerie turque» dans des combats avec les forces gouvernementales près de Saraqeb. Le commandement de l'armée syrienne a aussi accusé la Turquie d'avoir dépêché des blindés turcs au nord de Saraqeb «pour protéger les terroristes» et «entraver l'avancée de l'armée». La tension est montée d'un cran entre Damas et Ankara, culminant lundi avec des combats d'une violence inédite entre soldats syriens et turcs ayant fait une vingtaine de morts dans les deux camps dans des secteurs du nord-ouest syrien, selon l'OSDH. Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a de nouveau exhorté la Russie à «freiner» le régime syrien à Idleb «le plus rapidement possible». Le front d'Idleb représente la dernière grande bataille stratégique pour le régime, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire, selon l'OSDH. Sur un autre front, des frappes israéliennes ont visé avant l'aube des sites militaires dans la région de Damas et dans le sud du pays, selon Sana. D'après, l'OSDH, elles ont fait 23 morts.