Narguant les menaces du ministre du Commerce et ne craignant, en aucun cas, les services de contrôle de la direction du commerce de Annaba, de nombreux commerçants persistent dans la spéculation sur le prix du lait subventionné par l'Etat. Le sachet de lait pasteurisé est toujours vendu à 30 DA au lieu de 25 DA. Ce vol caractérisé se déroule au vu et au su de tous. Il n'y a qu'à se rendre dans certaines cités du chef-lieu de la commune de Annaba, pour constater ce dépassement démesuré. Pis encore, ces mêmes commerçants, nonobstant le fait que l'acheteur ne soit pas leur client, l'obligent à prendre le sachet de lait de vache à 50 DA. En conclusion, non seulement ces mercantilistes vendent le sachet de lait subventionné par l'Etat à 30 DA, mais recourent également à la vente concomitante, Aussi, le consommateur s'interroge sur les raisons qui ont poussé ces commerçants fraudeurs à infliger cette sorte de vente des temps révolus aux consommateurs avec, en sus, une hausse du prix à 30 DA. La vente du sachet de lait de vache, s'articule autour d'une ruse, liée au faible approvisionnement en sachets de lait subventionné. C'est dire que, ni l'éthique ni les sanctions prévues par la loi et encore moins les agents contrôleurs n'inquiètent, semble-t-il, ces revendeurs de lait inconséquents. Et pourtant, force est de rappeler que, Kamel Rezig, ministre du Commerce a menacé, de frapper d'une main de fer tout commerçant qui vendrait le lait en poudre plus que son prix fixé à 25 DA par l'Etat. Il avait donné un ultimatum d'une semaine aux commerçants et distributeurs de lait pour respecter le prix de vente du lait subventionné. Pour le ministre, ce produit de première nécessité est destiné exclusivement à la classe faible et moyenne de la société et il est inadmissible qu'il soit exploité par des spéculateurs « Nous allons agir avec une main de fer contre les spéculateurs du lait pour faire régner la loi de la République », avait-il déclaré en marge des travaux de la journée d'information sur « Les principales mesures de la loi de finances 2020 ». « Nous avons donné une semaine à tous les distributeurs et commerçants en les sensibilisant pour revenir à la sagesse et respecter le prix du lait fixé par l'Etat. « Après cette semaine, nous agirons en force contre tout spéculateur », avait-il martelé. Or, trois semaines après cette déclaration, les commerçants à Annaba ne semblent pas prendre au sérieux les menaces de Kamel Rezig, puisqu'ils persistent dans leurs agissements. Toutefois, la DCP de la wilaya de Annaba, en application des instructions du ministre du Commerce, vient de tracer un plan de contrôle rigoureux. Celui-ci consiste à suivre la traçabilité du produit, depuis sa production jusqu'à son arrivée au consommateur, en passant par sa distribution et sa livraison au vendeur détaillant. Le processus répond aux orientations de Kamel Rezig qui a, rappelons-le, annoncé que les agents de contrôle des prix et de la qualité, travailleront tard jusqu'à 22h00 du soir pour traquer les commerçants et distributeurs spéculateurs. En application de ces orientations, l'opération a été engagée à Annaba, par une commission de wilaya mise en place à cet effet, après coordination avec les services de la direction de l'agriculture et les distributeurs de lait. Il a été décidé, pour cela, le déploiement de brigades de contrôle, accompagnées des services de sécurité, pour assurer la vérification au niveau des points de contrôle. Le fait marquant de cette opération, est concrétisé par les brigades mobiles de nuit et du matin très tôt, pour contrôler les distributeurs et les vendeurs au détail. En outre, il a également été retenu le placement permanent de brigades de contrôle dans les laiteries de 5 h du matin jusqu'à 18 h. Aussi, il est prévu le renforcement des brigades de contrôle, dans les marchés pour contrecarrer les vendeurs de lait subventionné par l'Etat. Le plan de travail comporte aussi, des sorties inopinées des brigades de la DCP en coordination avec la police et la Gendarmerie nationale, selon la circonscription territoriale. Deux points forts ont été relevés dans ce programme de lutte contre la spéculation et la vente concomitante du lait, d'une part, l'activation d'une commission spécialisée dans le suivi de la poudre de lait et le produit fini et d'autre part les mesures de notification des APC, portant réservation de points de vente, permettant aux laiteries de vendre le produit directement au consommateur. Les distributeurs sont également concernés par ces mesures. Ces dernières s'inscrivent dans le cadre des orientations du ministre du Commerce. «Nous avons un plan B et nous avons demandé même aux walis d'autoriser les distributeurs et les laiteries de vendre le lait directement aux consommateurs sans passer par le commerçant spéculateur», a indiqué Kamel Rezig, lors de la même rencontre sur la loi de finances 2020.