D'après les statistiques de 2005, près de 694 mineurs ont été présentés à la justice. Un enfant violé, un adolescent tué par son camarade de classe à coups de couteaux, une jeune fille de 15 ans fugue sans donner signe de vie. Notre société ne souffre-t-elle pas assez, pourquoi on lui rajoute le problème de la délinquance juvénile? Quelles sont les véritables sources de ce problème? Nos enfants sont-ils à l'abri? Pour répondre à des questions que beaucoup d'entre-nous se posent, nous avons tenté une approche auprès des services politiques, juridiques et sociaux. D'après les statistiques recueillies à la brigade des mineurs de la police judiciaire, concernant le troisième trimestre de l'année 2005, plus de 42 mineurs ont été impliqués pour divers délits, entre autres coups et blessures volontaires, vols qualifiés et consommation de stupéfiants touchant les 16-18 ans. Pour ce qui est du 4e trimestre de la même année, plus de 37 adolescents sont impliqués dans la destruction de biens d'autrui, mais ces chiffres sont bien loin de la réalité, car plusieurs délits ne sont pas déclarés par les victimes à cause des contraintes et tabous socioculturels. Signalons que selon des bilans précédemment cités, 15 adolescents ont été victimes d'attentats à la pudeur dont 3 garçons et 12 filles et 4 autres victimes de maltraitance. Pour mieux suivre le sort des mineurs présentés à la justice, nous rencontrons Mme Houari Naziha, juge des mineurs à la cour de Skikda, elle nous explique que la majorité des jeunes délinquants viennent de milieux défavorisés, où les parents souffrent de difficultés financières, ou bien ils sont séparés ou carrément démissionaires. Ces adolescents sont généralement placés dans des centres de réhabilitation ou en maison de rééducation. Mme Houari estime que ces mesures sont loin d'être des solutions idéales, car c'est au milieu carcéral que la situation dégénère au contact d'autres trafiquants, récidivistes pour la plupart, et que le mieux est de les rendre à leur famille et ne recourir à l'incarcération qu'en dernier lieu. Sachant que d'après les statistiques de 2005, près de 694 mineurs ont été présentés à la justice, 116 ont écopé de peines fermes, 117 autres des peines avec sursis et 242 ont payé des amendes. Mais la situation devient de plus en plus difficile à gérer lorsque les familles constituent elles-même un danger pour l'enfant, c'est le cas de S.A., 17 ans, de parents divorcés depuis quelques années, et une mère prostituée, les services sociaux ont essayé de l'aider en présence des psychologues en vain, car le jeune homme est très renfermé et se montre parfois très violent, c'est le cas aussi de H.S., 14 ans, souffrant de l'exiguïté du logement (10 personnes vivant dans une seule pièce) mais aussi d'un père démissionnaire et une mère illettrée, ces cas nécessitent une prise en charge immédiate, déclare un responsable aux services sociaux. Mais la juge des mineurs affirme que c'est difficile de placer ces jeunes dans des centres en raison du manque de places ou de l'éloignement (ils sont généralement affectés aux centres de Guelma ou Khenchela) qui ne permettent pas un suivi approprié d'autant plus que la wilaya de Skikda n'en dispose pas à son niveau. Généralement, ces délinquants agissent sous l'effet de stupéfiants (drogue, cannabis, psychotropes...) dans des endroits mal ou quasiment pas éclairés et où il est déconseillé de s'aventurer, surtout la nuit. Citons la cité Salah-Boulkeroua plus connue sous le nom «du match», ainsi que le cimetière français et le tunnel de chemin de fer qui sont des zones où les bidonvilles s'éparpillent un peu partout, s'ajoute l'écart de l'endroit. La gare Mohamed-Boudiaf, ses environs ainsi que la cité Bouabaz sont marqués quotidiennement par des agressions, notamment celle d'un jeune agressé et séquestré à la cité Bouabaz, il y a quelques jours, par une bande de délinquants en état d'ébriété voulant lui prendre son portefeuille et son téléphone portable, et ce, en dépit des efforts des éléments de la police qui se sont avérés insuffisants face à ce fléau qui devient de plus en plus incontrôlable. Les psychologues et les responsables d'aide à l'enfance accusent le manque ou la quasi-absence de centres culturels et sportifs équipés qui permettent aux jeunes de s'épanouir et d'occuper leur temps dans des activités éducatives.