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Un anniversaire prestigieux et... encombrant
24 FEVRIER 1971
Publié dans L'Expression le 23 - 02 - 2006

«Kararna ta'mime el Mahroukate.» Président Houari Boumediène
C'est par ces mots que le président Boumediene annonçait à la face du monde que l'Algérie, plusieurs fois millénaire, l'Algérie de 1,5 million de martyrs, avait décidé une fois de plus, de prendre son destin en main dans un contexte international dominé par les multinationales du pétrole: «les sette sorele» «les sept soeurs» comme les appelait le seul pétrolier qui fut capable de remettre en cause leur hégémonie.
«Quand la vérité n´est pas libre, la vérité n´est pas vraie», disait Jacques Prévert. Prenons le risque de dire ce que nous croyons être la vérité à partir de faits connus et reconnus. Trente-cinq ans après cet appel prophétique, que reste-t-il à l'Algérie? si ce n'est les yeux pour pleurer. Plusieurs parmi nous étaient sur le front du développement au début de ces années soixante-dix où tout était permis. Pour l'anecdote, nous étions la deuxième promotion du Service national et nous revenions d'un combat de nuit quand on a pu écouter le discours mémorable de El houari. Quelque temps après, dans une Algérie qui était un véritable chantier, on nous affecta au Sud pour prendre la relève des compagnies pétrolières qui avaient décidé d'étouffer la production pétrolière; on nous affecta au barrage vert, l'Algérie voulait créer une ceinture verte de plusieurs kilomètres de profondeur d'ouest en est ; on nous affecta à la transsaharienne pour construire la route de l'Unité africaine ; on nous affecta à l'enseignement pour relever le défi de la réforme de l'enseignement supérieur qui n'a, naturellement, que la parenté du mot avec ce qui se passe à l'éducation ou à l'enseignement supérieur.. Qu'on se le dise, l'Algérie ne s'était pas lancée dans l'aventure du développement en amateur.
«Faste» période
A titre d'exemple, s'agissant de la construction du pays, les Américains, après la terrible crise de 1929, étaient confrontés à un chômage de masse. Le président Franklin Delanoë Roosevelt -un grand président- avait, avec l'aide de l'armée, mis en place une mobilisation sans précédent de la population, notamment des jeunes pour s'occuper des grands travaux. L'Amérique fut un immense chantier et la machine économique fut relancée. Ce n'est pas une utopie puisque même Jacques Chirac a fait appel à l'armée pour encadrer les jeunes des banlieues pour leur apprendre un métier et en prime le civisme. Le Service national, qui constituait la matrice de la nation a été vidé de sa signification. Pour paraphraser Mahfoud Nahnah qui, à sa façon, croyait en la nation algérienne, «Quand un jeune de Tlemcen fait son Service national avec un jeune de Tébessa, de Tamanrasset ou de Tizi Ouzou, implicitement ils délimitent la dimension de la nation: ce désir d'être ensemble, comme l'écrit Renan». Avons-nous été naïfs d'avoir été nationalistes? Avons-nous été utopistes, sachant que seule l'utopie a la chance de se réaliser? Qu'on l'admette ou non, notre base industrielle, et, notamment pétrolière, date de cette époque. Savons-nous que notre capacité de raffinage actuelle de 22 millions de tonnes a été réalisée dans les années 70, de même pour la pétrochimie, la sidérurgie... Nous n'avons rien construit de significatif depuis la mort de Boumediene. Dans les années 80, avec le PAP, et les slogans de type «Pour une vie meilleure», l'Algérien découvrait avec un baril à 40 dollars et un dollar à 10 francs, les plaisirs de la société de consommation. Ce fut la période des fromages emmethal, de l'électroménager par containers. Du point de vue économique, ce fut une véritable obsession: il fallait démanteler tout ce qui a été construit, naturellement sans création de richesse. Avec le contre-choc pétrolier, plus de fromage, les cours furent inférieurs à 10 dollars. Le gouvernement dut s'endetter pour acheter la nourriture. Sur ce terreau de misère et d'impasse politique, arriva octobre 1988 avec pour conséquence une ouverture du champ politique qui ne nous amena pas la paix.
En effet, la décennie 90 fut celle de l'ajustement structurel conjugué à l'interrogation -toujours d'actualité- sur le projet de société pour l'Algérie. La décennie des années 2000, que nous avons entamée largement, est de notre point de vue, après celle de l'espoir d'un aggiornamento politique et culturel celle d'un gouvernement qui fait dans le mimétisme, et dans la destruction des ambitions et des espoirs des Algériens en panne d'espérance, au profit d'une mondialisation-laminoir, et naturellement l'Algérie veut toujours être le bon élève en ne prenant pas de risques calculés dans un environnement politique, où la seule légitimité n'est plus celle du droit international mais celle de la force, à la fois militaire et scientifique.
Nous avons réussi le tour de force en trois décades de régresser dangereusement par rapport à la situation culturelle, économique, sociale. Il est vrai comme l'écrit si bien l'économiste américain Gérard Debreu, que la mondialisation a induit une nouvelle vision du monde et que les combinats construits du temps de la splendeur de l'Union soviétique, ne valent plus rien, mais ils ont un coût ...celui à payer pour leur destruction.
Mutadis mutandis, il nous arrive la même chose, notre tissu industriel ou ce qu'il en reste est en lambeau après le passage du rouleau compresseur de la privatisation sans état d'âme et sans alternative d'un gouvernement qui fait dans le mimétisme et qui ne peut imaginer qu'il y ait de solution spécifique qui pourrait naître du cerveau algérien et non de celui d'un fonctionnaire du FMI.
Pour articuler ce plaidoyer du désespoir à la veille de deux anniversaires, celui de l'UGTA, créée en 1956 par des hommes de la trempe d'Aïssat Idir et, dont les heures de gloire ont contribué à faire connaître la révolution algérienne notamment par le martyre de son fondateur. Il se trouve encore des individus qui nous parlent d'«Œuvre positive»
Dans quel état se trouve le pays maintenant? «L´Algérie du début du vingt-et-unième siècle n´est pas plus démocratique ou réformée qu´elle ne l´était à l´époque du parti unique, le pays ayant même régressé dans plusieurs domaines, à commencer par celui des libertés individuelles». La situation économique du pays, contrairement au matraquage de l'unique, n'est pas brillante, la «bazarisation», l´incurie et la cupidité font que des gens s'enrichissent de leurs passe-droits! Pendant que la sève de ce pays meurt de façon tragique sur des embarcations de fortune au large des côtes algériennes. Non la position de «Harragua» n'est pas un destin pour l'Algérie. La régression sociale, la crise sans fin du logement, le sacrifice de la jeunesse condamnée à «tenir les murs» (les «hittistes») et le retour de «maladies coloniales» disparues, comme la gale ! sont autant de signes du délitement. A bien des égards la génération des diplômés des années 70 et les suivantes furent sacrifiées. Pendant longtemps la seule légitimité était celle de ceux qui ont arraché avec leur sang et pour beaucoup ont payé de leur vie l'indépendance du pays. Le gros problème est que ce gigantesque sacrifice a été récupéré par des fonds de commerce. Nous remarquons depuis quelque temps de nouveaux concepts se développer, notamment celui de la «famille révolutionnaire». C'est à bien des égards une violence qui est faite à cette jeunesse née bien après l'indépendance et qui ne voit toujours pas poindre pour elle un avenir. A titre d'exemple, la loi de finances de 2006 retient pour le budget du ministère des Moudhjahidine une enveloppe équivalente à 8,5% du budget de fonctionnement de l'Etat. Pendant trente-cinq ans, de 1964 à 1997, ce poste n'a jamais dépassé les 4,5% de ce budget. Paradoxalement, l'enseignement supérieur avec plus de quarante universités et centres universitaires, 25.000 enseignants, 50.000 salariés et 850.000 étudiants, dont 80% sont boursiers et plus de 50% logés et nourris presque gratuitement dans deux cents cités universitaires, avec également 15.000 chercheurs travaillant dans plus de 600 laboratoires et centres de recherche, soit un ensemble impressionnant, n'a bénéficié que d'un budget de 85,3 milliards de dinars, soit 25% de moins que celui offert au secteur des moudjahidine. La dépense allouée aux moudjahidine par tête d'habitant dépasse celle de l'enseignement supérieur de 30% et celle de la santé de 57% ! Pourtant, entre 1989 et 2006, le nombre d'étudiants a été multiplié par plus de 4,5 fois et la population algérienne a connu une croissance de plus de 36%.
La question principale qui se pose est de savoir si ce secteur est plus stratégique pour l'avenir de la nation que celui de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique? C'est un problème auquel il faut rapidement trouver une solution. Après la légitimité de ceux qui ont donné leur vie à ce pays, il est temps de passer à d'autres légitimités, celles qui permettront à l'Algérie d'avoir une place aussi modeste soit-elle dans le concert des nations. Comment garder de l'espoir en des jours meilleurs dans ces conditions quand on sait qu'un professeur d'université, c´est-à-dire le sommet de la pyramide en terme de diplômes, part à la retraite avec moins de 20.000 DA, dans un appartement d'un obscur HLM. Il est utopique de demander à ce cadre de former des diplômés performants quand on sait que dans les pays voisins qui n'ont pas la richesse de l'Algérie vouent un véritable respect pour leurs élites, un professeur d'université est payé pratiquement de la même façon que s'il était en France. On l'aura compris, l'universitaire ne pense pas à s'enfuir de son pays qui le devient de moins en moins... On le comprend aisément, la solution du désespoir pour les enseignants est la protestation par la grève même à l'éducation qui est à bien des égards un «trou noir» Une carrière d'enseignant est ce qu'il y a de plus figé. Enseignant, tu débuteras, enseignant tu finiras. Aucune perspective. Aucune évolution. Et à la clé une maigre pension... et des maladies professionnelles à la pelle! Par ailleurs, Les tentatives d'émigration clandestine à partir des plages du littoral de l'Ouest algérien ont atteint depuis quelque temps, une fréquence des plus inquiétantes. Ainsi, on apprend qu'un nouveau groupe de dix jeunes harraga ont été secourus de justesse au large des côtes d'Arzew par un méthanier algérien. Le 28 janvier dernier, neuf jeunes harraga, candidats à l'émigration clandestine, ont été portés disparus. En définitive, malgré une conjoncture pétrolière favorable et un important matelas de devises (plus de 100 milliards de dollars), l'Algérie éprouve encore toutes les peines du monde à faire redémarrer son économie et à garantir la paix sociale. Le discours triomphal du gouvernement sur la reprise de la croissance, la consolidation du pouvoir d'achat et la réduction du taux de chômage est régulièrement battu en brèche par les contestations des citoyens à travers le pays. Il nous faut un nouveau souffle, deux secteurs paraissent dans tous les cas prioritaires pour l'avenir du pays. D'abord la formation des hommes qui demande une véritable refondation aussi bien dans l'éducation que dans le secteur de l'enseignement supérieur et même dans la formation professionnelle le parent pauvre du système. Pour ce faire, la plus haute autorité du pays, -en dernier recours, le seul arbitre- devra, toutes affaires cessantes, réhabiliter le statut des enseignants en mettant à plat une bonne fois pour toutes l'architecture de la Fonction publique «newlook», où la philosophie du diplôme et de la titularisation ne suffiront plus et où la rentabilité permettra de discriminer entre les rentiers et ceux qui créent constamment, qui innovent et qui sont performants. Alors, on pourra demander aux enseignants de donner la pleine mesure de leur talent. Il est évident que les augmentations de salaire linéaire et de loin justifiées et légitimes, doivent correspondre d'abord à un recadrage de la position de l'enseignant dans l'échelle des valeurs.
Une politique de l'énergie
Le deuxième dossier et non des moindres est celui de la dépendance à 98% des hydrocarbures. Avons-nous un modèle de développement énergétique? Je ne le crois pas. En ces temps d'anniversaire, la loi sur les hydrocarbures présente des dangers qu'il ne faut pas se cacher. Nous pourrons les conjurer si on sait où on va. Quelles sont les priorités d'une véritable politique de l'énergie? La première priorité, le croyons-nous, est la maîtrise de l'énergie. Nous gaspillons près de 30% de l'énergie. Quel est l'enjeu ? Il s'agit non pas de rechercher l'inaccessible, mais, là encore, d'être très concret: pour y parvenir, nous devrons mobiliser toutes les politiques publiques. Une grande campagne de sensibilisation sur ce sujet est nécessaire. L'ENTV qui nous assomme avec des spots publicitaires et des émissions soporifiques devrait diffuser d'une façon permanente des spots sur la maîtrise de l'énergie. Il convient d'opérer une véritable rééducation en la matière. Il faut ensuite s'adresser aux acteurs qui recèlent de vrais gisements d'économie d'énergie; c'est notamment le cas du bâtiment: l'objectif est d'abaisser de 10% les seuils de la réglementation thermique,
Les énergies renouvelables sont un appoint aux énergies classiques. Ces énergies sont réellement importantes pour l'environnement et pour l'emploi. Il s'agit d'accroître d'ici à 2015 les énergies renouvelables qui produisent de la chaleur, c'est-à-dire le bois, les déchets et le solaire. Encourager le développement de tous les biocarburants. Là encore, il s'agit non pas d'idéologie, mais de faits..
Nous n'avons pas de politique concernant les carburants. Il nous faut impérativement recourir à de nouvelles technologies. Les nouvelles technologies de l'énergie doivent devenir des priorités de notre politique de recherche. Notre politique nationale devra être claire et assumée par le plus grand nombre : maîtrise de l'énergie, développement des énergies renouvelables. Consommer moins et mieux l'énergie. Des mesures fortes de sobriété énergétique, d'efficacité et d'économie d'énergie doivent être engagées. Ni fatalité ni dérèglement catastrophique du climat: une autre politique énergétique est possible!
En définitive, la seule énergie de ce pays est cette jeunesse exhubérante qui tente tant bien que mal de s'adapter d'une façon intelligente, qu'il nous faut écouter et accompagner et à qui il ne faut pas offrir pour paraphraser Mao Ze Dong, un poisson mais à qui il faut apprendre à pêcher non pas avec des CDD sans lendemain mais en donnant les instruments pour créer de la richesse et innover. Le jour où l'on tarira l'économie de bazar et du container, le jour où on importera des composants électroniques, des pièces mécaniques, des produits chimiques, en remplacement des gadgets, des fromages étrangers, ce jour-là, à l'exemple de l'Inde, nous miserons sur le neurone et nos interrogations actuelles ne seront plus qu'un mauvais souvenir. Incha'Allah.


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