Le procès en appel des hauts responsables poursuivis dans le dossier du montage automobile et le financement « illicite » de la campagne présidentielle d'avril 2019 se poursuit, à la cour d'Alger. Hier, c'était au tour des avocats des hommes d'affaires Ali Haddad, Lamraoui Hassane et ceux des deux ex-ministres Bedda Mahdjoub et Youcef Yousfi de passer à la barre pour réclamer l'acquittement de leurs clients dans cette affaire, pour absence de «preuves tangibles les incriminant». L'avocat de l'homme d'affaires Ali Haddad, Me Rahmouni a insisté dans sa plaidoirie sur les conditions de détention et de la constitution du dossier de son client, où il a mis en avant «le non-respect» des procédures légales, lors de la constitution du dossier de Ali Haddad. À commencer par «les déclarations qui lui ont été attribuées» et qui n'ont «jamais été faites» par le prévenu, jusqu'à son interrogation par des officiers de la police judiciaire à la prison d'El Harrach «sans mandat ni autorisation du juge d'instruction», ce qui est en contradiction avec la loi, déclare son avocat devant la cour. Pour ce qui est du financement «illicite» de la campagne de Bouteflika, l'avocat de Ali Haddad affirme que son client «n'a participé ni de près ni de loin à la campagne de Bouteflika». Pour preuve, il cite la liste nominative des personnes ayant contribué au financement de cette campagne où figurent les noms de Ahmed Mazouz qui a émis un chèque de 39 milliards de centimes, Mohamed Baïri et ses 20 milliards de centimes, Metidji avec une somme de 10 milliards de centimes et Benhamadi qui a offert un montant de 5 milliards de centimes. «Le nom de Ali Haddad n'y figure pas, mais il a été quand même poursuivi dans ce dossier», résume, Me. Rahmouni. Selon son avocat, les hommes d'affaires en question ont été instruits dans deux chambres différentes dans le même tribunal et ils ont obtenu le non-lieu dans la première conformément à la loi, dans le même cas que celui de Ali Haddad. «Mais cette loi ne lui a pas été appliquée, ce qui nous mène à nous interroger sur l'égalité des citoyens devant la justice», se demande son avocat. Pour ce qui est des charges retenues à l'encontre de son client par le ministère public et liées aux financements «illicites» de partis politiques, la défense avance que Bouteflika était candidat à la candidature sous la coupe du candidat «indépendant» et son dossier n'a jamais été «étudié ni validé», par le Conseil constitutionnel. Revenant sur l'affaire du chèque qui lui a été remis par l'homme d'affaires Ahmed Mazouz au «nom de la campagne de Bouteflika», les avocats de Mazouz ont reconnu l'existence de ce document et affirment dans ce sens que «Ahmed Mazouz a bel et bien remis un chèque de 39 milliards de centimes à Ali Haddad», mais la question que posent les avocats est la suivante : «Est-ce que cet acte est puni dans la loi ?» La réponse est «non». «La loi interdit le financement secret d'un parti et dans le cas actuel, on parle d'un chèque bancaire qui est traçable», explique son avocat, avant d'ajouter que l'homme d'affaires Ahmed Mazouz a participé au financement de la campagne de Bouteflika par «conviction» et n'a occupé aucun poste de responsabilité pour qu'on lui applique des articles de lois qui concernent uniquement les fonctionnaires de l'Etat. Dans l'après-midi, c'était au tour des avocats des deux ex-ministres de l'Industrie Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi de plaider l'innocence de leurs clients et charger Ahmed Ouyahia qui était le premier responsable de la politique du gouvernement à cette époque. Ils demanderont l'acquittement des prévenus dans cette affaire pour la simple raison que ces derniers n'ont fait qu'appliquer la politique du gouvernement.