Après avoir évoqué le volet politique du procès de l'affaire du montage automobile et du financement de la campagne électorale pour le 5e mandat avorté de Bouteflika, la défense s'est employée à déconstruire les accusations portées contre leurs mandants. Les avocats d'Ali Haddad, ex-président du FCE et patron de l'ETRHB, ont dénoncé "un acharnement" contre le prévenu. Me Amar Zaïdi, membre du collectif de défense d'Ali Haddad, a passé en revue "les vices de forme" et "une instruction exclusivement à charge" menée "sciemment" et dans "le but de régler des comptes" avec son mandant. "On ne peut se suffire de punir les gens sans une justice équitable", a-t-il dit, considérant qu'Ali Haddad "est victime d'un acharnement judiciaire", précédé, a-t-il rappelé, "d'un lynchage médiatique". Me Zaïdi a précisé que le patron de l'ETRHB est poursuivi "dans trois affaires avec les mêmes chefs d'accusation, à savoir la participation au financement de la campagne électorale du 5e mandat de Bouteflika". "Cela est contraire à la loi", s'est-il emporté, estimant que même la condamnation de Haddad en première instance à 7 ans de prison ferme "est une autre preuve de cet acharnement". Il a relevé, par ailleurs, que son mandant est condamné à verser quelque 200 milliards de centimes, "par solidarité avec les autres accusés", aux parties civiles constituées dans le dossier de l'automobile, "alors qu'il n'est concerné ni de près ni de loin par cette affaire". "C'est un test pour vous et pour la justice", a-t-il dit au juge, ajoutant que le dossier d'Ali Haddad "est vide" et que sa condamnation en première instance "a obéi à un traitement sélectif et à une violation de la loi". Me Zaïdi en veut pour preuve "la déformation par la presse des propos tenus par Haddad devant le juge de la première instance". "Toute cette cabale a été montée dans le but de charger encore un peu plus l'accusé, alors que la loi est claire", a-t-il dit, annonçant qu'aucune preuve "n'est présentée pour condamner Haddad". "Je défie quiconque d'apporter la preuve de la culpabilité d'Ali Haddad dans ce dossier", a-t-il lancé. Me Allag Kamel et Me Khaled Bourayou, autres avocats de Haddad, ont abondé dans le même sens. "La condamnation de Haddad en première instance à travers une parodie de procès est une tache noire dans l'histoire de la justice", a dit Me Allag. Même réaction de la part des avocats d'Ahmed Mazouz qui ont considéré que l'apport de leur mandant à la campagne électorale "ne peut être qualifié de tentative de blanchiment d'argent", puisqu'il a remis "un chèque en son nom à la direction de campagne de Bouteflika". Les deux avocats ont déconstruit l'accusation selon laquelle "Abdelaziz Bouteflika s'était présenté au nom d'un parti". "La loi condamne le financement de partis politiques, mais n'évoque, en aucun cas, la participation à une campagne d'un candidat indépendant à une élection présidentielle", ont-ils justifié. Les avocats de Mahdjoub Bedda et de Youcef Yousfi ont également démontré les multiples "vices de forme" dans la procédure. "Un ministre est une autorité politique, et l'administration est gérée par d'autres responsables", ont-ils ainsi justifié l'innocence de leurs mandants. Les avocats des deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal devraient intervenir en début de soirée si le juge venait à décider de boucler les plaidoiries.