Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s'est rendu à Ankara hier et aujourd'hui pour des discussions à «haut niveau» sur la situation dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé l'UE dans un communiqué. Accompagné par le commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarcic, l'Espagnol devait échanger avec des responsables turcs sur les «conséquences humanitaires pour la population civile sur le terrain» du conflit en Syrie, «ainsi que de la situation des réfugiés syriens en Turquie». «Au cours de leur visite à Ankara, ils prévoient de rencontrer des interlocuteurs de haut niveau des autorités turques», était-il indiqué dans le communiqué, sans autre précision. Ce déplacement se tient avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE demain et vendredi à Zagreb, présidée par M. Borrell, pendant laquelle les tensions avec la Turquie et le conflit en Syrie seront à l'ordre du jour. Josep Borrell s'était inquiété d'un «risque de confrontation militaire internationale majeure», en Syrie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a sommé lundi l'Europe de «prendre sa part du fardeau» dans l'accueil de migrants et des réfugiés de Syrie, après leur avoir ouvert les portes vers le Vieux continent dans une tentative d'obtenir davantage de soutien occidental en Syrie. «Depuis que nous avons ouvert nos frontières, le nombre de ceux qui se sont dirigés vers l'Europe a atteint les centaines de milliers. Bientôt, ce nombre s'exprimera en millions»,a affirmé M. Erdogan. Plusieurs milliers de migrants et de réfugiés sont massés le long des 212 km de la frontière terrestre gréco-turque qui borde le fleuve Evros (nommé Meritsa côté turc) dans l'attente de pouvoir passer en Grèce. Une augmentation des arrivées est également enregistrée par la mer dans les îles de l'Egée, en face de la Turquie. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen était pour sa part attendue, hier, à la frontière grecque avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et les présidents du Conseil et du Parlement européens, Charles Michel et David Sassoli. Un groupe de Syriens venu d'Istanbul a accusé hier l'armée turque de les avoir poussés en Grèce, en les abandonnant au bord du fleuve Evros qui marque la frontière entre les deux pays. Samedi soir, l'ONU avait décompté 13.000 personnes à la frontière gréco-turque, réveillant le souvenir de la crise migratoire majeure qui a secoué l'Europe en 2015. La Turquie a agité lundi la menace de l'arrivée de «millions» de migrants en Europe. «Actuellement il y a environ un millier de personnes qui tentent chaque jour de franchir la frontière», a indiqué un responsable de la police grecque de Tychero, le long de la frontière. «Ce sont essentiellement des Afghans, des Somaliens, des Pakistanais et des Marocains», a assuré ce policier qui a refusé de décliner son identité. Par ailleurs, un avion de combat des forces gouvernementales syriennes a été visé hier par un F-16 de l'armée turque dans la province d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie, théâtre de combats, a rapporté l'agence de presse syrienne Sana. Dimanche, la Turquie a annoncé mener une opération militaire dans la région d'Idleb, après avoir subi de lourdes pertes. Plus de 30 militaires turcs ont été tués dans des frappes aériennes attribuées par Ankara à Damas, qui se dit déterminé à reprendre la région d'Idleb.